Quelques éléments de réflexion sur l’environnement et les mesures à prendre



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Par Dr Bachir Chara
L’environnement se définit comme l’ensemble des conditions naturelles et culturelles susceptibles d’agir sur les organismes vivants et les activités humaines. Dans un milieu naturel, où ne s’exerce aucune activité anthropique, les organismes vivants (animaux et végétaux) vivent dans une symbiose où chaque organisme trouve les éléments nécessaires à son développement et sa multiplicité, ce qui assure un certain équilibre biotique, qui évite toute prolifération, pouvant engendrer des catastrophes naturelles et ou des épidémies.
La vie sur terre a été rendue possible grâce à la disponibilité de l’eau qui représente 70% du corps humain et 80 à 85% des organismes végétaux. C’est l’eau qui véhicule les nutriments indispensables à la vie et la croissance de tous les organes et les cellules qui les constituent. Le règne animal a besoin d’oxygène pour exister ; comme c’est le cas également chez les végétaux qui ont besoin de gaz carbonique pour s’épanouir.
La complémentarité qui existe entre les éléments de la nature pourrait se résumer en la production d’oxygène par le couvert végétal et son utilisation par tout le règne animal et en retour les plantes bénéficient du gaz carbonique expiré par les animaux et/ou contenu dans leurs fientes ; toutefois, cette complémentarité obéit à un certain équilibre. Toute perturbation du milieu naturel et/ou un déséquilibre entre les deux composantes du milieu se traduiraient par un dysfonctionnement biotique qui perturbe l’environnement global.
Compte tenu du fait que la biomasse végétale pourrait se maintenir en équilibre et même augmenter d’une manière appréciable, si elle ne subit pas une pression anthropique (pression humaine) quelconque ; les populations humaines et animales subissent des évolutions parfois galopantes dictées par les besoins humains. Ce sont ces derniers qui créent des déséquilibres dans l’environnement, qui sont souvent à l’origine des catastrophes environnementales et qui ne font que s’accentuer d’année en année. Les éléments les plus prépondérants dans ce déséquilibre sont : la démographie galopante (le monde compte au 1er janvier 2019 une population avoisinant les 7,7 milliards de personnes) ; le défrichement des forêts pour  l’agriculture vivrière et industrielle ; l’augmentation du cheptel animal pour la production des viandes destinées à la consommation humaine ; les feux de forêt  (d’origine criminelle pour libérer des surfaces à bâtir) ; l’exploitation minière (mines aurifères, de diamants, autres métaux précieux et minerais) ; le développement industriel ; la production d’énergie avec des combustibles fossiles, très riches en oxyde ou monoxyde de carbone (charbon, pétrole et gaz) ; les activités de bien-être (climatisation, aviation, parc automobile), les activités ferroviaires et autres. Tous ces éléments ont un impact très défavorable sur l’environnement. 
Les CFC (chlorofluorocarbure) ont, avant qu’on ne s’aperçoive, fragilisé la couche d’ozone, qui protège la planète Terre du rayonnement solaire, en filtrant les ultraviolets, qui peuvent être à l’origine de certaines maladies, notamment les cancers de la peau. De plus, l’excès de rayonnement provoque le réchauffement de la planète Terre qui est à l’origine des changements climatiques. 
Les dernières études du Groupe intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) prévoient une augmentation des températures de 3°C d’ici la fin du siècle en cours. Cela engendrera la fusion des calottes glaciaires et de la banquise. Cette eau va se déverser dans les océans, dont le niveau augmentera de manière considérable, ce qui engendrera la disparition pure et simple de nombreux territoires se trouvant à l’intérieur et à proximité des mers. L’augmentation des températures va également être suivie par des sécheresses parfois prolongées, qui toucheront particulièrement l’Afrique du Nord et les pays du Sahel ; les ouragans vont devenir de plus en plus fréquents et d’une violence extrême. L’augmentation des températures et la sécheresse ont provoqué, durant les dernières années et surtout celle de 2019 et le début de l’année en cours, des incendies majeurs qui ont détruit : en Europe, 430 000 hectares de forêt partis en fumée durant l’année 2018 et les quatre premiers mois de 2019. Durant l’année 2018, la Californie (États-Unis) a été le théâtre d’un brasier qui a consumé 1,8 million d’hectares. L’année 2019 a été la plus catastrophique en matière de feux de forêt  ; en effet, l’Amazonie (Brésil, Pérou, Bolivie et Paraguay) a connu un été très chaud avec 906 000 hectares partis en fumée. Que dire de l’Australie où les forêts ont brûlé, provoquant une catastrophe jamais vue de mémoire d’homme, avec environ 10,7 millions d’hectares ravagés par les flammes (journal le Monde) durant le dernier trimestre 2019 et le début de l’année 2020. À cette allure, les spécialistes estiment que l’augmentation de la température va dépasser le prévisions du GIEC et atteindre 5°C d’ici la fin du siècle en cours. On est en phase d’entrer dans un cercle infernal,  à savoir l’augmentation de la température, diminution des précipitations (sécheresse), feux de forêt de plus en plus importants, fusion des calottes glaciaires et de la banquise, disparition de territoires qui seront engloutis par les mers et un exode des populations (réfugiés climatiques). Une telle éventualité est très envisageable dans les prochaines décennies, si aucune mesure n’est prise par les politiques pour arrêter cette dégradation rapide des poumons de l’humanité, que représentent les forêts primaires. Déjà les millions d’hectares brûlés au cours des deux dernières années et les chiffres ne sont pas exhaustifs, du fait qu’ils n’englobent pas d’autres espaces brûlés ou défrichés en Afrique du Nord, en Afrique subsaharienne où on pratique les feux de brousse et en Asie. En plus des pertes humaines, animales et matérielles (destruction de maisons) et les déplacements de populations, des quantités énormes de gaz carboniques sont libérées dans l’atmosphère, ce qui aggravera davantage la détérioration du climat. À titre d’exemple, en 2018, les services géologiques des États-Unis ont estimé à 68 millions de tonnes de CO2 dégagées dans l’atmosphère par les seuls États-Unis. Qu’en est-il en 2019, année qui a connu 6 fois plus de forêts brûlées, sans les émanations de carbone provenant des tissus industriels américain, chinois, indien, russe, japonais, européen et d’autres pays encore ? Les gaz torchés des puits de pétrole et de gaz participent également au réchauffement climatique et aux incidences qui en découlent. La réinjection de ces gaz contribuerait à la réduction de l’incidence négative sur le climat et préserverait des quantités non négligeables de cette source d’énergie.
Sur le plan climatique, la politique algérienne doit s’inscrire en droite ligne avec les recommandations du GIEC, en matière de réduction de l’émanation des gaz à effet de serre, dans le cadre d’un développement durable, basé sur «une réponse aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures à satisfaire les leurs» (Brundtland, 1988). En d’autres termes, le développement durable doit se baser sur «une double solidarité : horizontale à l’égard des plus démunis du moment, et verticale, entre les générations» (Marechal, 2001)
Pour ce faire, la protection des ressources naturelles doit constituer le cheval de bataille des politiciens algériens, sans verser, bien-entendu,dans les excès. L’exploitation programmée du gaz de schiste, quelle que soit son importance économique, ne doit en aucune manière hypothéquer les ressources d’eau de la nappe albienne du Sahara algérien, qui constituera, dans un proche avenir, une ressource inestimable pour l’alimentation en eau potable des générations futures. Sa pollution, par les produits utilisés dans la fracturation hydraulique, serait très probable en cas d’une intense activité de recherche des gîtes pétroliers et gaziers ; cela d’autant plus qu’avec la nouvelle loi sur les hydrocarbures, le champ est libre pour les multinationales d’engager des recherches tous azimuts. Le développement des énergies renouvelables s’impose comme une nécessité, pour faire face aux besoins internes du pays en matière d’énergie, d’autant plus que les ressources gazières traditionnelles sont en cours d’épuisement et celles pouvant provenir des gaz de schiste sont hypothétiques. Le territoire algérien, notamment dans sa partie sud, offre d’excellentes conditions pour le développement de l’énergie solaire. Une remise en surface du projet Desertec est plus que souhaitable et devra viser la production d’au moins 40 à 60 000 mégawatts.
L’énergie atomique est une technologie en phase d’être abandonnée partout dans le monde et ne doit nullement constituer une alternative pour la production de l’électricité en Algérie, sachant qu’une centrale nucléaire pour la production d’électricité nécessite des quantités énormes d’eau pour le refroidissement des réacteurs, qui ne peuvent être trouvées qu’en bord de mer. L’installation de centrales nucléaires sur les côtes méditerranéennes algériennes, régions les plus peuplées du pays, mettrait ces populations en danger et hypothéquerait l’avenir d’un secteur-clé pour l’économie algérienne, qui pourrait être le tourisme des plages.
L’énergie éolienne constitue également un secteur à exploiter notamment au niveau des Hauts-Plateaux, fréquemment soumis à des vents de moyenne à forte intensité. Des parcs d’éoliennes implantés  dans ces régions, loin des agglomérations,  sont souhaitables.
La biomasse est un autre créneau pour la production d’électricité, particulièrement  à travers l’exploitation raisonnée des décharges publiques. Des centres d’enfouissement des déchets ménagers doivent être développés à travers tout le territoire national, pour éliminer les décharges sauvages, et les exploiter à des fins économiques, tout en réduisant la pollution et en améliorant le cadre de vie.
Les autres créneaux à développer se rapportent au renforcement des puits de carbone, par le reboisement des bassins versants des barrages et autres terrains marginaux, le renforcement des forêts ayant subi  des incendies durant la décennie noire et leur entretien (création de tranchés pare-feu) ainsi que la protection et l’élargissement du barrage vert. 
Les essences forestières à privilégier dans ces plantations doivent être les espèces indigènes bien adaptées au milieu et non des introductions de plants, provenant d’autres régions, comme cela a été le cas, ces dernières années, avec la plantation, dans les principales villes du nord du pays, de palmier dattier, ce qui d’ailleurs n’a pas donné les résultats escomptés.
Il aurait été préférable de planter des pins à pignons, des pins parasols et pins maritimes entre autres, qui développent un important volume de feuillage, dégagent une très bonne odeur et sont bien adaptées à l’environnement marin. L’objectif à rechercher est d’arriver à une couverture végétale s’étendant sur au moins 20% des territoires du nord et des Hauts-Plateaux. De tels travaux auront un impact favorable sur l’environnement, par la création de microclimats et la réduction, voire l’élimination de l’érosion et l’envasement des barrages. L’augmentation des capacités de stockage des eaux de pluie sera à l’avenir indispensable pour faire face aux périodes de sécheresse qui risquent d’être longues.
L’insalubrité de notre environnement par les sachets et autres produits en plastique qui jonchent tous les espaces publics, zones humides et la mer, nous impose une réaction active et rapide pour éliminer ces déchets non dégradables qui sont à l’origine de nombreux problèmes écologiques et environnementaux tels que leur consommation par certains animaux terrestres et marins conduisant parfois jusqu’à leur mortalité. Des mesures législatives interdisant leur fabrication, leur commercialisation et leur utilisation dans les commerces s’avèrent urgentes. Le remplacement de ces matériaux  par des produits écologiques est possible, comme les couffins, les sachets en papier kraft ou d’autres produits biodégradables pour les sachets et un retour au verre pour les bouteilles est indispensable. Les artisans et les industriels qui fabriquent ces produits doivent se reconvertir pour mettre sur le marché des biens de consommation biodégradables et/ou recyclables. 
Les cimenteries représentent un grand problème pour l’environnement, particulièrement pour les exploitations agricoles et la santé humaine. Les poussières qui se dégagent des cheminées de ces centrales couvrent la surface foliaire des plantes empêchant ainsi la photosynthèse de se faire correctement ce qui se traduit par le dépérissement des arbres et des niveaux de production relativement faibles des plantes potagères et fourragères. Pour ce qui est de la santé des riverains, cela se manifeste par des problèmes respiratoires (asthme) et même parfois par des pathologies plus graves telles que les cancers. Pour protéger le patrimoine agricole et la santé des populations des mesures juridiques et industrielles doivent être prises afin de trouver des solutions à ces problèmes. La première des choses et que les législateurs doivent réglementer le fonctionnement des cimenteries et de toutes les industries polluantes et aux industriels de prendre les mesures nécessaires à l’élimination des polluants. Dans le cas des cimenteries, la dotation des cheminées   de  filtres s’avère être la première action à réaliser. 
Les déchets hospitaliers doivent constituer également une préoccupation des pouvoirs publics du fait qu’ils se retrouvent très souvent dans les décharges publiques et représentent de ce fait un danger pour les exploitants de ces déchèteries et la pollution de la nappe phréatique. Leur destruction dans des incinérateurs, placés dans les hôpitaux ou chez le privé est primordiale.
Le problème des PCB (polychlorobiphénile), produits cancérigènes, antérieurement utilisés dans les transformateurs électriques de Sonelgaz et qui se trouvent, après leur déclassement, parqués dans plusieurs endroits du territoire national, parfois sans protection, constituant un danger permanent pour les populations riveraines de ces dépôts. D’ailleurs, durant la décennie noire, certains gardes communaux, qui assuraient la surveillance de certains dépôts, sans qu’ils soient avertis de la dangerosité de ces PCB, déversés parterre, ont payé un lourd tribut, car atteints de maladies incurables. La destruction de ces PCB dans des incinérateurs appropriés est plus qu’urgente. 
L’industrie de l’environnement a également un rôle à jouer dans la préservation du cadre de vie des citoyens. Le tri des ordures ménagères pour soustraire les éléments solides, s’ils ont un intérêt industriel certains, leur élimination des décharges est encore plus profitable pour les populations riveraines. 
En effet, la combustion du plastique au niveau des déchèteries produirait des substances hautement toxiques et cancérigènes, à l’instar des  dioxines qui appartiennent à un groupe de composés chimiquement apparentés, qui sont des polluants organiques persistants dans l’environnement ; elles s’accumulent dans les chaînes alimentaires, principalement dans les graisses animales. Leur toxicité les classe parmi les composés chimiques les plus dangereux, car elles peuvent provoquer des problèmes de procréation, de développement, de fragilisation du système immunitaire, de déséquilibre hormonal et être la cause de maladies cancéreuses. 
La mise en place de centres de tri en amont des déchèteries pour récupérer ces matériaux et l’encouragement à la création de PME pour leur recyclage sont souhaitables. 
Les pays occidentaux s’adonnent, depuis un certain temps, à des pratiques condamnables en matière de pollution. En effet, pour préserver leur environnement, ces pays utilisent tous les moyens pour se débarrasser des matières polluantes, produites par leurs industries. De natures diverses (solides ou liquides), ces déchets, parfois très dangereux (produits chimiques, déchets pétroliers, produits radioactifs), non recyclables et dont la destruction demande énormément de capitaux, sont soit acheminés vers des pays peu regardants sur les questions d’environnement ou dont certains nationaux entretiennent des relations complices avec les industriels occidentaux, et les aident, moyennant des commissions juteuses, à déverser leurs détritus soit en pleine nature sans se soucier de leur incidence sur l’environnement et la santé des populations autochtones, soit en pleine mer dans les zones territoriales d’autres pays. En outre des conteneurs pleins de déchets peuvent être débarqués dans les ports, comme contenant des marchandises, et abandonnés sans que personne les réclame par la suite. 
Cet état de fait impose une vigilance extrême de la part des services des Douanes algériennes, aidés par les inspecteurs de l’environnement, pour intercepter toute cargaison douteuse et la renvoyer au pays expéditeur. 
Des scanners de conteneurs sont nécessaires dans les ports à forte activité commerciale pour une inspection rapide des contenants. Toutes ces activités participeraient à l’amélioration du cadre de vie du citoyen, le préserveraient des maladies parfois graves et contribueraient à la limitation de l’impact qu’ont certains éléments sur les changements climatiques. 
B. C.

 

 


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