Les multiples visages des groupe de pression



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La «gouvernance» de l’Algérie, depuis son accession à l’indépendance, n’a jamais été la seule affaire des institutions, ni même des Constitutions revisitées bien que sur le papier on a eu, comme dans tous les pays du monde, des textes de loi et une architecture politico-administrative fonctionnelle adaptés à la nature du régime en place.

Elle a dépendu aussi et plutôt d’une «hyper-structure» parallèle qui a constitué pour elle une sorte de caution morale et agissante, et dans laquelle la représentativité du Sérail dans sa diversité est partie prenante. On a toujours affublé ces centres névralgiques du vrai pouvoir comme le nomment les politologues avisés à travers sa dimension verticale et horizontale, d’une certification «démocratique» alors que dans la réalité de la conduite du pays, la prise de décision suprême et stratégique a relevé d’une hiérarchie concentrique elle même articulée autour d’un «noyau dur» sur lequel s’appuie le chef de l’Etat élu généralement au suffrage universel.

Des centres de décisions dans lesquels se retrouve, par un système de cooptation, le gratin des hauts dirigeants politiques ou responsables supérieurs ayant une vision oblique sur la singularité du Pouvoir, et sûrement la même conception quant à son exercice.

Ces sphères qui sont très sélectives, autrement dit qui ne s’ouvrent pas à n’importe qui, ne sont pas, à proprement parler, dans l’illégitimité constitutionnelle ou institutionnelle, mais elles ont , chez nous, cette spécificité d’être invisibles, voire non transparentes,ce qui leur procure une certaine ascendance sur le réel et bien entendu une influence qui frappe surtout l’imaginaire.

A titre d’exemple, on a eu un patron (c’est le terme exact) des services de renseignements, le fameux DRS aujourd’hui complètement démembré et restructuré, qui a fait trembler la société entière en restant pendant une vingtaine d’années dans l’anonymat le plus complet. Les algériens ne l’ont jamais vu en public, mais entendaient parler surtout de sa puissance et de ses incroyables capacités à faire et défaire le monde sans jamais rendre des comptes à personne.

Ce n’est pas pour rien qu’on l’appelait Rab Dzaïr (le Dieu d’Algérie) à force de voir, comme une toile d’araignée, son emprise hégémonique sur la société et sa mainmise sur les principaux appareils de répression, sa force de frappe qui lui permettait de régner dans un climat de terreur perpétuel. Derrière le rideau, ce personnage qui a fasciné par sa discrétion au point d’exercer un véritable magnétisme sur l’opinion, aura été le parfait spécimen du dirigeant «fantôme» qui possédait des pouvoirs immenses et exécutoires en ayant simplement l’intelligence de savoir cultiver le culte du secret.

Personnage de l’ombre qui se retrouva en prison après l’avènement du hirak, il a longtemps incarné la «carte d’identité» des pontes algériens indécelables ayant réussi à pénétrer le sacré noyau dur lesquels,sans être aussi puissants et aussi emblématiques, se sont appropriés en raison de leur influence, à l’intérieure et à l’extérieure du cercle, la paternité du vocable a résonance très éloquente «les décideurs».

Ce sont donc, depuis des années, ces hommes de l’ombre qui ont contrôlé en aval la gouvernance étatique et qui ont perpétué une tradition doctrinale encore entreprenante à ce jour. Si cependant, en apparence la sphère décisionnelle paraît compacte et solidaire, elle n’est pas si soudée comme on pourrait l’imaginer en raison des ambitions personnelles, des conflits d’intérêts, et des positionnements hiérarchiques qui ont tendance à émerger quand les enjeux prennent une autre tournure.

En fait, c’est le Pouvoir dans son attraction subliminale qui crée les dissensions et qui par conséquent provoque des fractures et donne naissance à ce qu’on a pris l’habitude d’appeler la lutte des clans. Cela arrive quand le contrat consensuel est rompu. Parce qu’elles sortent de la ligne à suivre, ce sont généralement les fractions qui sont surclassées au niveau des sphères de décision qui versent dans l’intrigue et la «complotite» en axant leur travail de sape contre ceux qui occupent la position régnante.

Ainsi, pas un seul groupe dominant n’a pu éviter les manigances d’un ou parfois de plusieurs clans adverses lorsque les plans et les intérêts de ces derniers sont menacés. Orchestrées pour miner le programme officiel , ces «diableries» sont très préjudiciables à la politique d’équilibre et de stabilité imprégnée au pays; plus elles déstabilisent les fondements du système appliqué par les hommes forts du moment, et plus elles redoublent de férocité pour constituer une force souterraine avec laquelle il faut composer.

Il faut dire que mener frontalement une lutte contre ces groupes de pression invisibles mais terriblement actifs et très efficaces dans leurs actions de nuisance et de pollution relève de la gageure. Car dans leur grande majorité, les éléments qui les animent ont un double et même un triple visage. Pour dire simple, ils sont dans la même équipe mais font tout pour la faire perdre.

Plus explicite encore, Ils vous donnent l’impression d’être dans le même bateau alors qu’ils font tout pour couler ce dernier en ne laissant pratiquement pas de traces.

Mais la particularité de cette énigmatique «boîte noire» comme l’a qualifiée l’ancien officier du DRS, Hichem Aboud, aujourd’hui passé dans l’opposition, cellule de réflexion et de cogitation subversive d’où partent toutes les manoeuvres programmées pour ébranler les certitudes des adversaires mis dans le collimateur c’est qu’elle possède des ramifications dans tous les rouages de l’Etat, une chaîne de nuisance qui a ses «soldats» prêts pour appliquer les consignes corrosives.

Cette chaîne a pénétré les institutions, les administrations, la justice, les partis politiques,la presse…Son rôle c’est d’exercer un pouvoir parallèle à celui qui est en place et contre lequel elle mène une implacable guerre de position sans se soucier des dégâts collatéraux provoqués à l’activité sociale et économique.

Dans une lettre adressée au chef de l’Etat du fond de sa prison, Ali Guediri, l’ancien candidat à la présidentielle, a résumé en ces termes la profondeur de sa puissance : «Il est loisible aux maîtres du moment d’instrumentaliser les institutions et les organismes de l’État et d’en soumettre le fonctionnement à leur seul bon vouloir.» C’est tout dit.


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