Salim Dada. Secrétaire d’État chargé de la production culturelle

«Nous avons besoin de replacer la culture dans l’espace public»



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A la fois musicien, compositeur musicologue et chef d’orchestre, Salim Dada a été nommé en janvier dernier secrétaire d’Etat chargé de la production culturelle. Dans cet entretien exclusif, il nous déroule quelques points importants de sa feuille de route.

Propos recueillis par  Nacima Chabani

 

-Depuis votre nomination en qualité de secrétaire d’Etat chargé de la production culturelle, vous vous attelez à dérouler votre plan d’action, basé sur quatre axes principaux. Pouvez-vous revenir sur ces lourds contenus ?

Effectivement, depuis le 2 janvier 2020, date de ma nomination en tant que membre du gouvernement, j’ai tenu à concrétiser la volonté de travailler d’arrache-pied afin de permettre au secteur de la culture en Algérie de rayonner autour de la créativité, la modernité et l’excellence, tout en consolidant son ancrage traditionnel et ses valeurs ancestrales portées par les fondements de l’identité nationale commune. De ce fait, nous avons d’une part la Constitution et les textes de loi comme ancrage référentiel et réglementaire qu’il nous faut respecter, adopter et appliquer selon les différents contextes socioculturels qui se présentent, d’autre part, le plan d’action du gouvernement validé par le Parlement en février dernier et pour lequel on s’est engagés et nous sommes tenus par l’obligation de résultats.

Comme vous l’avez dit, notre stratégie de production culturelle est basée sur quatre leviers fondamentaux :

1. Améliorer le niveau et la situation législative du «producteur culturel» du point de vue de la législation, la formation, la condition professionnelle, le statut social et le droit moral ;
2. rehausser la qualité du «producteur culturel» sur le plan intellectuel, artistique et éthique tout en encourageant la créativité et en soutenant le professionnalisme ;
3. raffiner le goût artistique à travers l’éducation culturelle et procurer le plaisir intellectuel à travers l’exploitation, la distribution et la promotion du producteur et du produit culturels ;
4. reconsidérer le cadre législatif, administratif et structurel qui entrave l’épanouissement de notre «production culturelle».

Je suis donc intéressé par la promotion de la diversité des expressions culturelles, à l’ouverture du marché d’art et l’amélioration des échanges commerciaux culturels en s’adaptant à l’environnement numérique et en contribuant à promouvoir le producteur culturel national et à exporter son produit et l’impliquer dans la diplomatie culturelle et l’investir dans les relations commerciales extérieures.

-Justement, qu’en est-il de votre approche dans le Plan d’action du gouvernement ?

Je suis fier et honoré d’avoir participé à l’élaboration du Plan d’action du gouvernement, comme les autres membres du gouvernement et avec mes collègues du secteur, la ministre de la Culture Mme Malika Bendouda et le secrétaire d’État chargé de l’industrie cinématographique M. Youcef Shaïri. Notre approche de la politique culturelle ici est différente aux plans d’actions des gouvernements de 2014, 2017 ; il y a une volonté politique d’élargir l’action culturelle au-delà des questions de préservation, protection et promotion du patrimoine culturel national et des éléments identitaires, on est dans une nouvelle gouvernance de l’Etat. Si vous lisez la page 40 du PAG 2020, qui est la mise en œuvre du programme électoral du président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, vous pouvez lire : «Le plan d’action du gouvernement reposera sur une démarche visant à soutenir et à accompagner la création artistique et l’entreprenariat culturel, à travers la mise à disposition au profit des artistes et des créateurs, d’espaces dédiés dans les friches industrielles et dans les espaces libres.

Il œuvrera à valoriser le métier d’artiste et de tous les acteurs de la culture et à promouvoir leur rôle et leurs statuts sociaux. Dans ce cadre, il s’engage à rentabiliser et à optimiser toutes les potentialités du réseau d’infrastructures liées à la diffusion culturelle : salles de spectacles, théâtres, salles de cinémas, musées, etc. Le gouvernement veillera aussi à soutenir et à consolider les initiatives lancées par les jeunes artistes, à travers des dispositifs d’accompagnement et de promotion de leur création, à assurer la défense des droits d’auteurs et des droits voisins et à lutter contre le piratage des œuvres artistiques.».

C’est exactement ce que je défends et j’appelle depuis des années à travers une implication artistique, intellectuelle et didactique ; une politique culturelle qui met l’élément humain contemporain et citoyen au cœur du processus de la création et la production culturelle, qui libère son action et permette son épanouissement moral, social et professionnel. Ce qui est décliné dans les quatre axes de mon programme, cités dans la première réponse.

-Justement, par rapport à votre programme d’action et dans le contexte de la pandémie du coronavirus, où en êtes-vous de la réalisation de vos projets ?

Pour mieux saisir les divers programmes inscrits à notre agenda et mis en œuvre en matière de production culturelle, je voudrai revenir sur certaines activités pour pouvoir présenter à leur juste valeur les acquis, les réalisations et surtout l’impact sociétal. Toutefois, il est regrettable de constater aujourd’hui que le secteur de la culture n’est visible qu’à travers le prisme d’une image dégradante de l’artiste, pauvre, malade ou sans-abri, revanchard ou jaloux, tels que certains médias et réseaux sociaux locaux nous le montrent ces derniers temps. Depuis plusieurs années, nous avons procédé et ouvert un grand chantier sur le statut de l’artiste et sur l’amélioration de ses conditions socio-professionnelles. Nous exposons les problèmes mais nous tenons surtout à les résoudre.

Dresser un tableau noir sur la situation de l’artiste en Algérie n’est que guerre perdue d’avance. Nous avons une politique de droit, et depuis une quinzaine d’années, nous avons acquis certains privilèges qu’il ne faut nier ou balayer. Mais il reste tant de choses à faire, essentiellement, l’abrogation d’une loi-cadre sur la condition socioprofessionnelle de l’artiste. Je suis issu et je vis de mon métier d’artiste, mais nous avons également écouté les doléances et les recommandations des artistes, issues des six (6) «Séminaires du CNAL autour des métiers artistiques» qu’on a organisés l’an dernier quand j’étais à la tête du Conseil national des arts et des lettres, et des trois (3) «Consultations internationales multipartites sur la situation de l’artiste aux temps de crises» qu’ont a organisées le mois dernier en partenariat avec l’Unesco, et qui nous servent d’ancrage et de contexte référentiel primordial et prolifique à mettre en application pour l’élaboration de ce texte de loi sur le statut de l’artiste.

L’autre projet que nous suivons et dont l’Etat algérien mise beaucoup en déployant les efforts et les mécanismes nécessaires est la création d’un baccalauréat professionnel artistique (PAG, p. 40), afin de prendre en charge la scolarité de nos enfants et de créer un environnement favorable à l’émergence et à l’éclosion des dons et des talents artistiques, notamment par la promotion des cursus scolaires, universitaires et professionnels artistiques.

Dans ce dossier, nous travaillons en étroite collaboration avec la ministre chargée de l’Enseignement et de la Formation professionnelle, Mme Huyam Benfriha. Nous avons exposé les motifs de ce baccalauréat et tracé les grandes lignes d’un cycle lycéen artistique avec une première année de tronc commun et quatre filières de spécialités pour les deux autres années : musique, arts visuels, théâtre, audiovisuel et cinéma. Nos commissions techniques et interministérielles y travaillent présentement sur l’élaboration du programme pédagogique.

Par ailleurs, une batterie de programmes institutionnels a été réalisée et concrétisée dans le contexte de la Covid-19. Je cite à titre indicatif, le lancement de la série Master@Homependant la phase de confinement. Ces cours d’E-Learning artistique mise en ligne viennent en complément de la formation des étudiants d’instituts d’arts, nationaux et régionaux, sous tutelle du ministère de la Culture.

Des cours de violon, basson, trompette, guitare jazz, violoncelle, sont d’accès libre sur notre chaîne YouTube «secrétariat d’Etat production culturelle». A cela, s’ajoute aussi un programme ambitieux et très attractif relatif au lancement d’une campagne participative artistique, à travers un appel à participation (Journée de l’étudiant 19 mai), où des jeunes talents ont pu réaliser des dessins et des illustrations rendant hommage au corps médical.

L’accrochage d’une méga affiche (126 m2) comprenant 12 peintures et dessins numériques, a eu lieu le 8 juin à l’occasion de la Journée national de l’artiste, et ce, à la place du 1 Mai à Alger, sur la façade d’un grand bâtiment en face du CHU Mustapha Bacha, en signe de respect et de reconnaissance envers les médecins et les soignants, dévoués corps et âme à leurs patients en cette période difficile liée à la pandémie du coronavirus.

-Vous avez initié récemment, via le Net, une série de consultations internationales sur la situation des artistes en temps de crise en prévision de la prochaine élaboration de la loi de l’artiste. Où en est le processus ?

Effectivement, nous avons organisé trois Consultations internationales multipartites (4, 16 et 30 mai 2020) qui ont regroupé plusieurs artistes, écrivains, professionnels du monde de la culture, universitaires, juristes et experts algériens et étrangers, qui ont échangé leurs expertises, exprimé quant à la situation et le statut de l’artiste en Algérie, proposé des pistes de réflexions adéquates au contexte actuel et définit les axes et les orientations législatives dans la visée de l’élaboration du projet de loi algérienne sur la situation de l’artiste.

Méthodiquement, on a allié cette initiative au mouvement culturel mondial «Résili-Art » lancé par l’Unesco le 15 avril 2020 sur la situation de l’artiste et sa précarité en période de crises et de confinement. Il était important pour nous et pour les artistes de procéder à une démarche constructive et stratégique par l’organisation de Consultations internationales multipartites sur la situation de l’artiste qui nous ont donné l’opportunité de créer une atmosphère de partages et de concertation artistique, réglementaire et/ou juridique, dont nous comprenons parfaitement, notamment à travers les résistances, les résiliences et le contexte socio-économique et professionnelle.

Nous estimons aujourd’hui que les recommandations formulées par les artistes, auteurs, acteurs et responsables culturels lors de ces consultations restent accomplies et concrètes au regard de tous ces efforts consentis afin de répondre aux exigences socioprofessionnelles des artistes. Les participants à ces consultations internationales, réalisées par visioconférence, disposant de beaucoup de compétences et de maturité professionnelle, leurs permettant de comprendre les enjeux stratégiques et bénéfiques d’un secteur prolifique allant dans le sens de la reconstitution d’une réflexion, jadis anéantie, sur un projet de loi sur la condition de l’artiste, que nous estimons pouvoir le réaliser et le présenter au cours de l’année 2020.

Les thèmes abordés lors de ces consultations ont mis en exergue les sujets suivants :

1. Les droits sociaux et économiques de l’artiste ;
2. la culture dans l’environnement numérique ;
3. la condition professionnelle de l’artiste ;
4. le rôle de l’artiste dans la culture de paix et du vivre ensemble ;
5. les difficultés rencontrées par les jeunes artistes ;
6. la protection et la préservation des œuvres artistiques ;
7. l’exploitation et la destruction des efforts et des exploits individuel et collectif de l’artiste.

Les visioconférences de ces consultations sont disponibles sur notre chaîne YouTube où on peut écouter des interventions pertinentes de :Hakim Taoussar, Brahim El Mazned (Maroc), Imed Alibi (Tunisie), Maïssa Bey, Zahia Ziouani (France), AyadZiani Cherif, Christine Merkel (Unesco-Allemagne),Mounes Khammar, Abou Lagraa (France), Samy Lamouti (Canada), Hamza Bounoua (Koweït), Feriel Gasmi Isiakhem, Adila Bendimerad, Mourad Senouci, Berta De Santocristobal (Unesco-France), Yahia Mouzahem, Ahmed Khemis (Tunisie/Algérie), Nadjib Gamoura, Leila Touchi, Amine Soufari (France), Kenza Mebarki, AbdelhalimBedrane, Mouna Bennamani, Amal Mihoub, Florisse Hendschel (Unesco-France).

 

-Quel bilan faites-vous de l’opération des aides financières au profit des artistes dont les activités sont suspendues en raison de la Covid-19 ?

Dès le mois d’avril, un mois après l’arrêt des activités culturelles (11 mars) et quelques semaines après le confinement, le ministère de la Culture a décidé d’octroyer une aide exceptionnelle aux artistes afin de pallier le manque à gagner, conséquence du gel des activités culturelles dû à la pandémie du coronavirus. L’Office national des droits d’auteur et des droits voisins (ONDA) a été désigné comme organe à mettre en œuvre cette décision.

Plusieurs réunions tenues par un groupe de travail se sont soldées par la conception d’une fiche de renseignements qui été mise en ligne publiée sur le site de l’ONDA que l’artiste peut remplir et envoyer à partir de son domicile. Cette fiche de renseignements devait comporter les identifiants personnels de chaque artiste, sa ou ses qualités artistiques, son affiliation à l’ONDA et/ou au Conseil national des arts et des lettres, ses identifiants bancaires ainsi que la probabilité d’affiliation à la sécurité sociale, étant salarié ou ayant une profession libérale. A la clôture des inscriptions, on a compté 5517 inscrits sans compter l’élimination des doubles inscriptions et celles non validées pour diverses raisons.

Il est important également de signaler que les demandes qui ont été adressées à l’ONDA, soit par fax soit par courrier, faute d’utilisation de l’internet par les concernés ont été prises en compte. La préparation des listes des bénéficiaires, dans la limite de ce que permet la réglementation en vigueur concernant le «fonds social» destiné à ses membres-cotisants a pris le temps nécessaire pour la vérification, le complément des dossiers et le lancement des paiements par vague a commencé le 19 avril, d’où le virement direct aux comptes bancaires ou postaux au profit de 2569 membres bénéficiaires d’un montant de 54 000 Da/artiste ou auteur (à la date du 11 juin 2020). D’autres listes de bénéficiaires répondant aux conditions d’octroi de cette aide exceptionnelle seront réglées au fur et à mesure de leurs traitements.

-Selon vous, quel est l’ancrage de la culture dans la nouvelle Constitution algérienne ?

On ne peut pas parler de «Nouvelle Constitution», mais de projet soumis pour enrichissement et débat. Toutefois, je préfère éventuellement parler de «Révision de la Constitution actuelle» qui réserve des volets liés directement ou indirectement à la culture, à la propriété intellectuelle, aux droits d’auteurs, aux libertés d’expression, au patrimoine… notamment à travers les articles 2, 3, 4, 51, 52, 54, 68, 75, 78, 79 et 80 du texte en question.

Il s’agit particulièrement des questions relatives à la liberté de la création intellectuelle dans ses dimensions artistique, littéraire et scientifique, à la protection de ses droits par la loi, à la protection et la sauvegarde du patrimoine culturel national matériel et immatériel, au droit d’accès à la culture, à la garantie des libertés académiques et la liberté de la recherche scientifique, à la promotion et la valorisation de la recherche au service du développement durable de la nation.

En tant que membre du gouvernement et en tant que citoyen intellectuel et artiste, je me suis penché profondément sur ce texte proposé, et nous avons émis aux instances concernées plusieurs remarques tout en proposant des changements et des variantes, appuyés par un exposé de motifs pour chaque note, afin d’être en phase avec la visée actuelle de la politique culturelle, celle de l’ancrage économique et civile de l’action culturelle en général, celle de la libération du champ créatif et des initiatives outre institutionnelles.

-Le mois dernier, un acte de vandalisme a été commis sur une fresque murale, ornant l’un des murs de la capitale. Filmé in situ, l’acte en question a fait le buzz sur les réseaux sociaux. Quel est votre regard sur ce vandalisme ?

Je suis outré et choqué d’abord par rapport à la réaction de certains internautes et des positions incompréhensibles de certaines personnalités politiques. En effet, il y a eu la détérioration de la fresque murale à Alger filmée et diffusée par un groupe de jeunes sur les réseaux sociaux (18 mai 2020). Ne connaissant pas les causes de cet acte, je me suis rendu sur les lieux (20 mai), accompagné du maire d’Alger-Centre, afin de prendre part des faits et de constater l’ampleur des dégâts. Mais la visite a pris un tournant inattendu et insensé. Aujourd’hui, nous avons plusieurs créneaux de communication, et ce, que je lis honnêtement, à travers, notamment, les pages Facebook et le courrier reçu, m’amène à répondre et à clarifier une situation qui reste, pour la majorité, ambiguë.

Cette fresque fait partie d’un projet culturel, au titre «DjArt’14», qui a eu lieu à Alger en novembre 2014, mené par plusieurs associations culturelles avec le soutien du ministère de la Culture, la wilaya d’Alger et la commune d’Alger-Centre et plusieurs autres partenaires nationaux et internationaux ici en Algérie, et ce, dans le but créer – au bénéfice de nos étudiants des arts et nos jeunes artistes – un festival pleinement participatif et axé sur l’occupation de l’espace public avec une multitude d’activités : ateliers et installations d’arts visuels, refonte de l’espace public, concerts de musique de rue, débats citoyens, événements de «calligraffiti», street-art et discussions sur la mobilité artistique et l’art dans l’espace public.

Je pense que la société a besoin qu’on lui explique les choses qu’il y ait de la parole et de la clarification sur un sujet qui a suscité une grande polémique suite à ma visite. J’appelle donc à la raison, à la sagesse de ces personnes, car il s’agissait d’une simple visite d’un responsable culturel d’un lieu censé être un endroit public où une fresque artistique a été détériorée par des jeunes portant des slogans étranges et imposant aux habitants leur vision des choses.

Nous avons donc défendu la liberté artistique et non le contenu interprété, comme nous avons condamné l’acte de vandalisme et de destruction d’une œuvre artistique et non accuser quiconque ou l’emprisonner. Les pouvoirs de l’ordre et la justice sont mieux placés pour enquêter et déceler les tenants et les aboutissants de cette affaire. Mais je reste optimiste. Le fait de parler et de mettre le doigt là où ça ne va pas, tenir un langage de vérité, nous aide beaucoup à surmonter les problèmes. Un débat public est né suite à cette affaire, et tant mieux, car nous avons besoin de replacer la culture dans l’espace public, d’accorder à l’artiste sa place naturelle dans la société, et enfin, de faire face aux opinions et aux actes de certains porteurs d’idéologie extrémiste et aliénante.

-Vous avez participé en février dernier, à Paris, aux travaux du 13e Comité intergouvernemental de la «Convention 2005» de l’Unesco. Que pouvez-vous nous dire de votre intervention ?

Effectivement, dans le cadre de l’élaboration de son premier Rapport Périodique Quadriennal (RPQ) sur la mise en œuvre de la Convention 2005 de l’Unesco sur «la protection et la promotion de la diversité des expressions culturelles», l’Algérie, représentée par moi-même en tant que secrétaire d’Etat chargé de la production culturelle au nom du ministère de la culture, a pris part, pour la première fois depuis 2015, date de sa ratification de cette Convention, aux travaux du 13e Comité intergouvernemental, et ce, du 11 au 14 février 2020, au siège de l’Unesco à Paris. Mon intervention au 13e CIG de la Convention 2005 de l’Unesco à Paris avait comme titre : «Bénéfices, accomplissements et défis du processus de suivi participatif des politiques culturelles en cours au niveau national. Cas de l’Algérie».

La Convention 2005, enregistrée lors de la 33e session de la Conférence générale de l’Unesco est un instrument juridique international – ratifiée par 148 pays et l’Union européenne – qui soutient les gouvernements et la société civile dans leurs efforts pour mettre en place des systèmes de gouvernance durables de la culture, notamment en élaborant et en mettant en œuvre des politiques et des mesures de soutien à la création, à la distribution et à l’accès aux biens et services culturels.

La Convention 2005 reconnaît la nature spécifique de la culture comme un facteur important de développement économique et social et assure aux artistes, aux professionnels de la culture, aux praticiens et aux citoyens du monde entier la possibilité de créer, produire, distribuer/diffuser et jouir d’un large éventail d’activités, de biens et services culturels, y compris les leurs. Autant d’aspects qui traduisent les préoccupations de l’État et de la société envers les expressions culturelles dans notre pays, qui font impliquer, en plus des secteurs de la culture et l’art, des secteurs très divers tels que le commerce, les finances, l’emploi, les affaires sociales, la communication, l’éducation, le développement, les statistiques, la planification, ainsi que la société civile.

L’Algérie nouvelle, à travers le programme du président de la République, traduit par le plan d’action du gouvernement, place la culture dans une stratégie de renouveau économique basé sur la diversification de la croissance et l’économie de la connaissance. La création de deux secrétariats d’Etat suite à l’élection présidentielle du 12 décembre 2019, l’un consacré à la production culturelle et l’autre à l’industrie cinématographique témoigne, à juste titre, d’une volonté politique d’élargir et de moderniser l’acception de la culture.

-Quel est le contenu de ce premier rapport périodique et quelle est l’importance de cette convention pour la culture algérienne ?

Depuis l’an dernier, où j’ai été désigné comme représentant de l’Algérie auprès de l’Unesco pour la Convention 2005 sur «La Protection et la promotion de la diversité des expressions culturelles» et l’Expert national chargé, avec une équipe nationale, de la rédaction du premier rapport de l’Algérie concernant la mise en œuvre de cette Convention, nous avons tout fait pour que l’Algérie s’engage dans les préparatifs locaux de l’élaboration de ce rapport et reprenne sa place dans le débat international autour de la question de la condition professionnelle de l’artiste. Les trois éditions algériennes de «Resili-Art» en sont l’exemple de cette implication.

Comme l’expérience l’a montré, les Rapports périodiques quadriennaux ont constitué un tournant dans certains pays et ont permis d’adopter officiellement certaines mesures et démarches étant donné que la rédaction du rapport a permis de rapprocher les ministères concernés par la culture et que sa publication avait permis au pays de partager leurs expériences et constituer une base de données sur la plateforme numérique de la Convention 2005.

En Algérie, nous avons organisé plusieurs consultations nationales multipartites, ateliers de renforcement de capacités, réunions de travail et de rédaction, et ce, depuis le mois de septembre dernier afin de préparer l’élaboration du premier Rapport dont la soumission est éminent. Ces différentes activités ont eu le mérite de nous réunir à des questions qui nous concernent tous, celles de «la protection et la promotion de la diversité des expressions culturelles» dans notre pays.

Elles ont également donné lieu à des échanges constructifs et nous ont permis de définir les membres de l’équipe nationale et de l’équipe de rédaction que j’ai eu l’honneur de diriger et travailler avec. Suite à la soumission statuaire de ce rapport, on prévoit de faire une restitution publique ici en Algérie, dès que les conditions sanitaires nous nous le permettrons.

Une publication quadrilingue (français, arabe, anglais, tamazight) est prévue également afin que le lecteur algérien et étranger trouve dans ce rapport, des éléments tangibles, objectifs et actualisés de ce qui est des politiques culturelles de notre, au cours des cinq dernières années, notamment ceux relatifs à la mise en œuvre de la Convention 2005 sur la protection et la promotion de la diversité des expressions culturelles.

 


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