Les héros sont de retour



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Enfin, l'État algérien a honoré sa dette. Tout un symbole.
C'est aussi l'épilogue d'une longue bataille, que cette restitution de crânes de résistants algériens. Le rapatriement de ces ossements d'authentiques patriotes, après une si longue séquestration, est un acte de souveraineté.
Considéré comme une prise de guerre par les autorités coloniales, c'est avant tout pour les Algériens, un crime absolu contre l'humanité.
Le fait même de décapiter et de séquestrer ses ossements humains est déjà un acte morbide et criminel.
Aujourd'hui, l'État algérien a honoré sa dette envers ses résistants de la première heure, ces hommes qui furent les précurseurs de la résistance anticolonialiste.

Un rapatriement qui pourrait être le déclic d'une prise de conscience, dans cette bataille du mémorial, et qui exige la mobilisation d'historiens, d'anthropologues, de chercheurs, pour restituer notre patrimoine pillé et séquestré ou présenté comme prise de guerre ou butin en France et en Europe, comme nos archives ou le canon de Sidi Merzoug.
Impossible ici de ne pas rendre hommage à certains Algériens, universitaires et intellectuels, qui ont été les premiers a ouvrir ce chantier et à alerter sur le cas de ces ossements humains.

Leur bataille est un acte de bravoure et de résistance contre l'oubli.

Les restes mortuaires des martyrs résistants, exposés au musée de l'Homme à Paris, ont pu enfin être restitués par les autorités publiques.

Il s'agit de 24 crânes de nos glorieux chouhada qui ont été acheminés ce vendredi à Alger à bord d'un Hercule C-130 des forces aériennes algériennes.
L'appareil a décollé de Bourget, à Paris, vers 10 heures à destination d'Alger. En franchissant les frontières territoriales, il a été escorté par trois chasseurs de type Sukhoi 30 (Su-30) pour atterrir vers 13 heures à l'aéroport international Houari Boumediene.

Ces crânes, qui étaient exposés comme trophées de guerre aux musées parisiens, appartiennent aux révoltés contre le joug colonial qui sont tombés dans le champ d'honneur en 1849 lors de la fameuse résistance de Zaatcha près de Biskra.

Parmi ces résistants ayant été odieusement tués et décapités figurent leur Cheikh Bouziane, son fils et Mohammed Lamjad ben Abdelmalek dit Cherif Boubeghla.

Cette décision a été officiellement actée par la France, il y a quelques jours, mais la partie Algérienne a choisi cette date symbolique coïncidant avec le 58ème anniversaire de l'indépendance pour le rapatriement des restes mortuaires des martyrs.

Une cérémonie solennelle spéciale leur a été réservée pour les accueillir enfin dans leur patrie et célébrer cet évènement historique dans une ambiance pleine d'émotion. C'est en présence des différentes formations de l'Armée nationale populaire (ANP), accompagnées par les sirènes des forces navales et le retentissement de 21 coups de canon que les restes mortuaires ont été acheminés de l'avion à la grande salle de la cérémonie.

« A l'occasion de l'accueil des restes mortuaires et crânes de 24 héros parmi les héros de la résistance, qui sont une première partie, rapatriée par les forces aériennes de l'armée nationale populaire de la France où ils étaient séquestrés », a déclaré le chef d'état-major, le général de corps d'armée, Said Changriha.

« Ces héros ont dû subir, sous l'obscurantisme colonial, l'injustice et l'atrocité et ils ont fait l'objet de chantage des résidus des lobbies de l'époque coloniale, partisans de racisme jusqu'à l'avènement de ce jour particulier, témoin de notre souveraineté », poursuit le chef d'état-major.

Il a en outre souligné que « cet acte a été accompli grâce aux efforts de ceux qui ont travaillé dans le silence, avec patience et persévérance afin que ces héros puissent rejoindre leur patrie ».
Ces vaillants resteront, ajoute-t-il, un exemple et leurs sacrifices pour la reconquête de la souveraineté sont un modèle à suivre par les générations futures.

Notons encore que le rapatriement des crânes a été réclamé par nombre d'intellectuels et historiens depuis des années, en vue de leur réserver une inhumation des restes digne de leur gloire. Selon l'historien et anthropologue Ali Belkadi, il se trouve parmi les ossatures mortuaires, les crânes de célèbres chefs rebelles : Aissa Al Hamadi, lieutenant de Boubaghla, tête momifiée n° 5939 ; Mohamed Lamjad Ben Abdemalek, dit Cherif Boubaghla, crâne n° 5940, Cheikh Bouziane, le chef de la révolte des Zaatchas dans la région de Biskra.

Pour rappel, la bataille de Zaatcha a été une des plus célèbres dans la résistance au colonialisme qui a servi avec d'autres de prémice à la révolution du 1er novembre 1954.
Parmi les artisans de ces révoltes, on retrouve Mohammed Lamjad ben Abdelmalek, dit Chérif Boubeghla, et Ahmed Bouziane.

Né en 1820, Chérif Boubeghla a été l'initiateur d'une révolte populaire, qu'il dirigea, contre la colonisation française dans la région du Djurdjura, en Kabylie jusqu'à sa mort, le 26 décembre 1854.
Quant à Cheikh Bouziane, il fut le chef de la révolte de l'oasis des Zaatchas, qui a tenu en échec, deux mois durant, l'armée française dans ce qui fut l'un des combats les plus meurtriers de la conquête de l'Algérie. Le 26 novembre 1849, la population en paya le prix.

La victoire des troupes françaises donna le signal d'un massacre général : un millier d'hommes, de femmes et d'enfants périrent, achevés à la baïonnette.


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