Les recherches d’un anthropologue et une pétition lancée sur internet ont révélé une douloureuse page d’histoire



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La restitution par la France à l’Algérie des crânes de résistants algériens à la colonisation française doit tout à l’initiative d’un historien et anthropologue, Ali Farid Belkadi, qui en 2011 découvrait les crânes des martyrs algériens, au cours de ses recherches au Muséum de Paris.

Sur Facebook en 2016, il écrivait : «Les têtes des glorieux martyrs de la longue lutte de libération qui opposa les algériens à la France coloniale, qui sont toujours au Muséum de Paris, ne sont pas visitables par le public.

Ces restes mortuaires ne peuvent êtres vus que par des chercheurs, anthropologues et autres hommes de sciences. J’ai eu accès à ces têtes dans le cadre de mon travail de recherche, qui sont interdites aux visiteurs du Muséum.

Ceux-ci peuvent voir d’autres collections (préhistoire, animaux), mais pas les restes humains, qui sont soustraits à la vue.

Par ailleurs, il serait honnête de citer nommément la personne qui a fait ces découvertes, en l’occurrence moi.» L’historien est d’ailleurs l’auteur de Boubaghla, le sultan à la mule grise. La résistance des Chorfas (Editions Thala, Alger 2014).

Quelques années plus tard, un écrivain habitant en France, Brahim Senouci, lance une pétition sur internet. A l’époque, les médias, dont El Watan, la relaient largement.

L’éditeur François Gèze écrivait sur Médiapart : «Cette pétition est très importante : elle peut contribuer à faire connaître (et reconnaître) les horreurs perpétrées en Algérie durant 132 ans par les régimes colonialistes français, de la monarchie en 1830 jusqu’au Second Empire et aux Républiques, de la IIe à la Ve.

Une réalité largement effacée de l’histoire officielle française et toujours amplement occultée aujourd’hui, malgré les efforts et les nombreuses publications d’historiens et de militants, en Algérie comme en France».

Le 8 juillet 2016, une tribune est publiée dans Le Monde, avec nombre d’historiens, universitaires et écrivains reconnus pour leur travail sur la colonisation de l’Algérie.

Leur conclusion remettait la «mémoire» au centre des enjeux : «Soutenir les appels de citoyens algériens à rapatrier ces dépouilles dans leur pays, pour leur donner une sépulture digne comme cela fut fait pour les rebelles maori ou les résistants kanak Ataï et ses compagnons (en 2014), ne revient aucunement pour nous à céder à un quelconque tropisme de ‘‘repentance’’ ou d’une supposée ‘‘guerre des mémoires’’, ce qui n’aurait strictement aucun sens.

Il s’agit seulement de contribuer à sortir de l’oubli l’une des pages sombres de l’histoire de France, celles dont l’effacement participe aujourd’hui aux dérives xénophobes qui gangrènent la société française.»

Alors que la nouvelle de la restitution était annoncée, Malika Rahal, signataire de cette tribune, postait jeudi sur Facebook ce commentaire : «Encore un morceau de 1962 qui se règle… en 2020. Les morceaux des corps de ceux qui ont combattu la conquête de leur pays rentrent à la maison après leur long, très long séjour dans les cartons du Musée de l’homme, à Paris.

Ces corps que l’on va ramener demain, ce ne sont pas des restes archéologiques ou des momies, même s’ils ont été enterrés dans un musée par l’occupant. Ils ont des noms que nous connaissons et des parents qui portent aujourd’hui le même nom et savent comment ils sont reliés à eux, précisément. Il y a une mémoire.

Ce sont des morts et ramener les corps manquant des morts fait penser à tous les autres morts dont les corps manquent encore, à tous les disparus, mais ça répare pourtant quelque chose.»


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