Collecte de scorpions à Biskra

Le gel de l’opération lèse ramasseurs, paysans et l’Institut Pasteur



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En application d’un programme national de lutte contre la prolifération des scorpions dans leurs zones de présence et afin d’en réduire les conséquences sur la santé publique, la DAS de Biskra a lancé en 2016 des offres de marchés publics destinés à missionner des micro-entreprises chargées de ramasser et collecter des scorpions vivants dans leurs aires de prolifération identifiées à Lioua, Tolga, Doucen, Ouled Djellel et d’autres localités où croissent les exploitations agricoles et les palmeraies.

Visant à atténuer le taux d’infestation des scorpions, à nettoyer et assainir les localités semi-urbaines, les champs et les exploitations agricoles, à collecter le plus grand nombre de ces insectes nuisibles lesquels ont été transférés vers les laboratoires de l’annexe de l’Institut Pasteur de M’sila où l’on procède à l’extraction du venin avec lequel on fabrique le sérum antidote et in fine à créer des postes de travail pour des dizaines de jeunes de la région, ce programme étatique, doté d’un budget conséquent, a été efficient et rentable durant les années 2016, 2017 et 2018.

Malheureusement, depuis 2019 au grand dam de dizaines de techniciens du ramassage des scorpions laissés sur le carreau, se plaignent-ils, des paysans satisfaits au départ par cette initiative, qui sont actuellement dans le dépit et de la représentation de l’Institut Pasteur de M’sila, qui recevait des milliers d’unités de cette espèce de scorpions lui permettant d’extraire d’importantes doses de venins, ce projet d’utilité et d’intérêt publics semble avoir été abandonné sans explication et en laissant tous les intervenants et concernés dans l’expectative, relève-t-on. «Toujours sous contrat avec notre employeur, nous avons continué à collecter des milliers de scorpions revendus de 80 à 150 DA l’unité.

Cette opération, essentiellement nocturne, nécessite un investissement et le recrutement d’une main-d’œuvre spécialisée, l’utilisation d’équipements de sécurité, d’instruments spéciaux tels que des pincettes métalliques et des pinces télescopiques, des lampes ultra-violets et des cases en verre et en inox pour le stockage des scorpions récoltés. L’entrepreneur, qui nous a soumissionnés, ne donne plus signe de vie depuis des mois et nous sommes obligés de détruire notre collection déjà décimée à 50% par la promiscuité et le manque de nourriture.

La faillite nous guette», déplore le responsable d’un groupe de jeunes de la commune de Lioua qui se sont investis dans le créneau «qui était en principe porteur et prometteur», soulignent-ils.

LE LIQUIDE BIOLOGIQUE LE PLUS ONÉREUX AU MONDE

Il faut savoir que le triangle formé par Biskra, Bou Saâda, dans la wilaya de M’sila et Ouargla, est connu pour être un important foyer de prolifération de scorpions (Androctonus australis) entraînant annuellement des milliers de cas d’envenimations de personnes et de décès quand la prise en charge des individus piqués par cet arthropode de la classe des arachnides est tardive ou mal effectuée.

On estime que chaque année, plus d’un million de personnes sont piquées par des scorpions localisés dans les pays chauds de l’hémisphère Sud du monde. Selon les statistiques officielles algériennes, plus de 50 000 personnes sont annuellement victimes de piqûres de scorpions lesquels insectes sont dotés d’un venin neurotoxique assez puissant pour tuer un chien en 10 secondes et provoquer chez l’être humain diverses lésions locales accompagnées de douleurs sur le point de ponction, d’engourdissement du membre touché, de nausées, de gonflements cutanés et d’incoordination des mouvements voire la mort en quelques heures pour les sujets les plus vulnérables tels que les enfants, les personnes âgées et les malades d’infections pulmonaires ou cardiaques.

La base du traitement contre une envenimation scorpionique, permettant la rétrocédation rapide des symptômes, est l’inoculation rapide de sérum antivenimeux. Comme le pointe un rapport publié par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) datant de 2007, la disponibilité de ce produit est cependant précaire, car la production mondiale de ce dernier est inférieure aux besoins estimés, alors que la prise en charge des cas sévères requiert une hospitalisation en milieu spécialisé avec administration de fortes doses de benzodiazépine.

A Biskra où l’on enregistre quelque 5 000 cas de piqûres de scorpions et de 5 à 10 décès par an survenant dans les zones rurales, agricoles et enclavées, 1040 sujets ont été victimes d’envenimations scorpioniques de janvier à mai de l’année en cours, est-il relevé. «Le scorpion constitue une source de bénéfices certains, du moment que son venin est le liquide biologique le plus onéreux au monde.

Voilà un domaine du secteur pharmaceutique où l’Algérie peut exceller en fabriquant du sérum antivenimeux à l’échelle industrielle pour ses propres besoins et aussi en exporter des quantités pour les pays en demandant.

Eu égard à ses nombreux avantages, il faut que ce programme de collecte de scorpions reprenne dans les plus brefs délais», a confié A. Maatallah, vétérinaire à la DSA de Biskra.


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