Larbi Bourrada (recordman d’Afrique du décathlon)

«Cherche désespérément poste budgétaire»



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Le décathlonien Larbi Bourrada, meilleur décathlonien africain de tous les temps, se trouve actuellement en difficulté financière pour subvenir aux besoins de ses deux enfants en bas âge.

A coup sûr, une telle situation a déstabilisé l’international Bourrada qui prépare tant bien que mal les Jeux olympiques de Tokyo 2021. Ainsi après quelques sorties médiatiques, Bourrada a décidé d’interpeller pour la première fois le ministre de la Jeunesse et des Sports Sid Ali Khaldi : «En ma qualité de sportif de haut niveau, je vous sollicite afin d’intervenir pour l’octroi d’un poste budgétaire.

Après de nombreuses années de bons et loyaux services, je suis toujours actif pour préparer les plus prestigieuses manifestations sportives internationales (Jeux olympiques et Championnats du monde), j’espère être en droit d’acquérir légitimement ce poste de travail.» Bourrada rappelle au ministre son riche palmarès : «Mon parcours sportif, dont les faits les plus notables sont mes cinq titres continentaux, mon record d’Afrique du décathlon, sans oublier de citer mes deux cinquièmes places obtenues aux Mondiaux d’athlétisme de Pékin 2015 et aux Jeux olympiques de Rio 2016. Des exploits jamais réalisés dans l’histoire du décathlon arabe et africain.»

Pour Bourrada, ses grands sacrifices pour l’Algérie durant 20 années ne lui ont pas permis de se consacrer aux études ou à la formation dans l’optique d’une réinsertion socioprofessionnelle: «Malheureusement, des années passées dans le circuit des compétitions dont 11 ans au plus haut niveau mondial, ne m’ont pas laissé de temps pour pouvoir poursuivre des études.»

En dépit de cette «précarité» et à la veille des JO de Tokyo 2021, Bourrada, âgé de 32 ans, entretient toujours l’espoir de représenter encore et honorablement les couleurs du pays. «Je me sens encore en mesure de répondre présent afin d’honorer mon engagement vis-à-vis de l’Algérie. Avec une stabilité financière qui représente un atout majeur, j’effectuerai une meilleure préparation sous la conduite de mes entraîneurs.»

Dans ce courrier adressé au ministre, Bourrada n’a pas omis d’évoquer la triste situation que traversent des athlètes de l’élite nationale actifs ou en retraite : «Je voudrais également exprimer à travers ma requête, la situation socioprofessionnelle catastrophique dont souffre une bonne partie d’anciens et actuels athlètes d’élite algériens.»

Pour terminer, le spécialiste algérien des épreuves combinées estime que son cas sera résolu et pris en considération par la tutelle. «Permettez-moi Monsieur de vous dire avec beaucoup d’espoirs, que l’intervention de votre part représente pour moi l’ultime recours. Car hélas ! Plusieurs requêtes transmises au ministère de la Jeunesse et des Sports sont restées sans suite», conclut Bourrada.

Rahouli aussi sans emploi

L’ancienne championne du monde junior du triple saut, Baya Rahouli, qui se trouve sans emploi après sa carrière sportive a, à son tour, sollicité le ministre pour un poste budgétaire. «Permettez-moi, Monsieur le Ministre, de vous éclairer sur le bien-fondé et la légitimité de ma requête. Permettez-moi aussi de me faire la porte-parole de certains de nos sportifs d’élite qui ont défendu et défendent encore les couleurs du drapeau algérien, et qui, malheureusement, vivent dans la plus grande précarité.

Tout d’abord, j’ose espérer que dans un pays tel que le nôtre, en pleine reconstruction sur la base de fondements solides, le fait d’accorder un poste de travail à un sportif d’élite relève pour l’Etat d’un témoignage de gratitude et devrait être considéré non comme une récompense, mais plutôt comme un droit patriotique et légitime pour services rendus. Nos athlètes de haut niveau, de par leurs résultats et performances, ont toujours répondu présent pendant les heures les plus sombres. Ils ont redoré le blason de l’Algérie sur le plan international.

J’estime que le ministère de la Jeunesse et des Sports, qui a toujours encouragé l’excellence, et de ce fait la poursuite intensive des carrières sportives de son élite se doit de penser en parallèle à la ‘‘post-carrière’’ et à l’insertion socioprofessionnelle de cette infime catégorie de la population qui a tant donné, mais qui n’a pas toujours le réflexe ni même la possibilité de se projeter dans l’après.»

Et d’ajouter : «Je déplore toutefois la situation actuelle que traverse le mouvement sportif en Algérie qui considère l’athlète de haut niveau uniquement comme un sujet d’exception que l’on suit et adule tout au long de sa carrière. J’en ai les larmes aux yeux.» L’ex-championne d’Afrique et 5e aux JO de Sydney, et 5e aux Mondiaux d’athlétisme d’Helsinki 2005 avec à la clé 3e performance du triple 14, 98 m a conclu sa lettre en espérant une réponse favorable.


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