Sites industriels et installations à haut risque

Les normes de sécurité sont-elles respectées ?



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Selon les dernières estimations du ministère de l’Environnement, pas moins de 4000 installations industrielles à haut risque recensées se trouvent au milieu du tissu urbain.

L’explosion au port de Beyrouth, survenue mardi dernier, pose la question lancinante de la prévention des risques majeurs, notamment ceux à caractère chimique et industriel.

Avec un patrimoine de zones industrielles et d’installations pétrochimiques près du tissu urbain, l’Algérie ne serait pas loin d’un pareil scénario cauchemardesque.

Rien que dans la capitale, les installations à risque sont nombreuses. Elles sont implantées en pleine zone urbaine et font face à la baie d’Alger. En cas de catastrophe, chose que personne ne peut souhaiter, c’est toute la capitale qui risque de disparaître.

Loin de dresser un tableau noir, il est à signaler qu’à Alger seulement et dans l’axe d’Hussein Dey, El Hamma et Caroubier, plusieurs installations à très haut risque y sont recensées.

On cite la centrale électrique à gaz gérée par la Société de production de l’électricité (SPE), filiale de Sonelgaz, un centre enfûteur de bouteilles de gaz, le centre de fabrication de gaz liquéfié, un dépôt de pétrole et la station de dessalement d’eau de mer. Sur un espace de quelque 2 kilomètres, ces 5 infrastructures représentent un cocktail détonnant et un risque de déflagration énorme.

Les assurances de la filiale de Sonelgaz

Selon les dernières estimations du ministère de l’Environnement (chiffres de 2011), pas moins de 4000 installations industrielles à haut risque recensées se trouvent au milieu du tissu urbain, qui représente 1,7% seulement de la superficie totale de l’Algérie où, de surcroît, réside la grande majorité de la population.

Les activités pétrolières et gazières en Algérie représentent 80% des risques majeurs. Les centrales électriques à gaz sont considérées comme des bombes à retardement. Sabri Lezhari, président-directeur général de la SPE, rassure, dans une déclaration à El Watan, que ces installations répondent à des normes de sécurité très strictes.

«Les installations de production d’électricité sont classées parmi les ouvrages à haut risque (complexes industriels avec une multitude de dangers : forts courants, hautes températures, hautes pressions, produits dangereux…). A cet effet, ils sont soumis aux normes de sécurité les plus strictes.

Leurs conception et construction doivent obéir aux dernières normes en la matière. Une fois la centrale réceptionnée, elle est propriétée de la SPE», déclare notre interlocuteur, qui s’étale sur les différentes règles de gestion de ces centrales, dont le respect strict des gammes d’entretien définies par chaque constructeur d’équipement, de la périodicité des contrôles réglementaires (APG, APV, APL) et des procédures en termes de gestion des déchets et produits jugés dangereux.

La possession d’une autorisation d’exploiter dûment délivrée par le régulateur CREG, qui engage périodiquement des visites de contrôle ponctuées par des recommandations et/ou réserves, qui sont systématiquement prises en charge, figure également parmi ces règles.

Selon M. Lezhari, les volets hygiène, sécurité et environnement (HSE) dans la SPE sont également pris au sérieux. «Pour ce faire, chaque centrale de production est dotée d’un service dédié à l’activité, dont le responsable diplômé dans le domaine est rattaché directement au directeur de l’unité.

Il possède de larges prérogatives lui permettant d’avoir une situation actualisée de toutes les installations de la centrale, le respect des normes et consignes de sécurité ainsi que le lancement de toute opération visant à éliminer un risque ou une avarie ayant un impact sur la sécurité d’une manière générale», souligne le PDG, avant de signaler que toutes les centrales de la SPE sont certifiées ISO 9001, version 2015, par des organismes indépendants après audits de certification comprenant, entre autres, l’aspect hygiène, sécurité et environnement.

La protection civile

Rassurant ? Certes. Le risque étant toujours de mise, la Protection civile, de son côté, a établi une carte des risques où toutes les zones sont classées par degré de dangerosité.

Parmi les plus dangereuses, restent celles des installations pétrochimiques, telles qu’Arzew à Oran. D’après le colonel Farouk Achour, directeur de l’information et des statistiques à la direction générale de la Protection civile, un épisode comme celui de Beyrouth n’est pas vraiment de mise en Algérie, étant donné que le contrôle est très rigoureux.

Toutefois, nul n’est à l’abri de la négligence. «Ceci est flagrant chez patrons des usines qui commencent comme simples artisans et omettent d’annoncer leur expansion dans leur travail.

Une évolution industrielle qui impose une quantité de produits chimiques, inflammables et/ou à risque plus important, et requiert des mesures nettement plus sévères», explique-t-il avant de rassurer que la Protection civile s’est investie dans l’organisation en interne pour faire face à ce genre de catastrophe.

«En plus de la carte des sites à risque, nous avons développé, il y a 5 ans de cela, un outil. Il s’agit du Schéma d’analyse de la couverture des risques par wilaya. Il nous permet de recenser l’ensemble des risques au niveau des wilayas afin de préparer des réponses en matière de prévention et d’intervention.

Il nous permet de préparer nos équipements et de former notre ressource humaine», ajoute le colonel, qui souligne que la Protection civile possède aussi un simulateur de risques très sophistiqué, qui plonge le pompier en plein danger afin d’augmenter son sens de gestion de crise, ses réflexes et augmente son niveau d’intervention. Ce programme de formation est quotidien. 


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