Quand l’argent dévoie les mœurs



...

L’enchaînement des événements qui se sont déroulés ces derniers mois a levé le voile sur au moins une vérité : la politique n’est certainement pas une logique, surtout lorsqu’elle s’éloigne de sa vocation, en dérivant, gravement, entre les mains d’imposteurs et de fossoyeurs.

Certains d’entre eux portent à notre connaissance, à intervalles réguliers, des révélations fracassantes, au détour de leurs auditions devant les juges. «Ah bon ! C’est comme ça qu’ils agissaient !» s’est exclamée, interloquée, la rue. Des pratiques diaboliques ! Des témoignages ahurissants et honteux, qui révèlent que l’Algérie n’était pas dans leurs plans, occupés qu’ils étaient à amasser des richesses et à perdurer par tous les moyens.

On comprend, ainsi, pourquoi notre cher pays a atteint un tel niveau de déliquescence et de déclin. Ils jouaient avec le feu, sans souci, dans un pays qu’ils ont failli émietter, où s’évanouissait, peu à peu, la conscience de l’enjeu national. L’abject négoce, à coups de milliards, pour un fauteuil à l’Assemblée nationale dévoyée, a définitivement disqualifié ces députés voraces et cupides et scellé leur sort, qui doivent répondre de leurs méfaits, eux et leurs mentors, devant la justice pour avoir enfreint la loi et abusé, sans vergogne, de la confiance de ceux qu’ils sont censés représenter…

Aujourd’hui, et depuis le mouvement populaire du 22 Février 2019, nous vivons une période de révolution pacifique, non violente, porteuse d’espérances. L’ordre ancien est révolu. Même si certains de ses partisans, déboutés, n’en démordent pas, en s’accrochant éperdument au nouveau wagon. La remise en ordre est enclenchée, avec cette volonté, toujours présente, de la recherche d’une nouvelle relation de la politique (débarrassée de ses démons) et des citoyens.

Quand on constate, avec effarement, comment la chkara impulsait les carrières politiques d’individus sans profil, on reste coi. Et personne ne veut que ce triste scénario se renouvelle. Pourquoi cela s’est-il produit ? Parce qu’il y avait une absence totale de contrôle et de contre-pouvoir, une impunité arrogante, un culte inouï du chef monarchique, une injustice flagrante et une bureaucratisation pénalisante qui fait des ravages, en décourageant les initiatives hardies et en bloquant les énergies. Sans oublier que l’administration, censée être neutre, ne l’était pas. Elle doit, absolument, se départir de sa tunique politique. Seul un changement de paradigme peut résoudre, sinon résorber cette équation.

La vie collective, ignorée jusque-là, doit s’imposer de nouvelles obligations, de nouvelles rectitudes, en s’impliquant davantage dans la reconstitution de la morale publique, violentée et travestie. Pour ce faire, il faut que la vitalité nationale renaisse, en mettant un terme à la crise de confiance.

Priorité des priorités, l’intérêt national au-dessus de tout et de tous. La révolution des mentalités est plus que nécessaire, car pour sortir de ce système nécrosé, il faut une montagne de réformes, pour autant de chantiers, afin de libérer le pays du carcan d’un système recru, d’échecs, au lourd passif. L’Etat détourné a anesthésié ses bastions publics, dans la quiétude des monopoles, alors que le secteur privé s’est toujours cherché une voie, oubliant d’innover, d’oser et de s’adapter au nouveau monde. L’heure est au retroussement des manches et au travail.

C’est par les changements attendus, sains, constructifs, que les transformations souhaitées par le peuple arriveront pour l’édification de l’Etat national, respecté, fort de ses institutions et jouissant de l’assentiment de toutes les forces vives. Le tout, évidemment, dans un climat apaisé, dans un pays réconcilié avec lui-même…


Lire la suite sur El Watan.