Le jour funeste où UNANIMITÉ a été violée !

Naïma Salhi convoquée par la gendarmerie. Que faut-il en attendre ? Des mesures de protection maximales pour les… 

… gendarmes !

«L’APN a adopté à l’UNANIMITÉ le projet de révision de la Constitution». C’est dans tous vos journaux. Sur toutes vos radios et télévisions. L’Assemblée nationale, hémicycle aux sièges les plus chers du monde, encore plus chers que les trônes réunis de la Reine d’Angleterre et du Rappeur Puff Daddy, cette assemblée-là a donc voté à l’UNANIMITÉ le texte portant nouvelle Constitution. L’occasion pour moi d’enfin rendre un hommage mérité, tardif certes, mais hautement mérité : l’hommage à UNANIMITÉ ! Il fallait le faire avant, je vous le concède. Il était nécessaire de s’incliner plus tôt devant cette dame à qui on a fait subir tant d’outrances dans la principauté de Dézédie. Et bien qu’à cela ne tienne ! Je m’y colle aujourd’hui ! Je te salue, oh ! UNANIMITÉ ! Et je te présente toutes nos excuses pour ce calvaire que nous t’infligeons depuis si longtemps. Tu as un si joli nom. Il veut dire tant de belles choses. Mais nous, les hommes de mauvaise volonté t’avons avilie ! Salie. Et commis surtout l’irréparable. Nous avons falsifié ton ADN et ton sens premier, originel. D’UNANIMITÉ, de ce si doux et chantant nom, nous t’avons fait passer par les pires ignominies. Unanimisme. Béni-oui-ouisme. Suivisme. Entrisme. Aplaventrisme. Cachirisme. Et tous les «ismes» hideux qu’on t’a collé en progéniture incestueuse. Je suis désolé, UNANIMITÉ ! Oui, je le sais bien, toutes les excuses du monde ne pourraient effacer tes souffrances et blessures. Tu partais d’une bonne intention celle de rassembler les voix et d’apporter l’apaisement entre les hommes. Nous t’avons violé. Et violé les hommes ! En les badigeonnant bessif, de force, avec la même peinture, la même couleur et les mêmes odeurs de peur suintante. Et nous avons -suprême horreur- appelé cela unanimité. Pardon ! Pardon ! Pardon ! Je jure que sur leurs cahiers d’écoliers, sur leurs pupitres et sur les arbres de leurs cours de récréation, j’apprendrais enfin à nos enfants à graver ton vrai nom. Sans fautes. Et surtout sans reproches. Je fume du thé et je reste éveillé, le cauchemar continue.
H. L.