C’est pour demain ?



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Oui, la commission va être mise en place. J’en ai parlé la semaine dernière. Madame la poste consulte madame la caisse pour trouver une solution au manque de liquidités. Ça y est ! Ça va tellement « commissionner » que nos retraités n’auront plus à subir ces chaînes de la honte. Donc, madame la poste trouvera un moment pour se réunir avec madame la caisse, juste dans le but d’imaginer une solution. Franchement, je suis content. Et rassuré. Cette commission « commissionnera », du matin au soir, jusqu’à trouver l’issue à ce manque de sous dans nos postes. Je ne veux pas porter la poisse à cette commission, mais je ne vois pas de solution, sauf si les caisses postales reviennent à leur débit normal. Il manque des sous ; soit, il faut qu’il y ait des sous. De ce fait, il n’y aurait plus de chaînes ni de queues. A moins que la commission n’ait d’autres idées géniales. Moi, j’y crois ! Pourquoi pas ? Pour une fois que je suis optimiste, il ne faut pas venir me titiller sur ce point. Cette commission « commissionnera », sans désemparer, c’est moi qui vous le dis, jusqu’à casser, une bonne fois pour toutes, ces chaînes qui enchaînent nos vieux jusqu’à réveiller en eux toutes les formes de rhumatisme. 
Il y a mieux, c’est moi qui vous le dis. Madame la poste fait appel à la société civile pour l’aider à réguler ces chaînes. Là, il y a abus. Non, la société civile a mieux à faire que de faire la « police » des queues. Question à un douro : « C’est qui la société civile ? » Je n’ai jamais compris ce qu’on entend par société civile. Quoi ? Les intellectuels ? Les universitaires ? Les associations ? Et les autres ? La société civile, c’est donc toute la société. Je ne sais pas si l’appel a été entendu par la société civile. J’aimerais bien. Nos enseignants sont en congé forcé. Nos intellectuels peuvent bien mettre la main à la chaîne, au lieu de couper le cheveu en quatre. Nos associations peuvent toujours contribuer à ordonner les queues. Et madame la poste pourra, enfin, donner leurs sous à nos retraités. Excusez-moi d’insister : si quelqu’un peut me fournir la définition d’une société civile, je lui serai éternellement reconnaissant. Je souhaite une définition basique, terre à terre, à portée de mon cerveau ramolli. Au fait, l’enquête sur le manque de liquidités a-t-elle donné quelque chose ? Quoi donc ? 
Bon, les amateurs des lettres anonymes peuvent ranger leur stylo ; le président de la République a décidé de ne plus en tenir compte. Celui qui veut dénoncer n’a qu’à le faire en toute liberté, en toute transparence et sans masque. Désormais, celui-ci doit apposer son état civil (encore !) en toutes lettres. S’il veut que sa lettre de dénonciation aboutisse, il lui faut montrer patte blanche. Dans ce cas d’espèce, elle est noire. Tu donnes ton nom, ton prénom, la photocopie légalisée de ta carte d’identité ou ton permis ou ton passeport, ton numéro de mobile, ton mail et ton Instagram (oui, il faut une majuscule ; c’est le correcteur automatique qui le précise). A partir de là, on donnera suite. Au fait, celui qui utilise une lettre anonyme, on l’appelle comment ? Un mouchard ? Un délateur ? Juste pour savoir ! Et dire que la transparence est une voie royale pour une société harmonieuse.  
Quid de la rentrée scolaire ? C’est tranché ! Ne vous en faites pas, tout est pris en charge ! C’est en fonction de la situation épidémique. À Tizi, je ne la vois pas se faire. C’est du moins mon impression. Le virus fait son intéressant. Il est rare de voir un citoyen « masqué ». Les gens s’agglutinent sans prendre aucune précaution. Comme si tout va bien sur le plan sanitaire. Comme si le virus est du domaine du passé. Nos chers enfants auront des jours à tenir ; heureusement qu’il y a la téloche, les réseaux sociaux et les terrasses de café. Comment tuer le temps, alors ? La lecture ? Beurk ! C’est quoi encore ça ? Qui vient donc nous embêter avec « sa » lecture ? Les révisions pour reprendre contact avec l’école ? Ya chriki, tu es loin du compte. Neuf mois d’école, c’est déjà assez. Puis, je n’ai pas l’intention de faire des vieux os ici. Le bac en poche, si Dieu veut, et je me barre. N’importe où ! La Roumanie est une solution. Pas de bac ! Tant pis. Je brûlerai la mer, kho ! Spanya, j’arrive ! 
Revoilà les docus sur le Hirak ! Franchement, M6 n’a vraiment pas tenu son bâton par le bon bout. D’abord, il n’a pas été question de Hirak. Je suis désolé, je n’ai pas vu de Hirak dans ce documentaire. Il est question de trois Algériens de milieux différents, d’éducation différente et de rêves différents. On connaît tout ça. Arrêtez de nous barber avec ces docus à la petite semaine. M6 ne s’est pas foulé le cerveau pour nous pondre ce navet. C’est un ratage complet. Un demandeur d’emploi qui souhaite rencontrer le DG de Sonatrach. Rien que ça ! Comme si un demandeur d’emploi français pouvait rencontrer le DG de Total. Comme ça ! Sur un claquement de doigts ! Puis, il y a la danseuse. C’est bien ! Elle est libre de ses mouvements, c’est bien. Je n’émets aucun jugement de valeur. Elle découche, c’est son droit. Je ne juge pas. Comme on dit, elle est majeure et vaccinée. Elle ne prend pas d’alcool, c’est son goût. Ça ne me regarde pas. Puis, il y a le jeune partisan d’un parti islamiste. Là, M6 affirme que les maternelles n’existent pas chez nous. Il aurait fallu que le journaliste, Bernard de la Villardière, confirme. Puis, les images deviennent tendancieuses. On nous montre une classe « religieuse ». Ça veut dire quoi ? 
C’est de bonne guerre. Nous avons nos télévisions, publiques et privées. Elles n’ont qu’à faire de même. Que fait l’ENTV ? Peut-elle faire un documentaire sur le Hirak ? Oui, elle le peut. Mais si elle le fait, il ne sera pas du goût du peuple. Dès lors, les télévisions étrangères ont encore du pain sur la planche. Il y aura encore des documentaires « sur notre dos ». À bon entendeur !
Léo Ferré, ce poète de la démesure, donnera le clap de fin pour cette chronique : « Je suis d’un autre pays que le vôtre, d’un autre quartier, d’une autre solitude/Je m’invente aujourd’hui des chemins de traverse/Je ne suis plus de chez vous/J’attends des mutants/Biologiquement je m’arrange avec l’idée que je me fais de biologie : je pisse, j’éjacule, je pleure/Il est de toute première instance que nous façonnions nos idées comme s’il s’agissait de produits manufacturés. » 
Y. M.

 


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