Réquisitoire de Louisa Hanoune contre les dirigeants

«Il y a un acharnement contre les acteurs de l’opposition»



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Louisa Hanoune, leader du Parti des travailleurs (PT), est en colère. Hier, à l’ouverture des travaux de la session ordinaire du comité central de son parti, premier du genre depuis sa sortie de prison, Mme Hanoune a brossé un tableau des plus critiques de la situation qui prévaut dans le pays sur tous les plans.

Un véritable réquisitoire : recul des libertés, crise économique et politique, crise sociale, menace sur le multipartisme, encouragement de l’informel, une gestion expéditive des procès liés à la corruption et un projet de Constitution qui ne répond pas aux aspirations des Algériens… En somme, pour la pasionaria du PT, la continuité de la République est désormais en danger. Mme Hanoune est revenue dans son discours sur les informations qu’elle a qualifiées de calomnieuses colportées contre sa personne, sa famille et les militants de son parti durant la période de son incarcération. «On m’a attribué une prétendue fortune.

Une campagne mensongère a été orchestrée contre ma personne et mon entourage. Ceux qui véhiculent ces informations et veulent porter atteinte à ma famille sont en mission commandée. Si j’avais acquis une fortune, le pouvoir aurait utilisé cette brèche pour mon emprisonnement», s’insurge Mme Hanoune, persuadée que le pouvoir qui a pris les rênes après la démission de Bouteflika a usé de tous les moyens pour casser son parti ou l’inciter à changer d’orientations.

Elle cite l’exemple de l’APN et la création, sur «une décision politique centrale», d’un groupe parlementaire parlant au nom du PT. «Le pouvoir veut déstabiliser le parti de l’intérieur ; ce groupe parlementaire usurpatrice et ces personnes usurpatrices agissent sur ordre. Nous avons dénoncé et saisi a maintes reprises le président de l’APN pour mettre fin à ce scandale, en vain», dit-elle.

A partir de sa cellule de prison Mme Hanoune avait, dit-elle, constaté l’exacerbation de la confrontation entre le pouvoir et les Algériens. Chose qu’elle a confirmé sur le terrain une fois sa liberté retrouvée. «Fermeture du champ politique, violences verbales et physiques, acharnement contre la presse, les journalistes et les activistes du hirak. Interpellation tous azimuts. Ce sont de grave dérapages. Nous avons atteint un degré de décomposition inimaginable», s’indigne Mme Hanoune en citant, entre autres, l’exemple du journal El Watan qui a subi des pressions après la publication d’une enquête vérifiée sur les enfants du défunt chef d’état-major Gaïd Salah.

Acharnement contre les acteurs de l’opposition

Mme Hanoune craint pour le multipartisme qui est aujourd’hui en danger. Sinon, comment explique-t-on, s’interroge-t-elle, l’acharnement du pouvoir contre les acteurs de l’opposition. «Chaque jour des militants, des journalistes, sont interpellés et déférés devant la justice. Mieux, aujourd’hui on demande carrément la levée de l’immunité au président du RCD, Mohcene Belabbas ; c’est celle-là la nouvelle République dont ce vantent les nouveaux dirigeants ?», s’offusque la patronne du PT, précisant qu’il n’y a jamais de hasard en politique.

L’autre grand dérapage qu’elle soulève est la demande faite par le pouvoir pour la création de plus de 6000 associations. Cette démarche, selon elle, ouvre la porte à l’explosion de la corruption politique. «Près de 70 associations se sont réunies récemment à l’hôtel El Djazaïr pour revendiquer un quota dans les Assemblées élues. Ceci est très grave. Cette démarche va générer une nouvelle couche parasitaire, une nouvelle clientèle», note Mme Hanoune qui affirme avec insistance que l’objectif des pouvoirs publics est de casser la dynamique populaire et aussi la «caporalisation» et tenir en «camisole» la société.

En évoquant le phénomène de la corruption et les oligarques qu’elle a de tout temps dénoncés, Mme Hanoune pense qu’il est insensé d’expédier en cinq jours un dossier lié à la corruption : «Les affaires de corruption doivent être traitées dans un climat serein et avec une justice indépendante», indique-t-elle. La SG du PT s’est interrogée aussi sur la non-application des dernières décisions portant sur la fin de l’excès de zèle en matière de détention provisoire. «Khalida Toumi est en prison pour une affaire de gestion et récemment Tebboune a annoncé la dépénalisation de l’acte de gestion.

Pourquoi Khalida Toumi n’a pas été remise en liberté en attendant son procès ?» s’est interrogée la première responsable du PT. S’agissant du projet de révision de la Constitution, Mme Hanoune conteste son timing, l’absence de débat et son passage par une Assemblée mal élue et non représentative : «Le projet ne prend pas en considération les aspirations du peuple. Le but des pouvoirs publics à travers cette campagne à sens unique et d’arracher un ‘‘oui’’ lors du référendum».

Par ce subterfuge, le pouvoir, de son avis, confisque la souveraineté populaire et donc la principale aspiration de la majorité du peuple portée par la mobilisation révolutionnaire depuis le 22 février 2019. Par ailleurs, elle a qualifié l’impact social et économique du coronavirus sur l’Algérie de «catastrophique».

Elle reproche au gouvernement «sa mauvaise gestion» d’une crise qui «a révélé au grand jour l’échec du système de santé». Elle s’est élevée également contre ce qu’elle a appelé «le confinement par défaut et par panique». «En raison de cette situation, les Algériens sont pénalisés en raison de l’absence de transport entre les wilayas. Le pouvoir encourage de fait l’informel, le transport au noir ; le commerce illégal, la fraude et la déréglementation».

Notons que la quasi majorité des membres du comité central n’ont pas pu assister aux travaux de cette session en raison de l’absence de transport entre les wilayas, ce qui a irrité davantage Mme Hanoune.


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