Le bouclier de Hussein-Dey



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Après avoir fait toutes ses classes au NAHD, Abdelouahab Maïche fait son apparition en seniors à la fin des années 80 et déjà, il est confronté à un sacré défi, celui de combler le vide laissé au milieu par Ali Fergani parti à la JSK. Et les fans husseindéens découvrent un joueur au tempérament de gagneur qui ne renonce jamais. Menton carré, mâchoire serrée et regard droit, il impressionnait ses adversaires par son abattage et son engagement. Mais ce n'était pas uniquement la sentinelle ou le bouclier nahdiste, c'était aussi un remarquable technicien comme en témoignaient ses relances impeccables. Il ne tarde pas à taper dans l'œil des sélectionneurs et il est appelé en EN en 1983 pour la première fois, mais il faudra attendre la CAN de 1988 au Maroc pour le voir réaliser ses meilleures prestations qui étonneront bien des observateurs. Malheureusement, c'est au cours de cette compétition internationale qu'il subira une grave blessure, suite à un tacle assassin, et qui réduira sa carrière. Disparu, jeudi dernier, suite à une forte intoxication alimentaire, il laissera le souvenir d'un énorme joueur qui avait toujours la réplique juste et parfois humoristique. En effet, il y a quelques semaines, nous l'avions rencontré et nous lui avions fait part de notre souhait de l'interviewer dans le cadre des portraits des anciens joueurs et il nous avait répondu en souriant : «Pas de problème, moi je suis encore jeune, quand vous aurez terminé avec les plus vieux, vous m'appelez.» Le destin en a voulu autrement !
Hassan Boukacem

Sid-Ali Lazazi, ex-attaquant international du NAHD :
«Maïche a fait oublier Fergani»

Sid-Ali Lazazi, l'ex-pur gaucher du NAHD des années 80, vainqueur de la Coupe d’Algérie de 1979 et finaliste de l'édition de 1982, était très lié à Maïche avec lequel il a partagé le vestiaire et la vie pendant plusieurs années. Ami intime du défunt, il est la dernière personne à avoir communiqué avec lui. Il a accepté de témoigner et de revenir sur la personnalité et la carrière de celui qu'il considérait comme son petit frère.
Vous avez débuté au NAHD avec Maïche ?
On a fait nos classes au NAHD, mais comme il y avait une différence d'âge de deux ans entre nous, ce n'est qu'en séniors que l'on s'est retrouvé ensemble. Et dès son apparition avec les séniors, il s'est retrouvé confronté à un grand défi, celui de compenser le départ de Ali Fergani qui rayonnait au milieu de terrain. Il a pris son numéro, le huit, et je dois dire qu'il l'a bien remplacé au point même de le faire oublier, ce qui était loin d'être acquis et pas à la portée de n'importe qui.
Vous qui étiez son ami intime, quel genre de personne était-il ?
C'était une personne très agréable à vivre, calme et qui n'aimait pas envenimer les choses. Dès qu'il y avait un problème ou de la tension, il faisait preuve de retenue et comme j'étais plus âgé que lui je le considérais comme mon petit frère. C'était un homme très pieux. Il ne ratait en aucun cas ses prières. D'ailleurs, même dans l'ambulance qui l'emmenait vers l'hôpital, il priait.
On dit que vous avez vécu ses derniers instants à l’hôpital ?
Le jour de sa mort, on n'a pas pu accéder à l'hôpital, mais je l'ai appelé au téléphone et je suis le seul auquel il a décroché.
Et que vous a-t-il dit ?
Je lui ai dit que l'on ne pouvait pas entrer à l'hôpital mais je lui ai souhaité le rétablissement et un rapide retour parmi nous. Il m'a juste dit merci, car il était très souffrant et il avait du mal à respirer.
Quel type de joueur était-il sur le terrain ?
Ah, sur le terrain c'était un vrai baroudeur, un milieu défensif très technique. Son rôle était essentiel. A l'époque, il y avait de nombreux numéros «10» très talentueux comme Belloumi, Yahi, Meziani et Adjissa et à chaque fois, il était confronté directement à ces milieux offensifs parce qu'il était chargé de les contrecarrer. Je me souviens d'un match qu'on avait disputé à Sétif, sa ville natale, contre l'ESS dont le meneur de jeu était Adjissa et ce jour, il ne l'a pas lâché d'une semelle et il l'a complètement muselé.
Certains disent que si Kaci-Saïd ne s’était pas blessé, il n’aurait pas pu participer à la CAN de 1988 au Maroc où il a brillé d’ailleurs ?
Non pas du tout. Il était dans les agendas des sélectionneurs depuis 1983 grâce à son talent. Au Maroc justement, il a non seulement brillé, mais il a fait preuve d'un grand patriotisme. Il avait été blessé, mais il a refusé de sortir au cours du match et il a continué à jouer en aggravant son cas et après, il n'en pouvait plus et il a été obligé de quitter ses coéquipiers. Je n'en connais pas beaucoup qui auraient réagi comme lui avec autant de courage.
Que retenez-vous de l’homme qu’était Maïche ?
Moi je ne dis pas Maïche, je veux parler de ce petit frère que je viens de perdre à tout jamais. Je suis en train de vous parler tout en retenant mes larmes. C'était un gars aimé par tout le monde. A son enterrement, les gens sont venus de partout. Même la famille des Tonkin de Bordj-Menaïel était là. Et je voudrais transmettre un message aux supporters husseindéens.
Lequel ?
Je pense qu'il a défendu de tout son cœur le maillot du NAHD, mais il n'a pas eu la reconnaissance qu'il méritait. Alors, je leur demande d'avoir une pensée pour lui. Allah yerrahmou et puisse-t-Il l'accueillir dans son Vaste Paradis.
Propos recueillis par Hassan Boukacem


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