Economie nationale

Le degré zéro de l’information statistique



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A l’ère du numérique et de l’information instantanée, l’Algérie – qui pourtant vante dans son discours officiel toutes les acquisitions technologiques du pays et encense son triomphalisme béat sur le développement de l’outil internet – s’autorise encore tous les errements en la matière.

L’information statistique en Algérie est quasiment inexistante. Et cela est d’autant plus vrai que lorsqu’il arrive qu’elle soit disponible pour les utilisateurs, soyez certain qu’elle est déjà obsolète au moment où elle est rendue publique, dans la majorité des cas.

A l’ère du numérique et de l’information instantanée, l’Algérie – qui pourtant vante dans son discours officiel toutes les acquisitions technologiques du pays et encense son triomphalisme béat sur le développement de l’outil internet – s’autorise encore tous les errements en la matière. Il y a lieu de faire une petite virée sur la Toile pour s’en convaincre.

La plupart des sites web visités, relatifs à l’information économique et sociale, montrent toute l’étendue du désastre.

Avec un coup d’œil rapidement jeté sur les sites de banques algériennes, et au premier rang desquelles la Banque d’Algérie ou même l’Association des banques et établissements financiers (ABEF), ou les organismes de production des statistiques, à l’instar de l’ONS, il apparaît à quel point la communication reste le talon d’Achille de ces entités publiques.

Evidemment, la responsabilité du gouvernement est entièrement engagée.

Car si l’infrastructure existe bel et bien depuis fort longtemps sur le champ de la com, en ayant vu des entreprises et administrations publiques investir ce créneau à coups de millions, donnant à voir des sites électroniques qui vous en mettent plein les yeux, il n’en demeure pas moins que leur utilité ne suit pas dans la majorité des cas.

Leur animation et la disponibilité des informations manquent toujours au rendez-vous.

Et quand il arrive que ces infos soient disponibles, elles datent de longtemps. Exemple, sur le site de la Banque d’Algérie (www.bank-of-algeria.dz) les dernières statistiques monétaires censées refléter la situation mensuelle de l’institution remontent à 2019. Aucune nouvelle donnée pour l’année 2020 n’est donc disponible.

Les notes de conjoncture traitant des tendances monétaires et financières s’arrêtent au second semestre de l’année 2018. Les statistiques sociales sont elles aussi frappées d’un anachronisme affligeant.

Très peu d’enquêtes sociales sont publiées depuis plusieurs années pour examiner l’évolution des tendances dans de nombreux domaines que sont l’emploi et le chômage, la santé, l’habitat, l’éducation, les salaires, etc.

D’un simple clic sur la rubrique santé dans le chapitre relatif aux statistiques sociales sur le portail de l’ONS (www.ons.dz) s’affiche l’enquête menée durant la période 2003-2008.

Il est aisé de mesurer l’immensité du désert qui caractérise ce champ d’études sur les questions économiques et sociales.

On peut sérier les exemples à n’en pas finir sur le décalage des informations publiées par les organismes de production de l’information économique et sociale ou les statistiques financières avec la réalité du pays.

Assez souvent, la différence d’âge entre ces bulletins et la situation du réel est on ne peut plus criante.

Un grand gâchis

Se pose ainsi la question de savoir pourquoi cette négligence, voire ce grand gâchis dans un domaine où l’approximation ne doit pas avoir droit de cité.

Car de l’aveu de beaucoup de spécialistes de l’information statistique, de nombreux travaux d’enquête sont menés au sein de ces organismes.

Mais les conclusions qui s’en dégagent, elles, sont devenues prisonnières de la volonté politique du pouvoir qui cherche souvent à la contrôler.

De l’aveu même du président de la Cour des comptes mardi dernier, les rapports annuels établis par son organisme, dans le cadre de la gestion de l’argent public, n’ont jamais été publiés durant le règne de Bouteflika.

Est-ce un hasard si en Algérie il n’existe pas à ce jour un organisme autonome de production de la statistique. Cela est un secret de polichinelle. Les politiques, ceux de l’opposition en l’occurrence, comme les experts le savent fort bien.

Assez souvent, la publication des chiffres sensibles sur la conjoncture économique du pays ou sur l’évolution des agrégats, dont la lecture peut mener à des conclusions «politiquement incorrectes», sont tributaires de l’agenda du pouvoir afin d’en assurer un meilleur contrôle.

L’un des cas emblématiques de la volonté de brider la liberté d’expression sur ce registre a été de mettre en veilleuse le très tonitruant CNES de feu Mohamed Salah Mentouri, qui arrivait souvent, de par les conclusions de ses rapports d’expertise multisectoriels, à mettre le doigt sur la plaie.

Cet espace d’expression libre et de débats contradictoires dont auraient pu se nourrir les dirigeants a été vite sacrifié sous Bouteflika sur l’autel d’un présidentialisme suranné qui ne souffre aucune contradiction et ne tolère aucune autre expertise que celle officielle, fut-elle infondée quand elle existe déjà. Le pouvoir reste ainsi comme frappé d’autisme.

Même le secteur économique a fini par succomber lui aussi à la tentation de ne point consentir d’effort pour communiquer.

Combien de sites, de portails web sont désuets et ne tiennent même pas leurs coordonnées à jour. Il n’est pas exagéré d’affirmer que la plupart de ces société ont abandonné leur site aussi rapidement qu’elles l’ont créé.

Pendant tout ce temps que font les autorités en charge de ce secteur ? Rien ou presque qui puisse le sortir de l’ornière.

Force est de constater que le pouvoir est plus enclin à mettre les lignes rouges à tout acte visant à faire sauter les barrières limitant tout débat contradictoire ô combien utile pour le pays en ce moment où tout semble aller à vau-l’eau.

La transparence reste cet effort dont doit s’acquitter d’entrée tout gouvernement s’il veut vraiment prétendre à la crédibilité. 


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