Dr Mustapha Zebdi. Président de l’Association algérienne de protection et d’orientation du consommateur et de son environnement (Apoce)

«Il faut diversifier les sources de viandes rouges pour avoir des fourchettes de prix abordables»



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– Comme à chaque événement, les prix de la viande rouge ont pris des ailes. Comment expliquez-vous cette situation récurrente ?

Contrairement aux années passées, les prix des viandes rouges sont restés stables pendant une bonne petite période. La cause est liée directement au confinement imposé suite à la propagation de la pandémie de coronavirus, où il n’y a pas eu de fêtes de mariages, à l’exception de l’Aïd El Adha où les prix ont flambé. Après l’interdiction d’importation de viandes rouges, nous avons constaté une hausse des prix de vente de détail estimée à +30%.

Il s’agit ici de la viande rouge congelée. Nous saluons cette décision d’interdiction d’importation de viande fraîche et congelée. L’unique importation possible est celle des têtes d’ovin et de bovin. Le passage obligatoire par l’abattage permet le maintien, voire l’évolution de la main-d’œuvre dans ce secteur.

Cela donne une valeur ajoutée qui ne peut qu’être bénéfique à cette filière. Le maintien des prix ne peut se faire que si cette forme d’importation comblera la place occupée par la viande congelée. Si le cas est contraire, les prix risquent de prendre une courbe ascendante.

Les viandes qui seront les plus touchées par cette hausse dans ce cas sont sans aucun doute la viande bovine. C’est la filière d’élevage qui accuse un véritable déficit dans notre pays. La grande majorité de la viande rouge bovine disponible sur le marché est importée. Ceci contrairement à l’ovin où la production est considérable.

– Les intermédiaires entre l’éleveur et le consommateur sont souvent pointés du doigt lors de ces épisodes de flambée des prix. Qu’en pensez-vous ?

Il faut le dire, par rapport aux revenus du consommateur algérien, le prix de la viande rouge est très cher. Contrairement à la filière des fruits et légumes, le nombre d’intermédiaires est connu. Ils sont des métiers indispensables à la filière.

Même les grossistes aujourd’hui, achètent directement de l’éleveur un certain nombre de têtes destinées à l’abattage. Vous allez me dire : pourquoi y a-t-il alors une différence de prix entre ceux de l’éleveur et ceux proposés au consommateur ?

La réponse est simple : c’est la marge de bénéfice, notamment pour les importateurs. Il y a aussi un manque de traçabilité dans la chaîne de distribution ne permettant pas ainsi de vérifier l’évolution du prix de l’étable jusqu’à la table.

– Quelles sont les solutions possibles ?

En plus d’un travail sur la traçabilité et la marge de bénéfices, il est important de diversifier les sources de la viande. Nous avons un patrimoine animal très riche dans le Sud. La viande cameline est très bénéfique pour le corps humain.

Les régions du Sud peuvent très bien combler le manque de viande rouge bovine essentiellement par ce type de viande marginalisé. Cela permettra de créer une véritable richesse dans ces régions du Sud. De plus, il existe des races de mouton qui ne sont pas très chères.

En plus de dynamiser la filière de l’élevage dans ces régions déshéritées du Sud algérien et créer des postes d’emploi durables avec des abattoirs sur place, notamment dans la région de Tindouf, cela permettra de diversifier les types de viandes et aussi la fourchette de prix.

Cela permettra aussi de redonner vie à la filière de l’élevage en général et aussi au cheptel. L’investissement dans ce volet ne peut qu’être bénéfique. Malheureusement, nos autorités n’ont jamais pris au sérieux ce volet très prometteur et source de richesses.


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