Mosquée d’Alger

munificence de l’ouvrage, mais ardoise «secrète»



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En attendant la sanctification accordée par les principaux fakihs de la oumma musulmane, la nouvelle grande mosquée de la capitale est déjà classée, par plusieurs institutions religieuses, comme la plus impressionnante de toutes, à l’exception de celles de La Mecque et Médine. Voilà donc une notoriété dûment établie hors de nos frontières tout en laissant dubitatif l’Algérien qui se pose à lui-même de subtiles questions ne relevant certainement pas du rayonnement de la foi mais ayant trait à son coût. Autant dire que depuis quelques années, bon nombre d’assertions (rumeurs ?) peu ragoutantes furent à l’origine de discussions sans qu’aucune d’elles ne connaisse cependant un début de véracité. Par contre, l’opinion n’a pas, depuis l’an 2007, tari d’anecdotes voire de ridicules jugements visant l’ex-chef de l’État. Le soupçonnant d’être atteint du délire mystique, elle lui reprochait, en riant parfois mais aussi en colère souvent, de consacrer aux bonnes œuvres de Dieu un pactole public qui ne lui appartenait pas. 
Voilà une accusation de bon sens qui n’a pas manqué d’introduire autant de doutes au sujet de son financement. Il est vrai que durant la période de son magistère, l’on ne pouvait affirmer que l’équité et le bien-être social prospéraient. Bien au contraire, chaque jour que Dieu faisait, des cris de détresse montaient vers cette céleste puissance. Or, était-il moral de puiser dans la fortune commune au peuple des fonds destinés à une gigantesque offrande religieuse alors que la grogne des chaumières était perceptible à tous moments ? Bien évidemment, certains diront que l’on mélange ou plutôt que l’on confond tout et le reste. Et que se référer au caractère «moral» sur ce sujet est inapproprié si tant est que l’action de Bouteflika était intrinsèquement morale par son intention. Soit, mais alors qualifions simplement cette ponction financière d’indécente par sa disproportion dès lors qu’elle prive une bonne partie de la population du strict nécessaire pour survivre en ne substituant qu’un office pour des incantations à ces musulmans aux ventres creux !
À travers donc cette immensité architecturale que l’on s’apprête à inaugurer, l’on ne peut, hélas, s’empêcher d’y deviner un déplorable mimétisme avec le supposé «Grand œuvre» d’un monarque voisin, lequel, à son époque, n’avait pourtant pas puisé directement dans les caisses du royaume, préférant instaurer, d’autorité certes, un impôt de la foi dont la méthode et l’inspiration rappellent les deniers du culte». Comme quoi, dirait le sage, la foi n’a point besoin de la sordide compétition dans le domaine des coûteuses magnificences alors que des océans de misère multiplient leurs vagues. Cela serait même la négation d’une religion lorsqu’en son nom, l’on prétend gagner les faveurs célestes en accomplissant des prières sous de fabuleux lustres dorés pesant des tonnes et dont les prix de chacun d’eux rivalisent avec 40 années de labeur d’un ouvrier !
Cela dit, il nous faudra insister à propos de la facture. Car, quand bien même cette glorification architecturale sera dans le futur notre talisman national, il n’est pas dit qu’elle sera destinée à sauver collectivement nos âmes. Par contre, l’on ne peut se payer le luxe d’une omission à propos de l’orthodoxie de la procédure. Autrement dit, le gouvernement et le Parlement avaient-ils endossé initialement le projet ou, au contraire, le chef de l’État l’avait-il considéré comme un dossier ne relevant que de son pouvoir discrétionnaire ? C’est-à-dire un monopole présidentiel au-dessus de toutes les contraintes procédurales concernant le recours au financement. C’était là des questions qui auraient dû être posées. À ce propos, quelques bribes d’informations ont circulé et qui situaient son financement à des niveaux vertigineux. En un mot, l’on a jonglé ici et là entre 1 et 2 milliards de dollars ! Un ordre de grandeur que la technicité de certains hauts fonctionnaires en mesure de convertir ce budget en d’autres possibilités d’investissement imaginèrent des objectifs profanes. Leur parallèle était sidérant, puisqu’avec une telle somme, l’Algérie était en mesure de réaliser, à partir de 2011, 8 universités capables de recevoir chacune 50 000 étudiants et de surcroît il était possible de financer la recherche scientifique sur une durée de 20 années ! L’on peut à satiété s’amuser à affecter autrement cette donation à la religion en les transposant dans des projets du bien-être terrestre. Une virtualité qui, pourtant, étonne par sa proximité avec les préceptes de la foi bien mieux que tous les minarets taquinant les nuages. Dire les choses ainsi n’est évidemment ni blessant pour le croyant ni blasphématoire à l’encontre de la foi. Il n’y a que la tartuferie de la nomenklatura et les bondieuseries crépusculaires de «fakirs», que combattent l’immense Arkoun et ses travaux relatifs à la foi, pour s’en offusquer.
Anticiper par conséquent sur l’histoire qui s’écrira avec pour sujet les 12 années (2007-2019) de son chantier sera un exercice difficile, tant il est vrai que l’opacité du palais avait voulu qu’il en soit ainsi. En effet, jamais Bouteflika n’avait été disposé à apporter la moindre clarification publique sur les procédures légales, encore moins à s’exprimer à travers «l’organisme-alibi» qu’il mit en place. 
En effet, une agence a été créée qui ne s’était manifestée que lorsqu’on l’actionnait. C’est-à-dire… presque jamais ! Économe dans le domaine de la communication, elle cultive à ce jour une étrange omerta, comme s’il s’agissait d’un secret d’État. 
Une paradoxale discrétion qui suppose que la moindre allusion de sa part se transformerait en «révélation» explosive.
En définitive, il n’est pas excessif de conclure d’une manière lyrico-religieuse que la «foi», dont se revendiquaient les princes qui nous ont gouvernés jusqu’à 2019, n’avait trouvé de meilleur rachat à leur conscience que de se réfugier dans une donation pour laquelle ils ne consacrèrent pas le moindre dinar de leur richesse personnelle. En fait, ils voulaient acheter une grâce divine mais aussi une réputation sociale au supermarché des rites.
B. H.


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