De retour du Mali, un terroriste algérien revient sur la libération des otages malien et français

30 millions d’euros et plus de 200 terroristes libérés



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Arrêté la semaine dernière à Tlemcen, après son retour du nord du Mali, le terroriste Mustapha Derrar affirme avoir été élargi par les autorités maliennes, dans le cadre d’une «transaction» pour la libération, le 8 octobre, de la Française Sophie Petronin, de deux Italiens, le prêtre Pier Luisi Maccalli et Niccola Chiaccio, et du chef de l’opposition malienne, Soumaila Cissé, en contrepartie du paiement d’une rançon de 30 millions d’euros et de la libération de 207 terroristes, détenus dans les prisons maliennes. Parmi ces derniers, de nombreux Algériens, dont certains ont pris part à l’enlèvement de nos diplomates à Gao, en 2012.

Après avoir rejoint le nord du Mali en 2012, où il entraînait, avec un Tunisien, les enfants au maniement des armes et à la guérilla, sous l’égide du GSIM (Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans), dirigé par Iyad Ag Ghali, Mustapha Derrar, plus connu sous le pseudonyme de Mustapha El Djazaïri, a été arrêté le 26 janvier 2013.

L’armée malienne venait de donner l’assaut au campement, tuant plusieurs terroristes et en arrêtant d’autres, parmi lesquels de nombreux blessés.

Incarcéré, il est condamné à la prison à vie. Au début du mois d’octobre, il est d’abord informé par ses codétenus «des négociations menées par les autorités françaises et maliennes» avec le groupe de Iyad Ag Ghali, pour «échanger» des terroristes emprisonnés contre la libération de quatre otages, deux Italiens, une Française et le chef de l’opposition malienne, Soumaila Cissé.

Mais une fois sorti de prison, il apprendra de ses acolytes que l’humanitaire française Sophie Petronin, enlevée en décembre 2016 à Gao, les deux Italiens, le prêtre Pier Luisi Maccali, kidnappé en mai 2019 au Mali, et Nicola Chiaccio, enlevé en 2018 au Niger, ainsi que Soumaila Cissé ont été libérés en contrepartie du paiement d’une rançon de 30 millions d’euros et de la libération de 207 terroristes.

L’enregistrement de ses aveux a été diffusé sur plusieurs chaînes de la télévision algérienne, accompagné d’un communiqué du ministère de la Défense algérienne qui, pour la première fois, évoque «des négociations menées par des parties étrangères ayant abouti à conclure un accord, via lequel plus de 200 terroristes ont été libérés et une rançon importante a été versée aux groupes terroristes contre la libération de trois otages européens».

Le communiqué et la diffusion des aveux filmés du terroriste, arrêté le 27 octobre, à Tlemcen, après «une surveillance de ses mouvements», remettent en cause le démenti du gouvernement français, par la voix de son Premier ministre, Jean Castex, quant à une «quelconque négociation» avec les terroristes ou tout «paiement d’une rançon» pour la libération des otages au nord du Mali.

La réaction du ministère de la Défense laisse transparaître une colère contre cette «transaction» qui, selon des sources sécuritaires, a permis la libération de 207 terroristes, qui étaient en détention au Mali, mais aussi une centaine d’autres qui étaient détenus ailleurs. Parmi eux, de nombreux Algériens, certains avaient pris part à l’enlèvement de nos diplomates à Gao, d’autres, à l’attaque contre le complexe gazier de Tiguentourine, et parmi lesquels, des lieutenants de Belmokhtar.

Pour ce qui est de la rançon, nos interlocuteurs pensent qu’elle est plus importante que les 30 millions d’euros reconnus par certains prisonniers libérés et avoisinerait les 50 millions d’euros. «La somme était au début arrêtée par le GSIM, que dirige Iyad Ag Ghali, à 6 millions d’euros pour la libération de l’humanitaire française.

Mais par la suite, il y a eu interférence des terroristes de Daech, qui détenaient les deux Italiens au nord du Mali, dans une zone qu’ils contrôlent et qui n’était pas loin de celle du GSIM. Ils négociaient avec le Vatican et les autorités italiennes, par l’intermédiaire de personnalités locales.

Finalement, les deux groupes ont augmenté les enchères et fini par avoir le maximum. Les deux groupes, aidés par des narco-trafiquants, vont se doter de moyens militaires sophistiqués et renforcer leur capacité de nuisance», expliquent nos sources.

Cette transaction nous rappelle celle de 2006, lorsque Abderrazak El Para avait encaissé 5 millions d’euros pour la libération des touristes allemands et autrichiens, enlevés en Algérie et qu’il a exfiltrés, sous la pression des pays occidentaux, vers le nord du Mali pour négocier une rançon contre leur libération.

La somme lui a permis d’acquérir d’importantes quantités d’armes et de munitions, renforçant ainsi les capacités de ses groupes, qui ont pris le contrôle de tout le nord du Mali.

L’histoire se répète et la colère d’Alger n’est pas passée inaperçue. Lors de la visite du ministre de la Défense français, Jean-Yves Le Drian, les discussions avec les autorités algériennes étaient très froides. Et son accueil sur le tarmac de l’aéroport Houari Boumediéne par un directeur général des Affaires étrangères était révélateur.

Depuis des années, l’Algérie ne cesse de militer au sein des organismes onusiens pour la criminalisation du paiement des rançons aux groupes terroristes, en contrepartie de la libération d’otages, estimant que ces transactions constituent une source de financement du terrorisme international, qui a explosé à nos frontières dans la bande sahélo-saharienne.


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