Brahim Guendouzi. Docteur en économie

«Le financement monétaire reste insuffisant face à l’énorme déficit budgétaire»



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– Le gouvernement table en partie sur la finance islamique pour combler les déficits et capter, un tant soit peu, l’argent du circuit informel. Pensez-vous que cela soit possible ?

Il est clair que l’économie algérienne est en récession, c’est-à-dire absence de croissance pour cette année 2020. Ceci implique une action volontariste de l’Etat pour 2021 afin d’essayer de juguler cette situation et s’inscrire vers un retour de la croissance.

Ceci va se traduire certainement par une hausse des dépenses publiques mais avec une réallocation des ressources en faveur de certains secteurs.

Des possibilités de financement existent dans la finance participative dont la Banque d’Algérie lui a consacré le règlement n°20-02 du 15 mars 2020, définissant les opérations de banque relevant de la finance islamique et les conditions de leur exercice par les banques et établissements financiers, fixant ainsi les modalités et caractéristiques techniques de leur mise en œuvre.

La BNA a lancé récemment sur le marché quelques produits bancaires islamiques espérant convaincre des épargnants de l’intérêt de ce type de produits. L’argent de l’informel est ainsi ciblé avec la mise en place des mécanismes de la finance islamique.

Cependant, avec les tentatives menées par le passé, il est peu probable dans l’état actuel de fonctionnement du système bancaire et monétaire, de pouvoir capter une si grande masse monétaire en circulation en dehors des circuits bancaires.

Il faut peut-être attendre l’évolution de l’écosystème monétaire et financier avec un retour de la confiance et surtout la création d’établissements spécialisés en finance islamique sous la forme de banques mixtes (public-privé) pour espérer capter plus d’épargne disponible dans l’informel.

– Le déficit budgétaire prévu dans le cadre du Projet de loi de finances (PLF) 2021 sera financé, selon le ministre des Finances, à travers l’application des mécanismes de la politique monétaire, stipulés dans la loi, en concertation avec la Banque d’Algérie. Selon lui, il s’agit en particulier d’utiliser une partie des réserves et affectations constituées par la Banque centrale. Il sera procédé également au placement d’une partie des fonds propres de la Banque d’Algérie en bons du Trésor. La BA en a-t-elle les moyens, et quelles sont, selon vous, les chances de réussite de cet instrument ?

Le financement monétaire sans recours au financement non conventionnel (planche à billets) est à l’heure actuelle le plus indiqué pour couvrir une partie du déficit budgétaire.

La Banque d’Algérie pourrait venir au secours du Trésor par la distribution d’un dividende exceptionnel de mille milliards de dinars à partir des provisions détenues et disponibles dans son actif, sans affecter la dette publique.

Ce procédé est un financement monétaire qui consiste à distribuer un dividende que la BA possède et le mettre sans aucune contrainte à la disposition du Trésor public. L’avantage de cette formule est qu’il n’y aura pas d’endettement interne du Trésor.

La loi de finances 2017 dans son article 102 a prévu mécanisme. Il peut y avoir également l’utilisation du réescompte des titres particulièrement les bons du Trésor détenus par les banques, avec une décote intéressante et un taux d’intérêt faible.

L’avantage de ces mécanismes est la disponibilité des ressources en faveur du Trésor et que cela ne nécessite pas de temps puisque c’est immédiat.

Cependant ce financement monétaire reste insuffisant face à l’énorme déficit budgétaire qui risque de s’aggraver et accentuer la détérioration des équilibres macroéconomiques.

– Pensez-vous que le gouvernement, dans la trajectoire de sa politique actuelle, puisse trouver les financements en ayant recours à l’ouverture du capital des banques publiques au privé et à l’investissement étranger, dans une situation de crise et de dépréciation du dinar ?

Ces différentes sources de financement sont certes souhaitées mais restent improbables sur une échéance de court terme (horizon temporel 2021).

La conjoncture de récession économique conjuguée à la pandémie de Covid-19, dont l’évolution reste incertaine, ne permet pas dans l’immédiat de mettre en place de nouveaux mécanismes complexes dont l’effet est immédiat alors que l’urgence est dans la couverture des dépenses publiques en forte hausse avec les recettes en nette baisse, que ce soit la fiscalité pétrolière ou ordinaire.

D’autant plus que le gouvernement doit préparer des textes juridiques pour couvrir des opérations aussi importantes que celles de la cession d’actifs publics.


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