Contaminations au coronavirus et hôpitaux saturés

La grande inquiétude des citoyens



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Concernant les chiffres officiels, qui ont dépassé aujourd’hui la barre des 1000 cas/jour, le Dr Mohamed Yousfi souligne qu’ils sont basés sur les malades hospitalisés ayant effectué les tests PCR. Or, il faut savoir que l’Algérie ne fait pas de dépistage massif et que le nombre de rapporteurs n’est pas suffisant.

Le seuil symbolique des 1000 cas de nouvelles contaminations au coronavirus par jour est désormais franchi.

Le bilan officiel de l’évolution de la pandémie du nouveau coronavirus a atteint, mardi 17 novembre, 1002 nouveaux cas confirmés et 18 morts ces dernières 24 heures, selon les chiffres donnés par le porte-parole du comité scientifique de suivi de l’évolution de la pandémie de coronavirus, le Dr Djamel Fourar.

Le Dr Mohammed Yousfi, chef de service des maladies infectieuses à l’hôpital de Boufarik, estime que les raisons de cette augmentation sont claires, citant notamment l’abandon des mesures barrières et le relâchement du contrôle sanitaire.

«Il faut maintenant se faire à l’idée que nous devons vivre avec ce virus durant des mois, voire des années, y compris après le vaccin.

Il est essentiel aujourd’hui de se ressaisir car nous nous apprêtons à affronter une vague de contaminations bien plus importante, surtout si ces deux conditions (respect des mesures barrières et contrôle sanitaire, ndlr) ne sont pas toujours pas réunies», explique-t-il.

«Des célébrations de mariage ont été organisées au vu et au su de tout le monde pas plus tard que la semaine dernière, fulmine-t-il. L’Etat doit aujourd’hui exercer son pouvoir de contrôle.» Il fait part de l’épuisement du personnel médical mis à rude épreuve depuis le 29 février (première apparition de cas dans l’hôpital de Boufarik).

Ces dernières semaines sont particulièrement éprouvantes car le virus touche toutes les tranches d’âge, présentant plus de gênes respiratoires. «Cette nouvelle vague arrive plus rapidement que prévu.

En comparaison avec le printemps dernier, nous constatons qu’il y a plus de jeunes, que la transmission est plus rapide et qu’ils présentent des formes plus graves de la maladie, nécessitant plus d’oxygène, ce qui est problématique chez nous car il n’y a qu’un seul fournisseur», constate-t-il.

Se basant sur son expérience à la tête du service infectiologie de Boufarik (qui a eu à traiter plus de 2000 malades depuis le début de la pandémie), il remarque aussi que les décès sont plus fréquents. «Nous avons eu des malades qui sont décédés avant même qu’on ait eu le temps de les envoyer au service de réanimation», regrette-t-il.

Quant aux chiffres officiels, qui ont dépassé aujourd’hui la barre des 1000 cas/jour, le Dr Mohamed Yousfi souligne qu’ils sont basés sur les malades hospitalisés ayant effectué les tests PCR.

Or, il faut savoir que l’Algérie ne fait pas de dépistage massif et que le nombre de rapporteurs n’est pas suffisant. «Aujourd’hui, tout le monde doit être considéré ‘‘Covid+’’ jusqu’à preuve du contraire», résume-t-il.

Les chiffres présentent une impressionnante courbe ascendante. Pratiquement toutes les wilayas de la sous-région est-ouest observent une augmentation des notifications de cas ces dernières semaines, si l’on en croit les chiffres hebdomadaires publiés par l’Institut national de santé publique (INSP).

Certaines régions, peut-on lire sur leur bulletin hebdomadaire, ont enregistré une explosion des cas allant jusqu’à des hausses de l’ordre de 300% et même 700%.

Les épidémiologistes de l’Insp notent que ce sont les wilayas les moins peuplées ou qui avaient été très peu touchées lors du précédent épisode qui enregistrent les taux d’accroissement les plus élevés. Il s’agit notamment d’Oum El Bouaghi, Tébessa, M’sila… Les hospitalisations sont également en nette augmentation.

Pour mieux comprendre l’évolution des contaminations, il est intéressant de se pencher sur le bulletin épidémiologique détaillé de l’Institut national de santé publique qui a consacré cette semaine un zoom sur la sous-région est-ouest de l’Algérie.

Hausse des hospitalisations

Les épidémiologistes y constatent une augmentation importante des déclarations hebdomadaires des cas PCR+ ces dernières semaines.

Ainsi, on passe de 598 nouveaux cas entre le 1er et le 7 novembre, à 1012 cas entre le 8 et le 14 novembre, soit un accroissement de 69,2%.

Dans certaines régions, les hausses dépassent largement les 100%. Cette hausse a débuté la semaine du 11 au 17 octobre, jusqu’à ce jour.

Mila et M’sila observent une importante augmentation des notifications hebdomadaires, estimée respectivement à 750% (de 10 à 85 cas) et 195,1% (de 61 à 180 cas).

Pour Sétif et Jijel, ce taux est respectivement de 84,6 et 58,3%. Dans la région est-centre, il est noté également une augmentation régulière des notifications des cas confirmés depuis la semaine du 4 au 10 octobre. «Au cours des deux dernières semaines, cette hausse est estimée à 105,1 et 140,7% (…). Deux wilayas enregistrent une augmentation des cas. Ce sont Oum El Bouaghi (377,3%, de 22 à 105 cas) et Constantine (165,9%, de 91 à 242)», peut-on y lire.

Pour les cas dépistés par l’imagerie médicale, la hausse des notifications a démarré entre le 25 et le 31 octobre (363,6%, de 66 à 306 cas) et se poursuit jusqu’à ce jour. «L’accroissement au cours des sept derniers jours est de 42,6% versus 1,3% la semaine précédente, avec 310 cas hebdomadaires notifiés entre le 1er et le 7 novembre versus 442 entre le 8 et le 14 novembre.

Le nombre de cas déclarés a augmenté pour toutes les wilayas de 100%, 68,9%, 48,9% et de 19,1%, respectivement pour Khenchela, Skikda, Oum El Bouaghi et Constantine.

La sous-région Est du pays se caractérise, par ailleurs, par la hausse la plus importante des cas PCR+ au cours de la semaine du 7 au 14 novembre, avec un accroissement de 234,5%, le nombre de cas déclarés passant de 119 à 398.

Toutes les wilayas ont enregistré une augmentation du nombre hebdomadaire de nouveaux cas, qui varie de 64,5% (Souk Ahras : 31 à 51) à 670,6% (Tébessa : 17 à 131).

Aussi, la courbe des hospitalisations affiche-t-elle une phase ascendante à partir du 1er octobre à ce jour, notamment dans la sous-région de l’Est. «Jusqu’au 11, le nombre de patients en structures hospitalières est inférieur à 900 par jour, détaille le document.

Du 12 au 17 octobre, le nombre de malades se situe entre 900 et 1000. A partir du 18, ce chiffre dépasse le seuil des 1000 pour atteindre 1539 patients Covid-19 hospitalisés le 31 octobre.

La moyenne quotidienne pour le mois d’octobre est de 1069 patients. Pour les quatorze premiers jours de novembre, on enregistre un nombre moyen quotidien de 1952,4 patients Covid-19 en structures hospitalières, avec des extrêmes de 1631 et de 2265 respectivement le 1er et le 14 octobre.

On peut noter que la moyenne quotidienne est supérieure à celle observée en août, où le nombre de patients hospitalisés a varié de 1437 (le 27 août) à 2883 (le 8 août)».

Pour ce qui est des patients hospitalisés en réanimation selon les sous-régions de l’Est, il est à constater que durant le mois de novembre, le nombre les malades admis en Unités de soins intensifs (USI) a dépassé les 100 cas, avec un pic de 127 le 12 novembre, chiffre jamais atteint auparavant dans cette région.

Durant les sept derniers jours, on enregistre un nombre moyen de patients en USI de 117,1 par jour. «Pour la sous-région est-ouest, la hausse des hospitalisations en réanimation s’est intensifiée au cours des deux dernières semaines, avec en moyenne 63,6 patients par jour durant la dernière semaine versus 49,6 la semaine précédente, soit un accroissement de 28,2%.

La valeur maximale est enregistrée le 12 novembre avec 70 patients en USI. Durant la semaine du 8 au 14 novembre, Jijel et Sétif totalisaient 66,0% des patients en USI de leur sous-région», précise-t-on.


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