Khaled Bouzidi- Directeur de l’institution culturelle Rhizome

«Il est important d’inscrire l’art au cœur de la capitale»



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Rhizome est une institution culturelle mûrement réfléchie depuis quelques années enrichie par une longue expérience dans le domaine de l’art visuel. Codirigé par trois ambitieux jeunes, l’un d’eux, le directeur Khaled Bouzidi, nous explique les ambitions de cette nouvelle institution.

 

-Pourriez-vous revenir sur la genèse du projet Rhizome ?

Disons que ce n’est plus un projet mais une institution culturelle. Il faut savoir que Rhizome existe depuis 2017. Cette institution existait comme un espace non visible, jusqu’à l’ouverture de ce lieu là sur la rue Didouche Mourad. On a travaillé principalement sur le développement de carrière d’artiste, jusqu’à qu’on ouvre cet espace qui regroupe une galerie d’art, un atelier de travail et un lieu de résidence. Rhizome est codirigé par trois personnes et collègues. Il y a Myriam Amroun en charge de la programmation culturelle, Yanis Ouabadi en charge de la médiation culturelle et moi en qualité de directeur.

Me concernant, j’ai fait art et politique à Sciences Po Paris. Disons que c’est un peu mon métier. Il ne faut pas oublier que nous avons une expérience de dix ans dans le secteur. Nous avons travaillé dans le collectif.  Nous avons organisé des manifestations dans des espaces publics tels qu’entre autres Djart Et Medreb. Nous nous sommes spécialisés de plus en plus dans les arts visuels de part, nos rencontres avec les artistes qu’on a eu à connaitre avec tous nos projets.

-Le 8 novembre, vous avez inauguré le premier lieu de Rhizome par le vernissage d’une exposition de peinture intitulée  Stasis de l’artiste Mehdi Djelil alias Bardi  .

Effectivement, l’inauguration de Rhizome s’est faite, mardi dernier, où il y a eu le vernissage de l’exposition Stasis de l’artiste Bardi. C’est aussi l’inauguration du premier lieu de Rhizome parce que nous comptons en avoir d’autres ailleurs. C’est un investissement. Nous avons envie d’investir dans le secteur des arts visuels. Nous espérons que la loi suivra.

Vous remarquerez que l’exposition de Bardi ne comporte pas de catalogue d’expositions. Nous préférons faire des publications, car nous sommes dans un travail de fond. Nous allons commencer par des textes d’auteurs pour faire une vrai publication restera dans les archives et qui sera là pour le finissage de l’exposition en janvier. Quant à la programmation, elle sera en parallèle. A titre d’exemple, il y aura, prochainement, un entretien entre la critique d’art Nadira Laggoune et l’artiste peintre Bardi.

-Pourquoi avoir opté de baptiser votre institution culturelle Rhizome ?

Il faut savoir que Rhizome, c’est la première tige de la racine d’une plante. On est dans l’univers botanique. Mais cette institution culturelle a été initialement inspirée de la pensée rhizomatique développée par Gilles Deleuze. Il parle de toutes les structures qui sont horizontales. C’est pour cela que je vous ai dit qu’il n’y a pas de hiérarchie dans notre groupe de trois personnes. Je ne suis pas le boss. On est juste des collègues. C’est comme cela que cela fonctionne ici. C’est plutôt collégial. On prend tous les décisions ensemble de la vision de Rhizome et de son évolution.

-Qu’en est-il du lieu de résidence qu’offre Rhizome aux potentiels intéressés ?

La résidence n’est pas encore aménagée, mais elle le sera d’ici quelques jours. Il y a cette exposition de Bardi qui durera jusqu’au mois de janvier prochain. Justement en janvier, nous sommes censés recevoir, un autre artiste en résidence. A cause de la crise de la Covid-19, la personne ne pourra pas venir. Nous avons fait un autre partenariat avec une autre résidence en France où l’artiste va préparer son travail et on va le recevoir ici. Il y aura, par la suite, l’exposition de Dhewadi Hadjab. Il y aura aussi l’exposition de l’artiste Maya Benchikh lfgon, qui est en train de travailler. Elle est en résidence au niveau de Rhizome. Elle exposera, avant cela dans une grande institution d’art en France, et dans un second temps, son exposition voyagera à Alger. Toujours concernant la résidence, nous pouvons accueillir jusqu’à deux artistes de l’intérieur du pays ou de l’étranger.

La première année, on l’a laissé un peu à titre expérimental. Il n’y a pas d’appel à proposition mais cela va se faire dans une année, je le pense. On essaye de voir comment cela fonctionnera. Rhizome, ce n’est pas seulement un lieu mais Rhizome, c’est aussi du management d’artistes. C’est des artistes qu’on gère nous-mêmes. On les représente aussi à l’international et on les représente quand à la question de la vente dans les foires internationales.

-Cela reste un challenge que d’avoir investi dans un tel créneau sachant que la culture en Algérie bat de l’aile ?

Absolument, mais comme dit le penseur Gilles Deleuze justement, l’art ne se crée que dans des périodes comme cela. Il le dit aussi l’artiste dans son travail. Cette création a été faite, c’est le cœur d’un travail où l’actualité est instable. On vit dans un monde instable. Je pense, c’est justement là où la culture et l’art doivent jouer leur rôle. C’est très important pour nous de commencer là tout de suite, d’ouvrir ce lieu-là parce que nous avons envie que ce soit un lieu où il y a un échange d’idées. Et que cela parle de tous ces moments-là.

-Pourquoi avoir choisi d’implanter Rhizome dans un appartement au centre-ville ?

C’est une très bonne question. Je dirais que ce n’est pas pour suivre la mode mais comme je le disais plus haut, nous venons, nous-mêmes du collectif. Donc, l’ancrage dans le quartier est très important pour nous. Nous ne pouvions pas trouver mieux que cet appartement. C’est une location de cinq ans. Il y a tout un travail de médiation que fait Yanis Ouab avec les voisins. D’ailleurs, nous avons un déjeuner avec eux ce week-end. Et ce n’est pas juste d’inviter les voisins mais faire un travail de fond dans le sens où on va les inviter à ramener des objets qui parlent de la mémoire collective du quartier. Car nous voyions en ce moment sur la rue Didouche Mourad que des commerces, des fast-food et des vêtements. Nous avions envie de réintégrer l’art sachant que nous sommes voisins des Ateliers Sauvages, Issue 98 et d’Artissimo un peu plus bas. Personnellement et je pense que c’est le cas de mes collègues aussi, c’est important d’inscrire l’art au cœur de la capitale.

-Le programme de médiation renferme aussi des partenariats avec d’autres institutions ?

Effectivement, nous comptons faire des partenariats avec d’autres institutions, dont le musée contemporain en Afrique du Sud. Celui-ci nous suit dans la programmation ainsi que d’autres institutions africaines. C’est une dimension pour nous qui est très importante. C’est une porte qui reste ouverte à l’international. D’ailleurs, ce que nous faisons, c’est de préparer le grand public. C’est important qu’il y a ait une médiation et une formation et plus tard un marché de l’art. On ne peut pas parler d’un marché de l’art alors qu’il n’y a pas de critique et de galeries d’art qui travaillent professionnellement. Nous, nous essayons de créer le circuit autour. Nous en tant que Rhizome seul, on ne peut pas le faire. C’est pour cela qu’il faut former des gens. C’est pour cela qu’il faut inviter d’autres personnes du secteur. Et puis, il faut que les gens sachent maintenant que l’art a une valeur économique aussi. L’artiste peintre Bardi ne s’attendait pas, il y a trois ans, à présenter une partie de ses œuvres au Middle East Institute de Washington.

-En somme, les œuvres d’un artiste peintre retenu seront exposées dans un premier temps à l’étranger avant d’être exposées en Algérie ?

Je vais être sincère avec vous. C’est très important de montrer le travail en Algérie mais nous pensons, aussi, à la carrière de l’artiste. Du moment que le travail va se montrer deux mois après en Algérie et que c’est très important de montrer le travail à l’international. Il ne faut pas oublier que nos vivons dans un monde assez libéralisé où l’art n’est pas exclu. Avoir une opportunité d’exposer dans de grandes institution ne se refuse pas.
Sinon, nous comptons organiser des expositions cycliques. Il y aura trois à quatre expositions par an. Nous allons lancer le site incessamment. Les gens pourront envoyer leur portfolios. La directrice de la programmation culturelle tranchera. Il s’agit là d’une vision sur trois ans.

-Sinon quels sont les projets qui vous tiennent à cœur ?

Nous avons un projet qui nous tient vraiment à cœur. C’est celui des formations. Nous allons commencer par la formation portant sur la critique d’art parce qu’il y a très peu de critique d’art en Algérie. La première session se déroulera en janvier 2022.

Il est à noter que nous travaillons en partenariat avec l’association promotion internationale des critiques d’art (AICA). Il y a Florian Gaité qui est chercheur en philosophie et critique d’art qui donnera une visio-conférence sur Zoom. Cette formation ne sera pas payante. C’est un investissement encore une fois parce que nous trouvons que ce n’est pas normal qu’aujourd’hui en 2021 avec autant d’artistes algériens et autant de créations qu’il n’y ait pas assez de critique d’art.

Nous allons faire un appel à participation. Il y aura, donc, une formation autour de la critique d’art, autour du commissariat d’exposition ainsi que des formations pour les artistes. De part notre expérience, nous avons constaté qu’il y a beaucoup d’artistes qui ne connaissent pas ce que c’est l’organisme de l’ONDA. Ces mêmes artistes ne protègent pas leurs œuvres. Ils ne savent ni faire un contrat ni le négocier.

En ce moment, nous avons recruté une personne qui est en train de faire une enquête.

On connaît les problèmes qu’il y a dans le secteur culturel mais on préfère avoir les bons chiffres. D’ici fin décembre, on espère avoir assez des chiffres pour pouvoir dire quelles sont les besoins réels des participants. On est en train de faire un sondage avec les artistes et les écoles d’art pour voir quels sont les besoins réels dans le secteur.

 

Propos recueillis  Nassima Chabani


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