Valéry Giscard d’Estaing inhumé aujourd’hui dans l’intimité familiale

Le 1er Président français à visiter officiellement l’Algérie



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L’ancien président de la République Valéry Giscard d’Estaing est mort mercredi 2 décembre, à l’âge de 94 ans dans sa propriété d’Authon dans le Loir-et-Cher. «Son état de santé s’était dégradé et il est décédé des suites de la Covid-19», a écrit sa famille dans un communiqué transmis à l’Agence France-Presse (AFP). «Conformément à sa volonté, ses obsèques se dérouleront dans la plus stricte intimité familiale.»

Emmanuel Macron, dans une intervention télévisée jeudi soir, a déclaré en hommage à l’ancien président que «si notre société s’est modernisée, c’est aussi à son courage et à son audace que nous le devons». «40 ans après, ce qu’il a accompli nous accompagnera toujours», a-t-il poursuivi. Il a décrété un jour de deuil national mercredi 9 décembre. «Le 2 février prochain, jour de sa naissance, un hommage solennel sera organisé au Parlement européen de Strasbourg», a ajouté Emmanuel Macron.

Valéry Giscard d’Estaing devient le plus jeune président de la République française le 19 mai 1974 depuis 1848 en devançant de peu, avec 50,8% contre 49,2%, le candidat socialiste François Mitterrand. Lors du débat télévisé d’entre deux tours, une phrase est restée dans la mémoire collective et a contribué à la victoire de VGE : «Vous n’avez pas le monopole du cœur».

Prônant une «société libérale avancée», VGE a marqué son septennat par la promulgation de réformes sociétales d’envergure et institutionnelles telles que la loi Veil légalisant l’interruption volontaire de grossesse (IVG), portée par Simone Veil ; à côté du divorce pour «faute» en vigueur depuis 1884, l’instauration de deux autres motifs de divorce, le divorce par consentement mutuel et celui pour rupture de la vie commune ; l’abaissement de la majorité à 18 ans ; la généralisation de la mixité dans les écoles ; la réforme de l’audiovisuel et la fin du monopole de l’Office de radio-télévision française (ORTF) ; la réforme du Conseil constitutionnel par l’élargissement de son droit de saisine.

Sa politique internationale est marquée par le renforcement de la construction européenne.
Valéry Giscard d’Estaing a aussi fondé l’UDF, l’Union pour la démocratie française, devenue le Modem en 2007 sous l’impulsion de François Bayrou, dans la majorité d’Emmanuel Macron depuis 2017.

En octobre 1979, le Canard enchaîné dévoile l’affaire des diamants, un mois après le renversement du dictateur centre-africain Jean-Bedel Bokassa (20 septembre). Une plaquette de bijoux d’une valeur estimée à un million de francs avait été offerte par l’empereur de Centrafrique à Valéry Giscard d’Estaing en 1973 alors qu’il était ministre des Finances. Au moment de cette révélation, Valéry Giscard d’Estaing est président de la République.
VGE souhaitait dénoncer les Accords d’Evian pour rapatrier 5000 000 immigrés algériens

En matière d’immigration, la politique de Valéry Giscard d’Estaing est conservatrice. Celle-ci se caractérise par l’arrêt de toute nouvelle immigration, par un contrôle rigoureux des entrées et des séjours à l’appui de nombreux circulaires et décrets. Il s’agit notamment, selon le site institutionnel Vie publique d’un décret autorisant le regroupement familial des travailleurs immigrés signé le 29 avril 1976 sur décision de Jacques Chirac, alors Premier ministre.

Ce décret fut suspendu pour une période de trois ans par son successeur à Matignon, Raymond Barre. Ce décret serait l’un des actes politiques que l’ex-Président centriste regretterait le plus, selon une biographie non officielle écrite par l’historien Eric Roussel (Valéry Giscard d’Estaing aux Editions L’Observatoire, octobre 2018) sur la base d’entretiens avec l’homme d’Etat.

En 1977, un décret incite à des retours volontaires des immigrés dans leur pays d’origine en contrepartie d’une prime de retour de 10 000 francs (le «million Stoléru»). En 1978, c’est un mécanisme de retours organisés et forcés d’une partie de la main-d’œuvre étrangère installée jusque-là régulièrement, et parfois depuis longtemps en France qui est adopté.

L’objectif affiché est le retour de 500 000 étrangers. L’Algérie est particulièrement visée par ces mesures étalées sur 5 ans.Toutefois, confronté à l’opposition de son Premier ministre Raymond Barre, de Simone Veil, de la plupart des membres du gouvernement et du Conseil d’Etat, Valéry Giscard d’Estaing mettra un terme à son projet en janvier 1980, révèle l’historien Patrick Weil en 2015.

L’année suivante, la gauche arrivée au pouvoir régularise 130  000 étrangers et supprime l’aide au retour. La biographie de Valéry Giscard d’Estaing par Eric Roussel confirme la révélation de Patrick Weil : VGE souhaitait bel et bien dénoncer les Accords d’Evian de 1962 «pour pouvoir rapatrier quelque 500 000 Algériens en cinq ans». Mais VGE aurait été confronté à l’opposition du Conseil d’Etat et de ses ministres Raymond Barre et Simone Veil.

La loi 80-9 (dite Loi Bonnet) promulguée le 10 janvier 1980 est relative à la prévention de l’immigration clandestine et porte modification de l’ordonnance du 2 novembre 1945 relative aux conditions d’entrée et de séjour en France des étrangers. Elle rend plus strictes les conditions d’entrée sur le territoire ; elle fait de l’entrée ou du séjour irréguliers un motif d’expulsion au même titre que la menace pour l’ordre public ; elle permet donc d’éloigner du territoire les «clandestins» ou ceux dont le titre de séjour n’a pas été renouvelé ; enfin, elle prévoit la reconduite de l’étranger expulsé à la frontière et sa détention dans un établissement pénitentiaire pendant un délai pouvant aller jusqu’à sept jours s’il n’est pas en mesure de quitter immédiatement le territoire.
Le 2 avril 1980, une grève de la faim pour une durée illimitée est engagée à Lyon (Rhône) par un pasteur protestant, un prêtre catholique et un immigré algérien en sursis d’expulsion pour protester contre les expulsions de travailleurs immigrés et particulièrement les jeunes de la seconde génération.

Le 10 mai 1980, une Marche nationale à Paris, à l’appel d’une dizaine d’organisations de soutien aux travailleurs étrangers en France, du PS, du PSU, de la CFDT, de la LCR et de la Ligue des droits de l’homme pour protester contre le projet de loi Stoléru concernant le renouvellement des cartes de séjour et de travail, contre le projet d’Ornano codifiant l’accès aux foyers collectifs, et contre les limitations à l’inscription des étudiants étrangers dans les universités françaises.

Le 7 juin 1980, des manifestations ont lieu à Paris, Strasbourg, Bordeaux, Marseille contre la politique d’immigration du gouvernement, à l’appel de soixante-dix associations anti-racistes, religieuses et familiales, de la CGT, la CFDT, la FEN, le PCF et du PSU.

«La France historique salue l’Algérie indépendante»

«La France historique salue l’Algérie indépendante», avait lancé le Président français dès son arrivée à Alger le 10 avril 1975.

Valéry Giscard d’Estaing est le premier chef d’Etat français à se rendre en Algérie indépendante. Il faudra attendre 1982 pour qu’un chef d’Etat algérien, Chadli Bendjedid, se rende en visite officielle en France.
La visite de VGE en Algérie est précédée d’une violente campagne raciste visant des travailleurs algériens orchestrée par des partisans nostalgiques de «l’Algérie française». Le gouvernement algérien élève une «vive protestation» le 3 mars et demande aux autorités françaises d’assurer la sécurité et la dignité des Algériens en France.

Cette visite avait suscité «des espoirs à la mesure des désenchantements qui suivirent, lorsque Paris prit le parti de Rabat dans le conflit du Sahara occidental. Cette nouvelle crise atteignit son paroxysme lorsque les Jaguar attaquèrent les maquisards du Polisario, lesquels, il est vrai, avaient enlevé plusieurs techniciens français travaillant en Mauritanie ; leur libération à la Noël 1977, après plusieurs mois de détention, fit retomber la tension, mais une fois de plus se vérifiait la formule de Boumediène : ‘‘Les relations entre la France et l’Algérie peuvent être bonnes ou mauvaises, elles ne peuvent être banales’’», écrivait Daniel Junqua, ancien correspondant du Monde à Alger dans un article intitulé «Algérie : Des rapports complexes avec la France» publié dans Le monde diplomatique, (novembre 1982)

«Déçus par M. Giscard d’Estaing, hostiles par tradition aux gaullistes ‘‘qui les ont trompés’’, ils n’ont sans doute pas été tout à fait étrangers à la victoire socialiste du 10 mai 1981», ajoutait le journaliste. Et de poursuivre : «A Paris, M. Giscard d’Estaing, après avoir adopté une ligne d’action ‘‘dure’’, contrant l’Algérie au Sahara occidental et tentant d’obtenir le départ des travailleurs immigrés, avait assoupli son attitude après l’effondrement, en juillet 1978, du régime de M. Ould Daddah en Mauritanie et la mort de Boumediène en décembre de la même année. L’arrivée au pouvoir d’un nouvel interlocuteur, Chadli Bendjedid, facilitait la reprise du dialogue souhaitée de part et d’autre.»

 

Paris
De notre bureau  Nadjia Bouzeghrane


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