Remaniement ministériel en Tunisie

Entre enjeux politiques et attentes socioéconomiques



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Onze ministres sont concernés par ce remaniement, soit plus de 40 % du gouvernement. Nécessité de 109 députés pour chaque ministre nominé, alors que la majorité gouvernementale n’est pas stable Perspectives instables dans un climat de perturbations sociales.

Moins de cinq mois après son installation à la présidence du gouvernement à la Kasbah, Hichem Méchichi se voit dans l’obligation de faire un grand remaniement de son équipe. Onze postes sont concernés sur les 26 qui composent désormais le gouvernement ; 22 ministres, 2 ministres délégués et 2 secrétaires d’Etat.

Deux raisons sont derrière ce changement. D’une part, l’obligation de fait, suite au limogeage de trois ministres, ceux de l’Intérieur, des Affaires locales et de la Culture. D’autre part, satisfaire la ceinture politique qui lui a accordé la majorité début septembre dernier, à savoir, essentiellement, Ennahdha et Qalb Tounes.

L’idée primaire de Hichem Méchichi, en fait, c’est celle de son mentor, le président Saïed, c’est de former un gouvernement de technocrates. L’équipe était donc essentiellement composée de hauts cadres de l’administration, principalement d’anciens chefs de cabinet ou directeurs généraux d’entreprises publiques, à l’image de Méchichi, lui-même.

Toutefois, Saïed avait mis sa main à la pâte et désigné quelques noms, à l’image des ministres de l’Intérieur, de la Justice, de la Santé, voire de la Culture et celui du Sport. Et si les ministres de l’Intérieur et de la Culture étaient déjà limogés, pour insubordination, les autres étaient encore là et il fallait de mettre de l’ordre dans l’équipe, avec un seul maître à bord.

C’est ainsi que le Dr Faouzi Mehdi, le juge Mohamed Boussetta et Kamel Deghiche étaient dans le collimateur de Méchichi. Néanmoins, il fallait garder la ligne de conduite initiale, celle d’un gouvernement de technocrates. A ce titre, les partis politiques de la ceinture gouvernementale ont été priés de proposer les noms d’experts.

Comme ce fut le cas lors de la désignation des conseillers de Méchichi, suite au vote de confiance de septembre dernier, quand le choix était dirigé vers des proches d’Ennahdha et Qalb Tounes, les partis ayant accordé la confiance au gouvernement, à l’image de Oussama Kheriji.

Ce fut donc sans surprise de retrouver ce dernier nominé ministre de l’Agriculture, poste qu’il occupait déjà dans le gouvernement d’Elyes Fakhfakh. Toutefois, Fakhfakh ne l’avait pas limogé, lorsqu’il avait écarté les ministres d’Ennahdha. Kheriji n’est donc pas un pur produit nahdhaoui.

Par ailleurs, et dans le même ordre d’idées de nomination de personnalités, dans la proximité des partis de la majorité, il y a celle de Soufiane Ben Tounes, comme ministre de l’Energie et des Mines.

Laquelle nomination a fait dire à Oussama Khelifi, le chef du bloc parlementaire de Qalb Tounes, que le chef du gouvernement a nommé un gouvernement politique et désigné des proches de la majorité. Ben Tounes est connu pour sa proximité immédiate avec Nabil Karoui ; il serait même l’un de ses principaux bailleurs de fonds.

L’ONG I Watch a déjà fait référence à l’une des sociétés de Ben Tounes, Oscar Infrastructure Service, dont le directeur juridique, Mohamed Zaânouni, a parrainé le contrat de signature entre Nabil Karoui et le lobbyiste canado-israélien, Ari Ben Menashe. Il est donc clair que Méchichi ait procédé à la satisfaction de ses supports politiques.

Majorité

Aux côtés de la satisfaction politique des alliés, Méchichi est aussi dans l’obligation de trouver une majorité à chacune de ses onze nominations. Et, à ce titre, trois noms ont été signalés lors de leur passage au contrôle, à un point tel, que des députés de Tahya Tounes, le bloc El Islah, voire plusieurs autres d’Ennahdha ont exprimé leur refus de leur accorder confiance.

Il s’agit, surtout, du ministre nominé de la Santé, Hédi Khairi, et le ministre nominé de l’Emploi, Youssef Fennira. L’ONG I Watch les a déjà épinglés, tous les trois, Khairi, Fennira et Ben Tounes, le soir même de l’annonce de la liste.

En guise de réponse à ces accusations, l’entourage du chef du gouvernement a affirmé que Méchichi a fait des vérifications, auprès de l’instance de lutte contre la corruption (INLUCC), ainsi qu’auprès des instances gouvernementales de contrôle et que rien n’a été retenu contre toutes les personnalités nominées.

Du côté des partis politiques, les directions d’Ennahdha (53 députés) et de Qalb Tounes(29) affichent leur soutien à Méchichi. Mais une bonne partie des députés d’Ennahdha a exprimé des réticences à l’égard de Hédi Khaïri et Youssef Fennira, accusés, selon eux, de «conflits d’intérêts».

Des députés du parti TahyaTounes (10) et du bloc El Islah (18), ont exprimé les mêmes réserves. Pour renforcer sa ceinture de soutien, Hichem Méchichi a reçu avant-hier, au siège du gouvernement, huit députés du bloc Al Qarama (18), assis entre les chaises du soutien au gouvernement et de l’opposition.

Al Qarama est en froid avec les islamistes d’Ennahdha, depuis leur condamnation pour violence sur le Courant démocratique, par le président de l’Assemblée, Rached Ghannouchi, la semaine dernière.

Méchichi a cherché à faire revenir Al Qarama à de meilleurs sentiments, surtout que ces derniers assistent aux réunions des partis de la ceinture gouvernementale. Mais, tout reste fragile dans cette Assemblée, marquée par les divisions.

Et, en plus, les calculs politiques l’emportent sur toute considération socioéconomique, malgré les dernières manifestations, qui ont secoué le pays.


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