Fondu au noir de Adda Chentouf

Une compilation de critiques cinématographiques (1970/1980)



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La compilation de critiques de films proposée par Adda Chentouf dans le tome 2 de son ouvrage intitulé Fondu au noir et sorti récemment chez Dar El Adib à Oran est intéressante à plus d’un titre.

C’est tout d’abord la suite d’un précédent ouvrage portant le même titre et sorti en 2009 chez un autre éditeur, toujours à Oran, Dar El Gharb. Les critiques en question portent sur un large éventail de productions cinématographiques couvrant la période allant de 1970 à 1995.

Mais tandis que le tome 1 s’était intéressé aux genres policiers et comédies ou comédies dramatiques, ce second opus traite, à travers 5 chapitres, de films dramatiques proprement dit, de films d’aventures et d’action, de films fantastiques, d’horreur et de science fiction, de films politiques, d’espionnage ou de guerre et, enfin, de films historiques.

Globalement, il est question de pas moins de 300 réalisations qui sont prises en compte. «Il y a lieu de préciser que les critiques contenues dans ce recueil ont été essentiellement rédigées entre la fin des années 1980 et le début des années 1990, une époque où on ne connaissait pas encore Internet et où même les antennes paraboliques n’en étaient qu’à leur début», prévient l’auteur dans son avant-propos.

La précision est de taille, car aujourd’hui, il suffit de taper le titre d’un film, le nom d’un réalisateur, celui d’un acteur, etc., pour obtenir de l’information. Tout l’intérêt du recueil réside dans la touche personnelle de l’auteur et c’est ce qui fait la différence.

La quasi-majorité des films, dont il est question, ont été en leurs temps projetés dans les salles en Algérie, et les cinéphiles, ceux d’un certain âge, notamment, peuvent se voir projetés dans ce passé pas très lointain et revivre, ne serait-ce que le temps d’une lecture, le souvenir et les émotions suscités à chaque fois devant le grand écran. Les cinémas étaient fréquentés en masse et, précision intéressante à relever, on a estimé à 18 millions le nombre d’entrées enregistrées en 1989. C’était juste avant le déclin, mais les textes de Adda Chentouf peuvent également susciter de l’intérêt chez la nouvelle génération.

Vu sous cet angle, le recueil peut fonctionner comme une espèce de guide pour faire découvrir une période particulière de l’évolution du cinéma mondial à travers cet ensemble de poteaux indicateurs.

Le cinéma a une histoire et cette histoire évolue tout en faisant apparaître de nouveaux acteurs sur la scène et c’est sans doute pour cela que l’auteur a élargi au maximum le spectre des pays producteurs pour ne pas se limiter aux contrées où l’industrie cinématographique et au top. «Les chefs- d’œuvre et les films d’auteur côtoient ainsi les films populaires et de pur divertissement», note-t-il comme pour se démarquer de toute prétention élitiste en proposant à ses lecteurs des approches accessibles.

Cinéphile averti, Adda Chentouf, toujours sans parti pris, replace à chaque fois les films dans leurs contextes d’époque ou des conditions qui ont présidé à leur réalisation mais sait aussi rester sans complaisance envers certains des sujets qu’il traite.

Ainsi, à titre illustratif, parlant de L’Enfer (1993) du réalisateur français Claude Chabrol, il écrit : «L’insatisfaction que ce film procure est d’autant plus grande qu’on a du mal à croire qu’un réalisateur fort de 40 années d’expérience puisse à ce point rater une œuvre au scénario pourtant séduisant (…) Cet Enfer est décidément une grosse déception qu’on mettra sur le compte d’un manque d’inspiration passager chez un cinéaste parmi les plus brillants de sa génération.»

Le premier chapitre qui s’ouvre avec Mort à Venise de l’Italien Luchino Visconti (1971) contient des textes se rapportant à des œuvres aussi variées que Orange Mécanique de l’Anglais Stanley Kubrick, Cri et Chuchotement du Suédois Ingmar Bergman, Je veux une solution de l’Egyptien Saïd Merzouk, Le tambour de l’Allemand Volker Schlöndorff, Gloria de l’Américain John Cassavetes, Yol du Turc Yilmaz Güney, Affaire classée de l’Indien Mrinal Sen, Papa est en voyage d’affaires du Yougoslave Emir Kusturica, La plage des enfants perdus du Marocain Jallil Ferhati, La leçon de piano de la Néozélandaise Jane Campion, Guelwaar du Sénégalais Sembene Ousmane, Les silences du palais de la Tunisienne Moufida Tlatli, Shanghai Triad du Chinois Zhang Yimou, Le regard d’Ulysse, du Grec Theo Angelopoulos ou Machaho de l’Algérien Belkacem Hadjadj.

Dans cette catégorie, il faut ajouter le film Fondu au noir de Vernon Zimmerman, qui donne également son titre au recueil, un choix symbolique pour signifier cette boulimie cinématographique dont il est question mais la comparaison s’arrête-là. Dans la série des films d’aventure ou d’action, la sélection revient sur des œuvres considérées comme étant à l’origine de l’éclosion d’un genre à part, les films catastrophes, qui suscitent encore aujourd’hui beaucoup d’engouement.

C’est le cas de L’aventure du Poséidon (1972) de Ronald Neame ayant récemment encore fait l’objet d’un remake de cet époustouflant naufrage maritime. Il succède à Airport (1970) de George Seaton, là aussi tiré d’un roman à succès, traité par l’auteur du recueil comme étant l’ancêtre du genre. Néanmoins, dans ce chapitre, il est aussi question d’œuvres aussi diverses que La tour infernale de John Guilllermin, Zorro de Duccio Tessari, Le grand bleu de Luc Besson, Calme Blanc de Philip Noyce (Australie), Indiana Jones de Steven Spielberg ou Water World de Kevin Reynolds.

Le chapitre 3 mêle fantastique, horreur et science fiction, à commencer par Soleil vert (1973) de Richard Fleicher, un film d’anticipation décrivant un monde post-apocalyptique et faisant ici le lien avec la surpopulation et le tarissement des ressources. Le genre étant dominé par les Américains, dans la tradition de la pure science fiction, on retrouve notamment Rencontre du troisième type (1978) de l’incontournable Steven Spielberg mais aussi Total Recall (1990) de Paul Verhoeven et Alien le 8e passager (1979) de Ridley Scott.

Ce dernier film, qui comporte bien des aspects extraterrestres, fait néanmoins la jonction avec les films d’horreur comparables aux classiques du genre comme L’exorciste (1973) de William Friedkin et qui, selon l’auteur, ont réinventé l’épouvante à l’écran. D’autres films, comme Fog (1979) de John Carpenter, ont été sélectionnés pour leur originalité ou pour la qualité des œuvres romanesques dont ils ont été adaptés et c’est le cas notable des intrigues imaginées par Stephen King dont Dead Zone (1983) adapté par David Cronenberg.

Dans la sous-division du chapitre 4 réservé aux films à caractère politique, on retrouve pêle-mêle Sacco et Vanzetti (1971) de Giulianno Montaldi, L’assassinat de Trotsky (1971) de l’anglais Joseph Losey mais aussi I… comme Icare (1979) du Français Henry Verneuil ou Autopsie d’un complot (1978) de l’Algérien Mohamed Slim Riad.

Dans la sous catégorie des films d’espionnage, les James Bond sont incontournables mais des œuvres comme Les trois jours du Condor (1975) de Sidney Pollak restent tout aussi marquantes même sans les aspects spectaculaires. «L’intrigue qu’il propose relève de l’exercice cérébral périlleux et de la haute voltige intellectuelle quand bien même il est enrobé dans un thriller captivant de bout en bout», note-t-il à ce propos.

Dans la sous-catégorie des films de guerre les réflexions sur Patton (1970) réalisé par Franklin J. Schaffner côtoient celles sur L’Opium et le bâton (1970) de Ahmed Rachedi, sur Apocalypse Now (1979) de Francis Ford Coppola ou sur Les portes dub silence (1988) de Amar Laskri. Le film historique tient également une place de choix dans cet ouvrage qui consacre des films comme Ghandi (1983) de Richard Attenborough, Amadeus (1984) de Milos Forman sur Mozart, Chroniques des années de braise (1975) de Lakhdar Hamina, Raspoutine (1975) du Soviétique Elem Klimov et tant d’autres encore.

Pour rappel, cet ouvrage est préfacé par le célèbre acteur français Jean-Paul Belmondo avec lequel l’auteur algérien a entretenu une correspondance suivie pendant des années avant de le rencontrer à Paris. Adda Chentouf a signé plusieurs ouvrages sur le cinéma, dont notamment un Guide des réalisateurs, comédiens et films algériens paru en 2017. 


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