Campagne de vaccination contre la Covid-19

Les Algériens dans le flou



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Une semaine après le lancement de la campagne nationale de vaccination contre la Covid-19, des zones d’ombre persistent autour du déroulement de cette opération lancée le 30 janvier dernier. Les spécialistes de la santé déplorent la désorganisation et le manque d’informations qui caractérisent ce grand RDV de santé publique.

Une semaine après le lancement de la campagne nationale de vaccination contre la Covid-19, des zones d’ombre persistent autour du déroulement de cette opération, lancée le 30 janvier dernier.

Les spécialistes de santé publique déplorent la désorganisation et le manque d’informations qui caractérisent ce grand rendez-vous de santé publique. Les citoyens, quant à eux, sont dans l’attente d’informations et d’orientations.

La stratégie nationale de vaccination, telle que présentée par le ministère de la Santé, fixe les priorités en identifiant les populations cibles concernées par cette vaccination, notamment les personnels de santé et les malades chroniques, mais sur le terrain, les choses sont plutôt perçues autrement. Une semaine est déjà passée, la procédure à suivre pour s’inscrire et prendre RDV afin de bénéficier de cette vaccination n’est pas encore communiquée et explicitée.

Comment accéder à la plateforme numérique pour l’inscription, annoncée par le ministère de la Santé ? Où peut-on s’inscrire ? Comment doit-on s’inscrire pour prendre RDV ?

Ce sont autant de questions qui reviennent fréquemment et exprimées par les citoyens désemparés. «L’Algérie a copié l’exemple français pour la stratégie de vaccination, alors qu’il a été démontré que c’est le plus mauvais choix, notamment pour la plateforme numérique. Comment voulez-vous qu’un fellah de Tissemsilt ou d’ailleurs puisse recourir à cet outil numérique sur son téléphone portable ?» s’est interrogé le Pr Kamel Bouzid, chef de service au centre Pierre et Marie Curie.

Et de signaler : «L’établissement CPMC, qui emploie 1500 travailleurs, a reçu 25 doses de vaccin. On a bien dit que la priorité est au personnel de santé, je pense qu’elle ne doit pas se limiter juste aux professeurs et chefs de service», tout en déplorant les dérisoires quantités de doses réservées à cette catégorie de professionnels au vu des déclarations relatives au nombre de doses reçues. «Des quantités qui sont insuffisantes pour faire bénéficier un grand nombre de personnes cibles à la vaccination. Le problème se posera également pour les malades chroniques et les personnes âgées de 65 ans et plus, qui sont invités à s’inscrire dans les polycliniques, en attendant la réception de nouvelles quantités. Une situation qui génère de l’angoisse», soutient-il, en ajoutant : «Au lieu de les faire attendre, il aurait fallu mettre ce vaccin en pharmacie, puisqu’il est gratuit, et faire bénéficier aussi bien les médecins libéraux et toute personne prioritaire qui veut se faire vacciner.» Le Pr Bouzid regrette que l’Algérie ait perdu du temps pour s’approvisionner en quantités suffisantes de vaccin, tout en laissant passer des opportunités, alors que les pays voisins s’y sont pris à temps.

L’attente des citoyens

Abondant dans le même ordre d’idées, le Pr Djamleddine Nibouche, chef de service de cardiologie au CHU Parnet, revient sur l’inaccessibilité à la plateforme numérique pour la prise de RDV, tout en déplorant l’insuffisance des doses de vaccin.

«Cette plateforme n’est pas accessible à tout le monde. A mon avis, il faut revenir aux anciennes méthodes, comme cela se fait pour la vaccination contre la grippe saisonnière ou autre pathologie, puisqu’on ne cesse de répéter que l’Algérie a l’expérience en la matière», a-t-il indiqué tout en plaidant pour l’ouverture des centres de vaccination en collaboration avec les services communaux pour être plus proche du citoyen.

«C’est par la mairie, en collaboration avec un centre de santé de proximité, que cette vaccination doit être gérée en prenant en compte toutes les circonscriptions administratives. Cela se fait bien pour les bureaux de vote lors des échéances électorales pour lesquelles les citoyens sont bien informés. Il faut faire de même. Procéder à la convocation des citoyens prioritaires pour se faire inscrire et prendre RDV. Une fois cette campagne entrée dans sa phase réelle, on peut imaginer vacciner le tout-venant», poursuit-il, en revenant sur l’objectif de cette vaccination, qui est de réduire les formes graves de la Covid-19 et éviter les transferts en réanimation des sujets à risque.

Plaidant pour la décentralisation de l’opération de vaccination et un renforcement de la communication en usant de la transparence, le Dr Mohamed Bekkat Berkani, président du Conseil de l’Ordre des pharmaciens et membre du conseil scientifique de suivi de l’évolution de la pandémie, estime que «les Algériens ont le droit d’avoir toutes les informations nécessaires pour assurer une transparence sur cette campagne de vaccination, d’autant que les quantités de vaccins disponibles sont très limitées. Il est important de communiquer avec un discours vrai et rassurer la population sur la possibilité d’accéder à cette vaccination en toute sécurité».

Et de rappeler que «le secteur libéral, qui a payé le lourd tribut de lors de cette pandémie, ne doit pas être oublié». Le Dr Bekkat appelle à la décentralisation de cette opération de vaccination afin de mieux contrôler le flux et avoir une traçabilité, mais «faudrait-il avoir des doses de vaccin de façon continue», a-t-il ajouté.

Une meilleure communication

En attendant, les spécialistes plaident pour une meilleure communication et plus de visibilité pour mieux rassurer les citoyens qui veulent savoir quand viendra leur tour pour se faire vacciner. A l’heure actuelle, personne n’est en mesure de répondre à la question, car tout dépendra des quantités de doses qui seront réceptionnées dans les prochaines semaines.

Intervenant lors d’une rencontre à l’APN, le Dr Djamel Fourar, porte-parole du conseil scientifique, a annoncé que les doses de vaccin anti-Covid d’AstraZeneca devaient être acheminées, à partir d’hier, vers 28 wilayas du pays. «Les 20 wilayas ayant bénéficié du vaccin russe Sputnik v connaissaient un taux d’infection très élevé, alors que les 28 wilayas restantes recevront, à partir de ce vendredi, leurs lots de vaccin AstraZeneca», a-t-il signalé.

Et de préciser : «Il faut vacciner 60 à 70% de le population pour atteindre l’immunité collective.» Il a expliqué, selon l’APS, que «le premier scénario de le vaccination de 60% de le population signifie que 17 millions d’Algériens devront se faire vacciner, avec 38 millions de doses de vaccin». Et d’ajouter : «Il faut environ 44 millions de doses pour arriver à vacciner 70% des Algériens, soit environ 20 millions de personnes.»

De son côté, le ministre de la Santé, le Pr Abderahmane Benbouzid, a expliqué, lors de son intervention à l’APN, que la campagne de vaccination se poursuivra et inclura le reste des catégories de la population «en fonction des évolutions de la campagne, qui sera suivie via une plateforme numérique», tout en évoquant les raisons du refus de l’Algérie d’acquérir le vaccin américain Pfizer/BioNtech.

Il a expliqué, en dévoilant les clauses du contrat proposé, que «Pfizer avait imposé à l’Algérie d’acquérir 20 millions de doses, dans un premier temps, à un dollar pour chaque dose». «A cette période, c’est-à-dire en novembre 2020, aucun vaccin n’avait été préqualifié par l’OMS, et ce vaccin n’était pas enregistré dans son pays d’origine. Ce qui ne répondait pas aux exigences de l’Algérie, d’où le rejet de la proposition», a-t-il déclaré au micro d’une chaîne de télévision privée.

A noter que le vaccin à ARNm de Pfizer/ BioNtech est le premier et unique vaccin anti-Covid-19 homologué par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), en décembre 2020, au titre de la procédure pour les situations d’urgence.

Une procédure qui permet aux pays d’accélérer leurs propres procédures d’approbation réglementaire pour importer et administrer le vaccin. Elle permet aussi à l’Unicef et à l’Organisation panaméricaine de la santé d’acheter le vaccin pour le distribuer à des pays qui en ont besoin, notamment pour le Covax où l’Algérie est inscrite.

Le quota de vaccins réservé à l’Algérie à travers cette plateforme est estimé entre 12 à 16 millions de doses, selon Wahiba Hadjoudj, directrice générale de la pharmacie au ministère de la Santé. Ce qui pourra assurer la vaccination de 20% de la population, a-t-elle souligné.


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