L’auteur Ferhat Ali vient de publier deux ouvrages

Récits historiques et romanesques



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L’auteur  Ferhat Ali vient de publier deux ouvrages intitulés Le Dernier-quart d’heure de la France en Algérie et El Gazana ou mort d’une magistrate naïve aux éditions Dar El Idara Ettarbaoui. 

Ferhat Ali,  natif de Tifra dans la wilaya de Béjaïa, dans les années 1950, ayant  étudié  à l’Ecole normale de Bouzaréah, universitaire puis journaliste free-lance, est déjà  l’auteur de Tifra, le village aux 300 martyrs, Tifra, la bataille de Tihriquine, Tifra, la Malédiction. C’est plus qu’une trilogie, c’est une saga portant sur la lutte de libération nationale, la Révolution du 1er novembre 1954 anticoloniale française.

Dans un style aiguisé, Ferrat Ali mêle récit historique, narration autobiographique et genre romanesque dans son nouveau livre intitulé Le Dernier quart-d’heure de la France. Tout commence par  une photographie panoramique faite dans l’intention d’éradiquer une douleur dentale, révèle la présence inaltérable d’un fil d’or enchâssé à l’intérieur de sa mâchoire supérieure. Tel un interrupteur électrique, ce fil d’or rallume inconsciemment son abondante mémoire. D’ardents souvenirs amnésiques surgissent au galop d’un passé qu’il croyait à jamais révolu.

ALN, fer de lance de tout un peuple

«Mon petit village de montagne dénommé Tifra fut convoqué subrepticement pour me livrer les premières cellules dormantes d’un FLN en pleine restructuration organique. Organisant les combattants dans l’anonymat le plus complet, de jeunes moudjahidine FLN tracent la lutte en se proclamant le seul représentant légal du peuple algérien avec pour unique mission : la libération de tout le territoire algérien de l’oppresseur colonial français. Emprisonnements et déportations massifs de toute une population masculine en âge de combat dans des centres d’internement, suivis d’un exode massif et inédit de tout un peuplement dans les grandes villes, durant plus de sept ans d’une lutte acharnée et meurtrière. Pour survivre dans le cadre de la terre brûlée instaurée par les armées de la quatrième puissance mondiale de l’OTAN, commandées par de sanguinaires généraux de carrière qui voulaient évincer tout le peuple algérien pour spolier leurs terres afin de profiter, seuls, des incommensurables richesses que recèlent leurs sols mais aussi et surtout, pour faire oublier leur débâcle de Diên Biên Phu au Vietnam… ».  

Sinistre camp de concentration de Paul Cazelles

«Ni les déportés du sinistre camp de concentration de Paul Cazelles, ni les nombreux morts dans l’attentat du port d’Alger, ni les attentats de Bab-El-Oued, et encore moins ceux d’Oran, n’auront permis de stopper le cours de la jeune révolution. Les nombreuses exactions commises sur un peuple désarmé et sans défense n’auront servi à montrer, finalement, que la petitesse d’esprit de cette soi-disant quatrième puissance mondiale puisqu’elle avait consenti à signer, d’égal à égal avec le FLN, une sortie honorable de cette guerre d’Algérie…»

Miroir aux alouettes

Le second roman de Ferhat Ali porte de titre El-Gazana ou mort d’une magistrate naïve, paru toujours dans la même édition Dar El Idara Etterbaouia. Il est dédié à son épouse Louisa avec affection et aussi à sa fille Meriem, disparue prématurément. Le pitch ? Une jeune fille magistrate, fille de famille tranquille à l’orée de sa vie, part en stage pratique à Skikda, une ville balnéaire de l’Est.

Un regard, un coup de foudre. Une rencontre impromptue. Un beau parti évident pour un jeune provinciale, arriviste d’une ville de l’Est, pourtant déjà casée. Paré de ses plus beaux atours de séduction, il part à la conquête de la citadine, un bon paquet d’argent en poche, un accent tunisien bien trempé sur la langue, il entreprend sans trop y croire, à la plus belle partie de séduction de sa vie. Pour sortir de son marasme conjugal, l’opportuniste Don Juan saute sur l’occasion… L’ingénue juge «tombera dans le panneau».

Et se retrouve mariée. C’est la descente aux enfers… Ruinée et détruite par un escroc de mari satanique. Dans le chapitre intitulé «La dame de fer», cette naïve jeune personne raconte : « Derrière Amar, mon mari, que je trouvais être la personne la plus insouciante de ce monde, la plus farfelue, mais aussi la plus stupide, car imbu de sa personnalité, il s’attaquait à l’aventure de la vie sans aucune forme de préparation. Tel un ‘‘Don Quichotte’’ se lançant contre les moulins à vent, cette parodie de roman de chevalerie moderne créée par Cervantès, le captif d’Alger, allait comme un gant pour mon mari irréfléchi et inconstant. Avec une légèreté déconcertante, mon époux se lançait aveuglément dans le monde des affaires sachant pertinemment qu’il n’avait rien à perdre mais tout à gagner. Sans aucun plan établi, sans aucune étude scientifique préalable, tel un prédateur inexpérimenté, il investissait beaucoup d’argent et de temps ; il se jetait avidement sur sa proie mais peu intelligent, il se faisait toujours avoir par plus malin que lui et revenait dépité, bredouille et sans rien avec en sus de grosses pertes en numéraire. Cautionnant toutes ses bêtises, sa mère, riche banquière de la famille tel Crésus adoubait le sybarite en absorbant et en absolvant ses dépenses telle une éponge. Ce faisant, elle l’encourageait à noyer son échec dans les bras de Bacchus : d’irrésistibles élans pour la boisson et autres «fumisteries» de mauvais garçons le reprenaient pour faire taire sa conscience vive à chaque fois qu’il traversait une mauvaise passe. Chaque fois qu’il plongeait la tête la première dans une mauvaise affaire, un profond marasme le saisissait pendant de longs mois et le déstabilisait moralement.»


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