Constantine. Kamel Belhocine enrichit ses collections

L’art de manier la matière et le vers



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De cette matière brute, il en fait de belles créations odorantes, aux couleurs pastel. Un travail artistique que Kamel Belhocine manie avec doigté, exécutant des formes agréables à l’œil.

Son monde artistique s’articule autour de la bougie… Oui, cette source de lumière primaire qui éclaire les cœurs… avant l’espace. Sa dernière exposition, intitulée «Une bougie, une vie», remonte à janvier 2020. L’artiste n’a pas pu exposer depuis en dépit d’un agenda. Certes, la crise sanitaire en a décidé ainsi, mais n’a pas altéré sa fibre créative.

Pour le Nouvel An amazigh, célébré le 12 janvier, il a créé des bougies symbolisant cette date aux dimensions sociales et culturelles. Le tout sublimé par une harmonisation des teintes. «Les teintes sont autant importantes que la matière», insiste-t-il. Et il est prolifique. Les impondérables liés à la pandémie de coronavirus l’ont privé de plusieurs manifestations. «Une exposition est prévue à Oran, mais elle ne s’est pas encore faite à cause de la pandémie», a-t-il regretté.

Mais à conjoncture exceptionnelle, solution exceptionnelle ! Les expositions virtuelles à travers l’espace bleu sont légion. Elles foisonnent depuis une année sur le web, offrant aux artistes de la planète une opportunité circonstancielle, mais transcendant toutes frontières, pour faire valoir l’art de chacun. Kamel Belhocine adhère, pour sa part, à cette sphère influente en postant des photos de ses dernières créations.

En attendant un retour à la vie normale une fois les affres de la crise sanitaire dissipées, il se maintient ainsi dans la lumière, quoi de plus naturel, puisque son sujet de prédilection est la bougie.

De belles influences

N’est-il pas soutenu que l’environnement soit déterminant dans les choix de vie ou de carrière ? Dans le cas de notre artiste, il est certain que le cercle familial a contribué à en faire un artiste. «Ma famille m’a initié à différents styles musicaux, littéraires et culturels», confirme-t-il. Imprégné de ces belles influences, il s’inscrira à un cours de théâtre dans sa jeunesse, une orientation qui balisera sa voie artistique.

Parallèlement à ses études en pharmacie, il a toujours veillé à préserver, sinon à cultiver plusieurs passions, dont celle des arts plastiques. «Je suis de nature curieuse, je vais toujours à la découverte de nouvelles choses… C’est cette perpétuelle quête du renouveau qui me forge», dévoile-t-il. Le choix de la cire comme support s’est presque imposé, laisse-t-il entendre. Cette matière première malléable à souhait épouse n’importe quelle forme.

Elle se transforme au bout de quelques heures en une magnifique œuvre. Pour créer ses bougies, Kamel Belhocine alterne entre la paraffine et la cire d’abeille. Cela reste tributaire de la disponibilité et du prix du produit brut sur le marché : «J’essaye à chaque fois d’obtenir des nuances uniques ; pour les réaliser, je mélange les matières et les pigments».

C’est chez lui, dans sa cuisine, transformée pendant la nuit en atelier, qu’il conçoit, élabore et magnifie ses bougies. Il a à son actif plusieurs expositions dont celles à la Galerie Mustapha Kateb à Alger et l’Hôtel Novotel à Constantine. Mais outre la notoriété qui s’acquiert en étant artiste, il est aussi question d’un autre projet, aussi laborieux que signifiant, celui de la synthèse d’un parcours multiculturel où la littérature rivalise avec l’art.

Kamel Belhocine est aussi poète. A chacune de ses œuvres, il dédie une poésie, un prélude à son projet de recueil dont il émet le vœu d’éditer. «Pendant cette année de confinement, j’ai enrichi ma collection artistique et en parallèle celle de mes proses. Je voudrai les immortaliser sous forme de recueil, ce sera l’accomplissement d’un parcours. Même la maquette est prête», se confie-t-il.

Chaque bougie finalisée est photographiée et accompagnée d’un texte qu’il a lui-même commis. Le lien, Pavé de connaissance, la genèse, la quête… sont autant d’intitulés pour transcrire une émotion, une sensation, un avis sur le cycle de la vie que la bougie incarne à merveille.

Le Lien, prose écrite le 1er janvier dernier en est une illustration : «Garder le dialogue, Garder une passerelle de secours, Garder le cœur battant, A l’écoute de l’autre, Ne jamais se sentir invulnérable, Ne jamais crier victoire avant d’y avoir concouru. Les fragiles liens qui unissent les hommes, Sont sacrés, Sont voués à la coexistence et à l’union, Sont tenus de se supporter…».


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