Un manifeste contre Infantino et les ingérences de la FIFA



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Les ingérences de la FIFA dans les affaires de la Confédération africaine de football (CAF) sont devenues monnaie courante depuis l’arrivée de Gianni Infantino à la tête de l’instance faîtière du football mondial. La dernière en date, et pas la moindre, est son immixtion directe dans le processus électoral qui débouchera sur l’élection du prochain président de l’instance continental le 12 mars à Rabat.

A la stupéfaction générale de l’opinion africaine, la FIFA a, elle-même, choisi l’homme qui conduira les affaires du football africain au cours des quatre prochaines années en l’imposant à tous au mépris de l’éthique, l’honneur, la morale et des statuts de la CAF. Le 2 mars, le président de la FIFA a invité les quatre candidats à la course à la succession d’Ahmad Ahmad à se retrouver à Rabat pour discuter de l’échéance du 12 mars.

Une fois sur place, les quatre candidats se sont retrouvés en face de leur hôte, Fouzi Lekjaa, le président de la Fédération marocaine de football, et deux conseillers de l’Italo-Helvétique qui, lui, a préféré prendre la tangente pour ne pas affronter les quatre hommes et surtout les convaincre d’adhérer à la demande qu’il a préparée, à savoir se mettre d’accord sur le nom de celui qui sera le nouveau président de la CAF, derrière lequel ils devront se ranger. L’Ivoirien Jacques Anouma a rejeté la proposition formulée par le Marocain Lekjaa, appuyée par les deux conseillers du «chauve».

L’ingérence de la FIFA était insupportable pour lui. Les trois autres candidats, Patrice Motsepe, l’élu choisi par le président de la FIFA, le Sénégalais Augustin Senghor et le Mauritanien Ahmed Yahia ont souscrit sans sourciller à la volonté du patron de la FIFA. Il y a moins de deux mois, ils avaient signé un document dans lequel ils avaient dénoncé la tentative de la FIFA de maintenir son étreinte sur la CAF, symbolisée par le souhait de maintenir la Sénégalaise Fatma Samoura, secrétaire générale de la FIFA, à la tête des affaires et de la gestion de la CAF. Cette dernière est un des éléments du puzzle que Gianni Infantino veut mettre en place à la CAF. Il veut frapper d’une pierre deux coups. Se débarrasser de la Sénégalaise et la caser à la CAF. Les dirigeants africains n’étaient pas chauds pour cette option, sauf le Sud-Africain Patrice Motsepe, que cette solution ne gênait pas.

CRIME CONTRE LE FOOTBALL AFRICAIN

Mercredi, la décision d’installer le Sud-Africain à la tête de la CAF a été annoncée par les acteurs principaux de ce grave dérapage. Ils ont presque évoqué la raison d’Etat pour justifier le crime qu’ils ont commis contre le football africain. L’annonce a soulevé une vague d’indignation sur le continent. Un collectif pour la défense du football africain (Codefa) a rapidement été mis sur pied quelques heures seulement après la réunion tenue à Rabat (1er mars 2021) pour «dénoncer la désignation directe, sans vote, par la FIFA et quelques dirigeants africains des futurs responsables de la CAF» et a lancé un «appel aux dirigeants, gouvernants, magistrats, avocats, joueurs, journalistes, hommes et femmes politiques, écrivains» pour faire barrage à cette décision humiliante pour l’Afrique.

Sans l’accord de quelques gouvernants, le président de la FIFA n’aurait jamais pu imposer ses vues aux dirigeants sportifs africains. Sans l’accord des hommes politiques qui lui ont déroulé le tapis rouge lors de son dernier périple sur le continent, il n’aurait jamais imposé sa volonté. C’est lui pourtant qui se présente comme le chantre de la défense de l’indépendance des fédérations par rapport à l’immixtion des pouvoirs publics dans les affaires du football et des associations membres de la FIFA. Il a violé les statuts de la FIFA, de la CAF et la souveraineté de l’assemblée générale de la Confédération. Il a humilié les membres des 54 associations. L’assemblée générale du 12 mars est dénuée de tout intérêt, puisqu’il a désigné avant l’heure celui qui sera le président de la CAF pour les quatre années à venir.

ATTEINTE à LA DIGNITÉ DES AFRICAINS

Les signataires du manifeste ont stigmatisé l’action de Gianni Infantino en direction du football africain en rappelant ses nombreux voyages dans les capitales africaines, ses rencontres avec les présidents et monarques de ce continent, «sous prétexte de servir la promotion des valeurs du football». Ses multiples déplacements sur le continent africain commencent à agacer sérieusement l’opinion publique africaine. Que cherche le président de la FIFA sur ce continent pour le parcourir sans arrêt ?

En réalité, en Afrique, M. Gianni fait de la politique, donne l’illusion de sauver les derniers lambeaux d’une crise latente que lui seul imagine profonde, grave, nécessitant un remède radical. Ses ingérences quasi permanentes dans la gestion du football africain sont désormais perçues comme une atteinte à la dignité des Africains, qui ne décolèrent plus de ses coupables déclarations tantôt pour tenter de convaincre du bien-fondé d’une CAN organisée tous les quatre ans, tantôt pour directement sermonner les dirigeants africains au grand jour, ou pour donner des leçons de morale à tous ceux qui bravent les multiples interdits édictés par la FIFA. Pourquoi ne l’avait-il pas fait en Europe auprès de l’UEFA et du président Aleksander Ceferin ? Auprès du cheikh Salmane et de l’AFC, en Asie ?  et ceux de la Conmebol ? de l’OFC ? de la Concacaf ? M. Gianni est lui-même gravement inculpé par la justice suisse… comment ose-t-il donner des leçons et des recommandations morales aux Africains ?

ENFANT GÂTÉ

La FIFA a imposé à la CAF en 2019 une «convention» destinée soi-disant à lui apprendre à bien travailler et envoyé envahir le siège au Caire des soi-disant «experts» italo-suisses aux méthodes obsolètes et inappropriées. Comme un enfant gâté, le président de la FIFA a boudé et claqué la porte du comité exécutif de la CAF, réuni à Rabat en janvier 2020, qui a clairement refusé une prolongation de cette même convention de la honte FIFA-CAF. Les Africains se désespèrent aujourd’hui des atermoiements, actions négatives, perpétuelles ingérences et les visions incohérentes soi-disant stratégiques du président de la FIFA et ses proches collaborateurs.

Ils ne décolèrent plus de leurs frasques en Afrique. Il y a seulement quelques jours, à Rabat, Gianni Infantino a, à nouveau, franchi la ligne rouge, et dans un exercice inédit pour un président de la FIFA, monté un horrible scénario consistant à quasiment faire «les élections de la CAF», en désignant «la nouvelle gouvernance poste par poste, 11 jours avant les vraies opérations de vote de l’assemblée générale» lit-on dans le manifeste, qui prédit «le dernier acte pourrait fort bien se jouer devant les tribunaux que vous méritez pour vos agissements. Vous devez cesser immédiatement toute ingérence dans nos affaires africaines.

L’Afrique possède des talents, des hommes et des femmes qui dépassent en qualité et en probité nombre de vos experts, nous ne voulons plus ni de vos ‘‘voyages d’amitié’’ et encore moins de vos recommandations pour nous imposer un tel ou une telle. La CAF a vécu avec dignité et honneur depuis 1957 sans vous, et elle a grandement contribué à souder la famille du football, même quelquefois en traversant des épreuves dures et pénibles. Mais c’est la rançon de la bonne expérience, celle qui naît en Afrique, qui se nourrit de nos propres valeurs et qui finit par bâtir notre socle social, culturel, identitaire.

A présent, s’il en était besoin, et si vous persistez dans votre entêtement à vouloir défier notre dignité à conduire en toute indépendance la gouvernance continentale de notre football,vous vous exposerez immédiatement à un appel massif au boycott de la mascarade élective du 12 mars à Rabat, que vous avez concoctée avec de prétendus dirigeants, hélas faibles de raison et dénués d’estime pour leur propre continent. Cette irresponsabilité de certains dirigeants africains, qui ont accepté de se soumettre au  diktat de la FIFA, nous fait honte et déshonore leurs propres pays. Mais un jour, nous guérirons de nos trahisons et soumissions et le football africain connaîtra son embellie et retrouvera son honneur perdu. C’est ce combat qui commence aujourd’hui».

L’HEURE EST A LA MOBILISATION

Le manifeste est adressé au secrétaire général de l’ONU, au président de l’Union africaine à de nombreux chefs d’Etat africains, dont Abdelmadjid Tebboune (Algérie), au roi du Maroc, aux présidents égyptien, sud-africain, ivoirien… à des footballeurs africains, Rabah Madjer, Riyad Mahrez, Roger Milla, Abedi Pelé, Sadio Mané, Mohamed Salah, Samuel Eto’o, Pierre Aubameyang, El Hadji Diouf, le président du CIO, de l’UEFA, de l’AFC ? l’OFC, la Concacaf, la Comebol, Mustapha Berraf (Acnoa), les 54 présidents des Fédérations africaines (football), à 250 journalistes africains du sport, aux agences internationales de presse, aux médias internationaux (dont quatre algériens). La mobilisation est la première du genre initiée par les rédacteurs du manifeste, et qui sera suivie par d’autres actions avant, pendant et après l’élection du 12 mars.


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