« Algérie. La seconde révolution » de Sanhadja Akrouf et Patrick Farbiaz

 « Laisser une trace pour l’avenir »



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“Algérie. La seconde révolution” est en librairie depuis le 16 février. Les auteurs de cet ouvrage de 273 pages édité par Koukou, Sanhadja Akrouf et Patrick Farbiaz, tentent d’apporter à travers des documents produits par les divers groupes d’acteurs en lutte (partis, associations, syndicats…), un éclairage sur le hirak, « révolution en cours  qui a suscité l’admiration par son caractère pacifique et son civisme.« 

Quelles sont les origines du mécontentement ?  Quelles forces animent le hirak? Quels sont les objectifs du mouvement populaire? Mais aussi ses contradictions? C’est à ces questions que Sanhadja Akrouf et Patrick Farbiaz ont voulu répondre en replaçant la crise révolutionnaire qui ébranle le régime algérien dans son contexte, soit qu' »elle survient alors que les luttes en Algérie n’ont jamais cessé contre la hogra du pouvoir et pour les libertés et la dignité du citoyen ». Aussi « par-delà les classes sociales, les générations, les différences politiques, régionales, linguistiques et religieuses, les Algériens, unis dans la diversité de leurs convictions, veulent tourner la page de l’autoritarisme pour édifier la 2ème république, celle de citoyens libres dans un Etat de droit,  » annonce l’éditeur en quatrième de couverture.

Pourquoi deux regards sur le hirak dans un même ouvrage? Pourquoi un non Algérien se sent-il impliqué par la révolution en cours en Algérie et dont l’entame a été « l’erreur fatale » commise par le système algérien et qui précipitera sa chute  en présentant un vieil homme malade  comme candidat pour un cinquième mandat. Le mandat et l’humiliation de trop que ne pouvaient supporter les Algériens.

« Si nous avons décidé finalement de publier ce livre en France et en Algérie, c’est aussi pour briser cette frontière insidieuse hérissée par deux nationalismes qui empêche la coopération entre nos deux peuples liés de manière indéfectible par l’histoire. C’est surtout pour montrer que nous sommes, tous les deux, citoyen-ne-s du monde. Et qu’en cela nous avons le droit de nous « ingérer » dans les affaires des peuples. Cette ingérence-là, nous la revendiquons. La solidarité internationale des peuples, ce n’est pas un vain mot. Nous nous sommes rencontrés dans des combats sur la Palestine, sur le droit des femmes, sur les droits sociaux en France ou ailleurs. Pourquoi ne pourrions-nous pas , ensemble, parler de l’Algérie? », expliquent les deux auteurs dans la présentation introductive de leur livre.

Sanhadja Akrouf, militante de gauche, féministe: « J’ai eu envie d’écrire ce livre dès que j’ai vu la vidéo de Brahim Lalami, le tailleur de Bordj qui dénonçait sur sa page Facebook la candidature de Bouteflika à un cinquième mandat. Ce n’est pas un hasard si le hirak a commencé dans ces villes-mémoires de la première révolution algérienne…Dès la Commune de 1871, la ville a payé le prix de son engagement. Puis le 8 mai 1945. A Sétif comme à Kherata  ou à Bordj, au moment où la victoire sur l’Allemagne nazie était célébrée dans le monde entier, le peuple se révoltait contre le pouvoir colonial. Des milliers de morts, des milliers d’emprisonnés… Née deux ans après l’indépendance de l’Algérie, j’ai grandi au sein d’une famille qui s’était battue pour l’Algérie. »… »J’ai aussi écrit ce livre parce qu’avec le hirak, j’ai retrouvé l’espoir que j’avais à 18 ans ».

Patrick Farbiaz, militant de gauche, signale que  » plusieurs obstacles se sont présentés dans l’écriture. Je ne suis pas Algérien. Je connais et je respecte le rapport sourcilleux des Algériens à tout ce qui semble être considéré comme une ingérence de près ou de loin surtout d’un ressortissant de l’ancienne puissance coloniale. Toutefois, pour moi, l’Algérie a toujours été au coeur de mon engagement…J’ai écrit ce livre parce que le hirak algérien se situe dans l’histoire des luttes populaires ».

Il observe que  « le mouvement social algérien écrit peu. Souvent les plus formés, les plus lettrés qui prennent la plume, ne sont pas nécessairement les plus représentatifs. Mais les militants qui écrivent, le font pour agir, et pas seulement pour écrire ». « Aussi, cette compilation est une photographie de dix mois de ce mouvement. C’est dire qu’on considèrera ces textes dans une triple dimension : à la fois, comme des documents et donc comme des sources d’informations historiques susceptibles de modifier la façon de concevoir le mouvement; comme des textes singuliers par lesquels une association de femmes, de jeunes, d’avocats, de syndicalistes, d’artistes exprimenr leur rapport au hirak; mais aussi et surtout comme des actes dont l’effet sur le cours des événements est attendu. »

« Faire entendre ces voix qui ont été bâillonnées »

Avec cet ouvrage sur dix mois de hirak en Algérie et en France, dans la diaspora algérienne Sanhadja Akrouf et Patrick Farbiaz ont voulu  » laisser une trace pour l’avenir« …. » Nous le faisons en France pour sensibiliser les lecteurs français à la lutte d’un peuple trop souvent stigmatisé, pour rétablir des faits, pour déconstruire des légendes racistes…. » « Pour l’Algérie, nous le faisons parce que la diaspora fait partie intégrante du peuple algérien. Nous sommes citoyens ici et là-bas. Ici en France, le code de la famille s’applique aux femmes de nationalité algérienne. Ce n’est pas de la ‘solidarité’ : nous sommes toutes et tous concernés ».

Il ne s’agit pas pour les auteurs de  donner une interprétation du mouvement mais de présenter des textes issus de celui-ci. Si « le hirak n’a pas produit beaucoup de textes collectifs émanant de la base », néanmoins « il s’exprime différemment par des slogans, des chansons, des vidéos, des affiches, des photos, des posts sur les réseaux sociaux…. » « Nous avons certainement omis de publier des textes écrits en arabe, faute de traduction. Nous avons donc conscience que ce travail n’est qu’une ébauche et ne représente qu’une part de cet immense mouvement qu’est le hirak ». « L’histoire de l’Algérie s’écrit maintenant. Trop souvent, cette histoire a été déformée et détournée. L’histoire a été instrumentalisée sur les deux rives…. Ce livre n’a que ce but. Faire entendre ces voix qui ont été bâillonnées et qui, aujourd’hui, reprennent la parole pour elles-mêmes« .

L’ouvrage se répartit en trois grandes parties. La première partie intitulée en guise d’introduction comprend les chapitres suivants : « Un itinéraire à deux voix »; « Les racines de la seconde révolution ». La deuxième partie ou « Naissance d’une révolution » subdivisée en « Les stades de football »; les « vendredires »; « Le hirak féministe : révolution dans la révolution »; « Les ‘mardires’ étudiants ». Dans la troisième partie intitulée « Le soulèvement d’une société » on retrouve : « Société civile et société politique »; « Mouvement ouvrier et hirak »; « Hirak communal »; « L’art au goût du Hirak »; « Contre la répression, pour l’Etat de droit »; « La diaspora et le Hirak » (documents); « les grandes voix de la résistance » : « Djamila Bouhired, appel à la jeunesse en lutte »; « Mohamed Harbi, L’Algérie au bord de  l’éclosion »; « M. Harbi, Face à la déclaration du 1er novembre 1954 »; « Lakhdar Bouregaa »; 3Les préalables démocratiques3.Le livre se conclut  par une chronologie politique du hirak jugée nécessaire par les auteurs pour en saisir.

Nadjia Bouzeghran

*Algérie. La seconde révolution, de Sanhadja Akrouf et de Patrick Farbiaz, Éditions Koukou, 2021, 273 pages, 800 DA.


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