«Memory-Kelthoum» de la metteuse en scène Tounès Aït-Ali 

La diva revient au théâtre ce soir



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A l’occasion de la Journée internationale du Théâtre, et en hommage à la grande dame du théâtre  algérien, Kelthoum, la pièce théâtrale « Memory-Kelthoum« , mise en scène par Tounes Aït-Ali, était à l’affiche, samedi soir, au Théâtre national algérien, à Alger. 

« Memory-Kelthoum» dont la metteuse en scène est Tounès Aït-Ali-qui n’est plus à présenter ( La Chambre jaune, L’Attente des femmes, le Michoir, Sekta, ou encore Boussadia Sound…)- est écrite par Djamila Mustapha-Zegaï et produite par la coopérative artistique du théâtre « Port-Saïd » (avec le soutien du TNA). Ainsi, l’ange de Kelthoum (1916-2010) a fait résonner et vibrer  les planches de  la salle Mustapha-Kateb du TNA. C’est un huis-clos, intimiste et feutré où Kelthoum, la diva  du  théâtre et son valet, son « nounou » se donnent la réplique. Elle jette un coup d’œil sur le rétroviseur de sa vie, sa carrière et lui, écrit et décrit les grandes dates de sa vie. Ses souvenirs, douloureux, tristes ou jubilatoires. Et ce, entre échanges enflammés, percutants, confidences, tranches de vie…

Une conversation outre-tombe très vivante et hilarante. Ressuscitant Lili Boniche et son « Alger, Alger », Dahmane El Harrachi, El Hachemi Guerrouabi… Un flash-back nostalgique, subtil de Tounès Aït-Ali, révélant les non-dits  de  Kelthoum,  de  sa  personnalité, son  personnage entier  pas du tout « fake ». Une évocation où Kelthoum se remémore  Mahieddine Bachtarzi, son « découvreur  et  protecteur », Abdelhalim Raïs, un grand homme de théâtre  (cinéma), son rôle crevant l’écran dans  le mythique Le Vent des Aurès (1966) de Mohammed Lakhdar-Hamina, son mariage précoce, à 18 ans, sa fierté d’exhiber l’emblème national en France, son refus d’incarner « la fatma », la vassale… Tounes Aït Ali a su arracher ce cri de douleur muette qui hantait Kelthoum  et  c’était très émouvant. Ce soliloque s’adressant à sa mère : « Je ne danse pas, je n’aguiche pas avec mes hanches, je fais un métier noble et honorable, le théâtre…Acceptez-moi comme je suis ! Ma mère m’a chassée du domicile familial… ».

C’était difficile, dur et âpre, dans les années 1950, d’être une femme et de surcroît, artiste. «La famille c’est le fardeau le plus lourd à porter. Si tu perds la famille, tu perds tous les repères. Comme elle le dit dans la pièce, où elle fait le choix douloureux d’être artiste, en le proclamant : ‘‘Je ne suis plus Z’hor, je suis désormais Kelthoum (l’artiste).’’ Pour moi, c’est un combat énorme…». Saluera Tounes Aï-Ali la mémoire de Kelthoum.

A propos de l’idée du projet de la pièce Memory-Keltoum, Tounes rebondira : «Je vous le dis sincèrement, j’ai vu en France le spectacle de Sarah Bernhardt qui se joue depuis 5O ans, c’est toujours le même, mais il n’y a que la comédienne qui change. Cela s’appelle Ma double vie : mémoires de Sarah Bernhardt… Bon, le CV de Sarah Bernhardt et celui de Kelhtoum diffèrent… J’ai trouvé cela énorme…».

Aussi, Tounes s’est-elle interrogée : pourquoi ne parle-t-on pas de nos piliers du théâtre de cette manière ? En voyant Ma double vie : mémoires de Sarah Bernhardt au théâtre où elle découvre le personnage (de Sarah Bernhardt) jouant avec sa nounou (nourrice). Tounes fut tellement émue et touchée par l’histoire de Sarah Bernhardt, qu’elle voulait camper ce rôle. Et elle le jouera en France. Une nouvelle adaptation au théâtre de l’Odéon, à Paris.

Parce qu’elle était tombée amoureuse du texte, de la thématique. Car elle aime l’écriture scénique. Une idée avait germé. Un projet se profilait. Alors, elle a dévoilé l’idée à son amie Zegaï-ayant officié ensemble déjà-qui écrivait et comprenait son travail en lui remettant le livre Ma double vie : mémoires de Sarah Bernhardt pour une éventuelle adaptation calée sur le personnage de Kelthoum, la diva du théâtre. Il y eut plusieurs écritures, et puis la sienne. Une réécriture à sa manière, scénique. «Memory-Kelthoum» devrait tourner à travers les salles et les théâtres régionaux. A bon entendeur !


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