Sur décision d’Alger, le CIHN algéro-français ne se tiendra pas demain

Les raisons d’un report



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Si la situation sanitaire est, selon Matignon, à l’origine du report de la visite du Premier ministre français à Alger, comment expliquer que c’est cette même situation sanitaire qui avait été avancée quelques heures plus tôt pour justifier une visite réduite dans le temps et dans la composante de la délégation gouvernementale ?

En effet, quelques heures après avoir été annoncée par Matignon pour dimanche et avec une délégation ministérielle réduite pour des considérations de Covid, la visite de Jean Castex est reportée pour les mêmes raisons.

C’est le motif officiel invoqué à Paris.

Le format réduit qui aurait mécontenté la partie algérienne au vu des importants et nombreux dossiers à traiter à la faveur de cette visite et du 5e Comité interministériel de haut niveau (CIHN) est en réalité à l’origine de ce report à une date non déterminée, avancent des sources proches du dossier. Selon des médias français citant des sources concordantes françaises et algériennes, la taille de la délégation ministérielle française, réduite à trois ou quatre membres du gouvernement en raison de l’épidémie, a été jugée insuffisante par les autorités algériennes, ce qui a entraîné cette annulation. «Le format de la délégation n’est pas à la hauteur», selon Alger, a ainsi indiqué une source française.

Le gouvernement algérien a jugé la délégation pas assez importante, la visite trop courte au vu des enjeux entre les deux pays, selon la même source. «La visite a été réduite à une seule journée et la délégation à quatre ministres. C’est un sous-format alors qu’il y avait beaucoup de dossiers bilatéraux à étudier», a confirmé une source algérienne.

La dernière fois qu’une telle réunion s’est tenue, c’était en 2017 à Paris. L’Algérie avait alors dépêché huit ministres. Et elle attendait une délégation similaire en retour. Impossible en raison de la Covid, a répondu Matignon qui a proposé de faire le déplacement en format restreint avec Jean-Yves Le Drian pour les Affaires étrangères, Gérald Darmanin à l’Intérieur, Jean-Michel Blanquer à l’Education et Bruno Le Maire à l’Economie.

Une antenne de LREM à Dakhla occupée

L’annonce rendue publique jeudi de l’installation d’une antenne de la République En marche, le mouvement d’Emmanuel Macron (LREM), à Dakhla, en territoire occupé par le Maroc, – vue par ce dernier comme un premier pas vers la création d’un consulat –, ne serait-elle pas une autre raison du report de la rencontre intergouvernementale algéro-française ? La députée du Tarn, Marie-Christine Verdier Jouclas, vice-présidente du groupe d’amitié France-Maroc et porte-parole des députés macronistes à l’Assemblée nationale, a annoncé la création prochaine par la République En Marche d’un comité à Dakhla (en territoire sahraoui occupé), en ajoutant que ce comité se situe dans «les provinces du Sud marocain» et «qui vient renforcer notre présence auprès des Français de cette zone».

La députée Verdier Jouclas et le représentant de LREM au Maghreb et en Afrique de l’Ouest, Jaoued Boussakouran, se sont engagés à se rendre à Dakhla dès que les conditions sanitaires le permettront. «A l’occasion de l’anniversaire des 5 ans de La République en Marche, nous souhaitons saluer la dynamique du mouvement au sein de notre région», ont-ils ajouté. Ils se sont réjouis «particulièrement de la création du comité de LREM à Dakhla, situé dans les provinces du Sud marocain».

Deux jours plus tôt se tenait une rencontre par visioconférence du groupe d’amitié du Sénat français avec son homologue marocain. Les deux groupes ont notamment examiné la question du «développement des territoires et la coopération décentralisée».

La territorialisation étant l’habit-alibi du projet marocain d’autonomie du Sahara occidental annexé illégalement et validé par Paris comme étant la solution au conflit opposant le Maroc et le Front Polisario. Jeudi, Jean-Yves Le Drian, ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, s’est entretenu par visioconférence avec son homologue marocain, Nasser Bourita. Le MAE français a rappelé le soutien de son pays à la recherche d’une «solution politique juste, durable et mutuellement acceptable», conformément aux résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies. Tout en rappelant que «dans cette perspective», «la France considère le plan d’autonomie marocain comme une base sérieuse et crédible».

Alors que l’Algérie défend l’idée d’un référendum d’autodétermination, qui permettrait aux populations sahraouies de dire si elles souhaitent l’indépendance ou si elles veulent être rattachées au Maroc.

Des lobbies agissants

Dans son interview à Canal Algérie, l’ambassadeur d’Algérie à Paris a dénoncé des lobbies qui «travaillent contre une entente cordiale entre l’Algérie et la France». «C’est une action qui consiste à contrecarrer tout effort de développement entre les deux pays», a-t-il expliqué, tout en affirmant qu’«aujourd’hui, l’Algérie et la France entament une nouvelle période». Le diplomate algérien faisait certainement référence outre au traditionnel lobby «nostalgérique» représenté par des pieds-noirs nostalgiques de «l’Algérie française», de l’extrême-droite et de courants de la droite, mais aussi au lobby pro-marocain très actif au sein de l’Etat français et de ses institutions. Explicitant les fondements de la diplomatie algérienne, l’ambassadeur d’Algérie à Paris a rappelé sur Canal Algérie que notre pays «a des principes en politique étrangère.

Ces principes sont le droit à l’autodétermination des peuples, la non-interférence dans les affaires intérieures des autres Etats et le respect des frontières héritées au moment de l’indépendance.» «Nous avons nos principes et nous les réaffirmons devant toutes les instances internationales, nous ne le disons pas uniquement à la France qui est un pays ami», a-t-il ajouté. Ainsi, l’annonce de l’ouverture prochaine d’un comité d’En Marche à Dakhla, à deux jours d’une visite du chef du gouvernement français ramenée à un jour avec un format ministériel réduit sont deux gestes qui ne pouvaient que mécontenter les autorités algériennes.

La visite de Jean Castex était considérée quelques heures plus tôt, côté français, comme une «nouvelle étape» du rapprochement entre la France et l’Algérie, voulu par les présidents Emmanuel Macron et Abdelmadjid Tebboune. «La visite du Premier ministre s’inscrit dans le réengagement de la relation voulu par les deux présidents», soulignait l’entourage de Jean Castex à l’Hôtel Matignon, en saluant le «contexte de réchauffement» entre les deux pays, rapportait alors l’AFP. «Les deux présidents ont engagé une reprise de la relation franco-algérienne, dans un nouveau climat de confiance. Cela devait se traduire par la reprise de contacts bilatéraux et notamment par ce CIHN», a-t-on ajouté.

Ce rendez-vous bilatéral a été programmé pour dimanche malgré la nouvelle vague de coronavirus, qui «mobilise pleinement l’Exécutif» et «complique tout déplacement international», afin de ne pas se tenir trop près des législatives anticipées prévues le 12 juin en Algérie, a-t-on indiqué encore à Matignon. La réunion avait pour but de tenir pour la première fois depuis décembre 2017 un «Comité intergouvernemental de haut niveau» (CIHN), co-présidé par Abdelaziz Djerad et son homologue Jean Castex. A son agenda des sujets d’intérêt bilatéral et régional. Rendez-vous manqué ? Simple report ? La voie vers un rapprochement entre Alger et Paris est décidément semée d’embûches.

 

Paris / De notre bureau

Nadjia Bouzeghrane


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