Transition énergétique

Chems Eddine Chitour dénonce «le grand désordre



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Le ministre de la Transition énergétique et des Energies renouvelables, le Pr Chems Eddine Chitour a lancé, hier, un véritable pavé dans la mare, en mettant à nu les contradictions et les rivalités entre le département de l’Energie et des Mines et celui de la Transition énergétique, récemment créé.

L’imbrication entre les missions des deux ministères et les chantiers communs à réaliser, en vue d’assurer l’avenir énergétique du pays, semblent donner lieu à des incohérences et des interférences qui entravent, selon le Pr Chems Eddine Chitour, l’émergence du rôle du ministère.
Invité, hier de la rédaction de la Chaîne 3 de la Radio algérienne, le ministre de la Transition énergétique et des Energies renouvelables n’a pas mâché ses mots et ses ressentiments.

Il déclarera qu’il n’est pas là «pour amuser la galerie» ou servir d’alibi. «Nous sommes partenaires avec le ministère de l’Energie, mais nous ne sommes pas là pour amuser la galerie. Le futur énergétique de l’Algérie sera renouvelable et les deux ministères doivent travailler en bonne intelligence pour faire en sorte d’utiliser les énergies fossiles, ou ce qu’il en reste, dans les meilleures conditions, sans qu’il y ait de logique sectorielle, comme nous le constatons maintenant.»

A propos de l’entité devant prendre en charge le programme de déploiement des EnR, créée en février dernier, en partenariat avec le ministre de l’Energie, «une sorte petite Sonelgaz», le ministre déclare : «Malheureusement on ne veut pas la faire vivre.» Toutefois «par la force des choses, elle va vivre et aura des ambitions», ajoute le ministre, qui estime être le seul responsable devant le président de la République en matière de renouvelable et que, de ce fait, ses décisions doivent prévaloir sur toute autre initiative. «Il n’y a pas deux pilotes dans l’avion, il y a un pilote qui est responsable devant le président de la République», clame encore Chems Eddine Chitour.

Le ministre a en outre déploré «la création intempestive» de la société Sharikat Kahraba El Djazaïr (SKE) par les groupes Sonelgaz et Sonatrach, chargée principalement de la production électrique d’origine renouvelable. «Ce qui a été fait dernièrement, je le déplore, parce qu’on a essayé de réunir trois ou quatre SKE qui ont un plan de charge fossile. Je ne sais pas quelle est la logique qui a prévalu à cette création qui a été faite de manière intempestive. J’ai moi-même demandé à Sonelgaz de m’aider à faire du renouvelable. Sonelgaz et Sonatrach doivent faire du renouvelable dans le cadre de la transition énergetique, mais sous la houlette du ministère de la Transition énergétique et selon les instructions du président de la République, dans le cadre d’un plan global, il ne s’agit pas de logique sectorielle ou personnelle», précise le ministre. Il est a savoir que la Sharikat Baraka El Djazaïr (SKE), solennellement lancée le 11 avril, est le résultat de la fusion-absorption des sociétés filiales SKD (Sharikat Kahraba Koudiet Eddraouch), SKT (Sharikat Kahraba Terga), SKB (Sharikat Kahraba Barouaghia) et SKS (Sharikat Kahraba Skikda).

Ne mâchant pas ses mots, le Pr Chems Eddine Chitour estime être seul capitaine en charge de la transition énergétique, conformément aux décisions du président de la République. «Il y a nécessite de sortir du fossile, et il faut un capitaine qui est le ministère de la Transition énergétique. Mais toutes les bonnes volontés, celles qui n’ont pas d’arrière-pensées, celles qui veulent que l’Algérie décolle, doivent être derrière le ministère.»

Tous les «organes en relation avec le secteur doivent être fédérés par le ministère», insiste encore le Pr Chems Eddine Chitour, qui cite, à titre d’exemple, le Commissariat aux énergies renouvelables et à l’efficacité énergétique (Cerefe) qui a vocation, selon lui, à s’aligner derrière le ministère de la Transition énergétique. Le Pr Chems Eddine Chitour mettra le retard accusé dans le lancement du programme des 1000 mégawatts sur le compte des interférences qui empêchent l’émergence du programme, dont la création effective de la société en charge du programme.

Annoncé pour juin, «le programme 1000 sera lancé dans l’année», indique le ministre, qui a lancé «un appel solennel à tous les gens de bonne volonté», du secteur public et privé, en vue de faire émerger le programme. A propos du partenariat étranger à envisager dans le solaire, le ministre déclare privilégier la Chine, l’Allemagne et les Etats-Unis, en axant, notamment, sur le nécessaire transfert technologique et la formation, dont la création de l’institut de la transition énergétique.

Le Pr Chems Eddine Chitour estime en outre que «la transition énergétique est l’affaire de tous les départements ministériels et de la société algérienne, et non pas uniquement celle de son département».

Précisant que depuis la création de son ministère, il y a dix mois, il a eu des entretiens avec une vingtaine de ministres, dont ceux de l’Habitat et du Transport, le ministre estime qu’il ne faut pas perdre de temps et qu’il est impératif de bannir «la concurrence au profit de la complémentarité».


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