Education

Les enseignants en colère à Oran



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H ier, les enseignants grévistes se sont encore une fois rassemblés en face du siège de l’éducation, comme ils le font quotidiennement depuis maintenant quatre semaines pour exiger l’amélioration de leur pouvoir d’achat.

La mobilisation, hier matin, a drainé plusieurs dizaines de protestataires – entre enseignants, proviseurs et corps communs –, et ce, face à un dispositif policier important, qui les a obligés à se cantonner sur le trottoir en face du siège de l’éducation pour ne pas gêner la circulation automobile. Sur les pancartes, peu nombreuses hier, nous pouvions lire : «Nous demandons l’amélioration de notre pouvoir d’achat», «La dignité des fonctionnaires de l’éducation est une ligne rouge», «Flambée des prix = révision des salaires». «ya wazir ya wazir, zouj mlayen wach dir !», s’écrieront les manifestants en chœur, comme pour signifier la précarité dans laquelle ils se trouvent et qui perdure, selon eux, depuis plusieurs années. «Nous sommes à présent dans la quatrième semaine de grève, nous a déclaré un enseignant.

Au départ, ce qui nous a incités à déclencher cette protestation, c’était le retard dans le versement des salaires. On a certes obtenu gain de cause, et nos salaires ont bel et bien été virés, mais pour ce qui est de la promesse des primes, nous les attendons toujours.» Un autre abondera dans ce sens : «Sachez qu’un enseignant débute sa carrière avec une misérable paye de pas plus de 20 000DA.

Au fil des années, elle augmente pour atteindre en moyenne 30 000 DA et il faut attendre la fin de carrière pour que l’enseignant sorte en retraite avec un salaire 50 000 DA. Cela incite nombre d’enseignats, afin de tenter de joindre les deux bouts, d’opter pour un second emploi.

Oui, certains, après les heures de cours, deviennent des taxieurs clandestins. Cela, à la longue, finit par impacter sur leur santé, autant physique que morale. Je vous laisse le soin d’imaginer la qualité des cours, et au final, lorsqu’on a affaire à un enseignant se trouvant dans une telle détresse, c’est toujours, malheureusement, l’élève qui en paiera le prix.»

Un autre, enseignant de français dans le cycle moyen, nous déclarera : «On a décidé de manifester chaque jour afin d’arracher nos revendications. Si on parle avec la langue des chiffres, un enseignant du cycle moyen touche à peu près 32 000 DA. Si vous divisez ce salaire sur le nombre de jours mensuels, vous aurez moins de 1000 DA par jour. Est-ce que c’est assez pour vivre ? Non, c’est juste assez pour survivre ! Si vous comparez ce salaire avec celui d’un simple agent de sécurité dans les sociétés pétrolières, vous vous rendrez compte que l’enseignant ne touche que la moitié de son salaire».

Concernant le reproche que beaucoup font aux enseignants, à savoir prodiguer des cours privés tout en paralysant l’enseignement institutionnel par des grèves récurrentes, nos interlocuteurs s’en défendent : «N’oubliez pas qu’enclencher un mouvement de grève n’est pas sans conséquences : en guise de représailles, le ministère nous ponctionne nos salaires, aussi, les enseignants qui donnent des cours le font aussi pour avoir quelque chose à se mettre sous la dent, dans le cas contraire, la misère serait totale.»


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