Mohamed Bourad. Consultant en tourisme

«La saison sera bénéfique pour relancer le tourisme domestique»

La levée des restrictions va-t-elle profiter au tourisme ? Sans aucun doute que la levée des restrictions va booster le tourisme cet été, la demande semble être forte du fait que les Algériens ont été privés de vacances et de voyage depuis presque 2 ans. Nous sommes dans l’expectative parce que beaucoup de voyagistes locaux semblent attendre l’ouverture des frontières Nord-Est avec la Tunisie qui va desserrer l’étau et également la levée des restrictions sur l’aérien vers les pays qui considèrent l’Algérie comme un marché : Turquie, Maroc, Egypte et l’Europe du Sud (Espagne, France, Italie).

Sinon une pression s’exercera sur la demande dans le balnéaire du fait que l’offre ne dépasse pas les 35 000 lits, devant une demande explosive malgré la cherté des prestations. Les flux externes, notamment les Algériens résidents à l’étranger, vont également doper la demande, cet été beaucoup de nos concitoyens vont renouer avec la famille plage, fêtes, rencontres et visites. Donc, dans tous les cas de figure et tous les scénarios, la saison serait bénéfique pour relancer le tourisme domestique.

-Quelles sont les offres les plus pertinentes  ?

Trois pôles font l’unanimité dans le balnéaire, le pôle Ouest composé des wilayas phare de Aïn Témouchent, Oran, Mostaganem, le pôle centre de Tipasa, Alger, Boumerdès et le troisième pôle Béjaïa, Jijel et Skikda. Les principales caractéristiques de l’attractivité de ces wilayas côtières sont l’existence d’une offre d’hébergement variée, des sites remarquables captivants, des plages, des sites naturels parcs et une offre de services acceptables, une véritable collaboration des hôteliers avec des agences pour confectionner des packs et des offres adaptés aux marchés et aux segments de la clientèle. Les offres les plus pertinentes sont des packs en demi-pension ou en pension complète avec des durées allant de 4 jours à une semaine, des offres qui varient entre 30  000 et 50 000 et même plus jusqu’à 70 000 en fonction du classement des établissements. Une offre d’hébergement HPA «Hôtellerie de plein air», le camping existe également, bien que insuffisant et non adapté aux exigences de la clientèle, les prix sont très abordables pour les jeunes et les familles nombreuses.

Il y a également une offre de L’«IRT» immobilier résidentiel touristique appelée communément «logement chez l’habitant», des appartements, des villas avec piscine et même des garages aménagés pour la circonstance où les prix varient entre 4500 DA et 12 000 DA la nuitée, une offre estimée à plus de 200 000 lits sur les 14 wilayas ayant une façade maritime, une filière investie par des agences immobilières, des sous-traitants et des bureaux d’affaires, qui gèrent un pactole estimé à plusieurs milliards. Une autre clientèle, faute de moyens financiers et une perte du pouvoir d’achat suite à la crise sociale que traverse le pays, aura la possibilité de programmer des week-ends sur la côte pour des «courts séjours» et «journées plages» pour faire plaisir aux enfants, surtout que ceci concerne toutes les wilayas de l’arrière-pays de l’Atlas et les Hauts-Plateaux. Une demande réduite se dirigera vers les montagnes, Chréa, Tikjda, Theniet El Had, Hammam Melouane, Hammam Righa pour le thermalisme.

-Quelles sont les répercussions sur les prix ?

Il est évident que les prix vont être revus du fait d’une pression de la demande juillet-août, l’offre de lits dans le balnéaire est très réduite et la demande avec les résidents à l’étranger et les Algériens habitués à passer des vacances en Tunisie, plus de 2,5 millions chaque année, semble pousser les prix vers la hausse, c’est une équation difficile à maîtriser et à gérer.

-Quel est l’état des réservations ?

Selon les échos qui nous parviennent de certains professionnels de l’hôtellerie, les réservations vont bon train pour les hôteliers, certains travaillent avec des agences et d’autres préfèrent garder leur autonomie en été du fait que la demande exerce une forte pression sur l’offre en général. Ceci permettra aux hôteliers et aux agences de renouer avec une croissance, bien que minime et éphémère, mais elle aura le mérite d’exister et de redonner espoir à une relance des saisons en 2022. Il s’agit de consolider cette tendance pour renforcer l’offre balnéaire en général, de mettre en pool agences et hôteliers sur des partenariats à long terme pour organiser la commercialisation sur toute la saison et injecter un savoir-faire en créant des plateformes spécialisées dans le B2B et le BTC. Beaucoup d’efforts doivent également être faits en matière de promotion par l’Office national du tourisme (ONT) et les organisations corporatives pour booster le tourisme interne et en faire un objectif sur le moyen et le long termes

Propos recueillis par Kamel Benelkadi