Alger-Paris, Harbi, Hadj Nacer et Mammeri



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Bien obligé de revenir sur la crise entre Alger et Paris. Encore une fois, c’est Macron, le premier, qui, par ses propos blessants sur le passé de l’Algérie d’avant 1830, est à l’origine de cette situation. N’inversons pas les rôles, et ce, quoi qu’on pense par ailleurs de la réaction officielle algérienne…
Sur cette question mémorielle qui fait débat, l’ex-gouverneur de la Banque d’Algérie, Abderrahmane Hadj Nacer, dans un entretien à TSA daté du 28 janvier dernier, faisait déjà observer que « les prises de position de l’État français par rapport à la guerre d’Algérie sont liées à la politique interne française. Ce n’est pas lié à un rapport à l’Histoire et certainement pas à un rapport à la vérité (…) L’Algérie est donc un thème récurrent de la politique française. Il est donc très important de parler de l’Algérie, tantôt positivement, tantôt négativement, tout dépend à quelle partie de la population française on s’adresse. Nous sommes davantage confrontés à des enjeux électoraux et donc cela n’a rien à voir avec l’expression d’une vérité. » Il ne faudra donc pas s’étonner que l’Algérie soit, encore une fois, au menu de la campagne présidentielle française d’avril 2022. 
Et s’il ne faut pas s’attendre à ce que la France fasse son mea-culpa sur le colonialisme, rien n’interdit que l’Algérie demande la restitution des archives détenues par la France, couvrant la période d’avant 1830 et la période coloniale de 1830 à 1962. Une autre partie des archives, importante celle-là, qui couvre la période de la guerre de Libération nationale, se trouve en Algérie et son accès reste interdit aux chercheurs : neuf d’entre eux avaient adressé d’ailleurs une lettre ouverte au chef de l’État le 25 mars dernier.(1) 
Concernant précisément l’Algérie d’avant 1830, pour Hadj Nacer, la thèse selon laquelle « la Régence d’Alger n’était pas indépendante (…) n’est pas vraie. C’est comme si on disait aujourd’hui que la France n’est pas indépendante parce qu’elle fait partie de l’Union européenne ou de l’Otan ». Preuve en est que le roi de France François 1er « a signé des accords avec la Porte Sublime » et « d’autres avec la Régence d’Alger » qui, par ailleurs, disposait d’un budget, « le Trésor d’Alger (…) chiffré par les Français eux-mêmes à 500 millions de francs de l’époque, soit l’équivalent de la moitié des revenus de la France de l’époque », que les occupants se sont accaparée. 
Toujours sur ce passé de l’Algérie antérieur à 1830, Mohamed Harbi, dans un entretien au Monde du 17 octobre, rappelle qu’il « s’agit [d’ailleurs] d’un argument qu’on trouve largement développé dans le dossier présenté par la France aux Nations-Unies lors des débats sur l’Algérie avant 1962 (…) C’était le barrage qui avait été construit pour nier le droit de l’Algérie à son indépendance. C’est cela qui fait réagir viscéralement les Algériens ». Quant au passé ottoman, voici ce qu’il en pense : « Au début du XVIe siècle, les Algériens – de l’époque – s’étaient tournés vers les Ottomans pour se protéger de l’empire de Charles Quint. L’Empire ottoman était perçu comme un empire musulman, en tout cas dirigé par des musulmans. Les Ottomans ont organisé la protection de communautés entières en leur donnant des pouvoirs de gestion. Ils leur ont certes imposé des exigences, mais qui ont été moins contraignantes qu’on ne le pense. Ils ne se sont pas attaqués à la possession de la terre, comme l’ont fait les Français. Dans le système politique ottoman, les tribus ou les administrations disposaient d’une autonomie totale. Cela a pu tenir trois siècles avec, certes, des mises au pas de temps en temps. N’oublions pas qu’il y avait un consul français à Alger. » 
Quant à l’anthropologue et écrivain Mouloud Mammeri, il était sur la même ligne. Extrait d’un document audio de l’INA (Institut national de l’audiovisuel) disponible sur Youtube : « Les Turcs, disait Mammeri, n’étaient pas sentis comme des étrangers, d’abord parce qu’ils sont musulmans, ensuite parce qu’ils s’étaient algérianisés depuis le temps de leur entrée en Algérie. Là-dessus, il y avait certainement une société à la fois urbaine et rurale avec une très vieille civilisation, un certain équilibre, une certaine intégration de cette société et, c’est cela, je crois, qui a été détruit par cet évènement capital pour la société algérienne qu’a été l’occupation coloniale.» 
À jeudi. 
H. Z.

(1) Lire à ce sujet ma chronique dans le Soir du 1er avril 2021.


Lire la suite sur Le Soir d'Algérie.

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