Voisins de palier, mais pas forcément amis



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Les islamistes en général, et leurs congénères algériens en particulier, deviennent aphones quand il s'agit de critiquer et même de commenter certaines positions de l'Arabie Saoudite. Cela se voit très clairement dans les conflits et leurs extensions armées, qui opposent la première puissance financière et idéologique arabe à ses alliés, plus ou moins sûrs et affidés. On en a des exemples frappants avec ce qui se passe avec l'Égypte et le Qatar, l'un ayant chassé les islamistes du pouvoir, à la manière de, l'autre leur ayant offert asile et soutien financier. Non content de faire cavalier seul et de se passer de la tutelle saoudienne, le Qatar garde des relations cordiales avec l'Iran chiite, ennemi numéro un des Arabes par fatwa saoudienne. Ce qui a entraîné cette mini-crise des monarchies pétrolières et la formation d'une coalition qui s'est lancée dans une guerre des mots contre le Qatar, aussi puissant par sa richesse. Le Qatar qui a fait figure, pour la galerie, de forteresse assiégée depuis 2017 avec un embargo politique, sans grandes conséquences économiques, n'a pas cédé aux injonctions de la coalition. L'émirat qui a même fait planer la menace de quitter le Conseil de coopération du Golfe (C.C.G) a finalement regagné le bercail, en reprenant, en janvier dernier, sa place au Conseil. 
Ce n'est donc pas un hasard si le Qatar et l'Arabie Saoudite se sont retrouvés tout deux en première ligne aux Nations-Unies pour défendre les positions marocaines sur le Sahara Occidental. Ce n'est pas la première fois que les Saoudiens se tiennent aux côtés du Maroc, et ce n'est pas seulement à cause de l'hospitalité légendaire du pays et des facilités qu'il offre à ses hôtes. Il ne faut pas oublier qu'en 2011 déjà, le C.C.G s'était proposé d'admettre en son sein deux autres monarchies situées hors du Golfe, dit arabe en catimini, le Maroc ainsi que la Jordanie. Si l'admission n'a pas été officiellement formalisée, il n'en demeure pas moins que la proposition n'a pas germé comme ça du jour au lendemain, mais qu'elle a été minutieusement préparée. L'une des dispositions de la charte du Conseil de coopération du Golfe prévoit ainsi l'obligation de porter aide et assistance aux États membres, y compris par une intervention militaire. A tire de rappel, la force d'intervention du C.C.G. a été déployée en 2011 à Bahreïn pour mettre fin à l'agitation populaire, animée par les chiites locaux, comme pour montrer du doigt l'Iran. Il n'est pas interdit de penser qu'une telle force armée puisse aussi intervenir aux côtés de la Jordanie qui n'en a pas besoin, ou bien pour soutenir le Maroc en perpétuel conflit de voisinage. 
Faute d'une nouvelle guerre des frontières prévisible, ce qu'à Dieu ne plaise pour rester dans la piété, on peut toujours voler au secours des amis et frères dans les assemblées générales de l'ONU. Le fait nouveau, c'est que jamais l'Arabie Saoudite n'a pris position contre l'Algérie de manière aussi frontale et dans un moment aussi délicat où la tension a atteint de tels niveaux de danger. C'est que, dans l'intervalle, il y a eu l'intermède important du mandat de Trump et l'épisode crucial des Accords d'Abraham, ou d'Ibrahim pour les puristes locaux toujours en cours. Suite à ces accords, et avec l'accord confirmé, sinon les encouragements de l'Arabie Saoudite, les Émirats arabes unis, Bahreïn, le Soudan et le Maroc ont noué des relations avec Israël. Ce sont donc quatre nouveaux États arabes qui ont établi des relations diplomatiques avec Israël, en exécution de ces accords, après l'Égypte, suite aux accords de Camp David, et le Qatar. Dans le cas spécifique du Maroc, dont les islamistes sont devenus aussi aphones que les nôtres, mais pour des raisons différentes, il faut sans doute rappeler qu'il préside le Comité Al-Quds. Théoriquement, c'est donc le roi Mohammed VI qui est le protecteur de la ville sainte, comme le roi Salmane est gardien des Lieux Saints, mais la réalité contredit encore les intentions.
Or, la judaïsation progressive des quartiers est d'Al-Quds, censés être la future capitale de l'État palestinien, le transfert de l'ambassade US et la mini-crise consulaire offrent un linceul au comité Al-Quds. À verser au dossier, les dernières déclarations du ministre saoudien des Affaires étrangères de l'Arabie Saoudite qui a affirmé que le royaume ne normalisera pas gratuitement ses relations avec Israël. Selon le très informé site d'information américain Axios, cité par la chaîne officielle US Al-Hurra, les Saoudiens auraient émis certaines conditions à la normalisation avec Israël. Le site précise que ces exigences auraient été formulées par le prince héritier Mohamed Ben Salmane au conseiller à la Sécurité nationale de la Maison Blanche, Jacques Sullivan. Al-Hurra croit savoir qu'au nombre de ces exigences figureraient des avancées sur la question palestinienne et le rétablissement des relations avec Mohamed Ben Salmane. On sait que le successeur de Trump a refusé d'avoir des contacts directs avec le prince héritier saoudien, lourdement impliqué dans l'assassinat de Jamal Khashoggi en 2018 à Istanbul.
Compte tenu de tout ce qui précède, faut-il encore s'étonner ou s'indigner de ce nouveau coup saoudien dont l'hostilité à l'égard de l'Algérie était pourtant aussi visible qu'une tache de piété? Les Saoudiens doivent sans doute se dire que nous sommes un peuple plutôt fantasque et peu sûr pour nouer des alliances durables, puisqu'après les avoir suivis fidèlement, nous traînons les pieds. Il n'est donc pas question que l'Algérie établisse des relations diplomatiques avec Israël, contrairement à ce qu'avait laissé entrevoir la rencontre de Rabat entre Bouteflika et Ehud Barak. Pas question aussi de remettre en cause les fondamentaux wahhabites, que les Saoudiens ont implantés et que nous entretenons beaucoup mieux que les jeunes pousses de nos forêts. On ne suivra donc pas de sitôt les réformes religieuses entamées par MBS qui semble avoir des visées laïques, même si on subodore que la laïcité n'y gagnera rien ou que l'islamisme y perdra. Peut-on espérer voir se démentir cet adage au pays de Saïd Djabelkhir?
A. H.

 


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