Le nettoyage promet d’être long

Les uns sont relaxés, les autres menacés du pire et les troisièmes, on se demande bien pourquoi, sont jetés en prison. Là où certains sont, totalement, oubliés et où on en laisse d’autres, pour des raisons que l’on ne dit pas, croupir volontairement au fond de leur cellule. Le moins que l’on puisse dire, c’est que l’intérêt que cela suscitait, lorsque l’on a commencé à faire la chasse aux membres de la îssaba, a perdu de son attrait. Un évènement en dégageant un autre, on a pensé que rien ne résisterait, jamais, au triomphe de la loi. Et voilà que la pandémie est venue rebattre les cartes. 
Le mal était nouveau et ce qu’il imposait comme obligations et interdits aussi. D’autres contraintes se succédant, comme celle induite par l’effondrement du pouvoir d’achat, ont détourné les regards des tribunaux et du souk que les comparutions de grosses légumes y provoquaient. Les affaires que l’on tarde, intentionnellement ou pas, à conclure finissent par perdre de leur pouvoir sur l’intérêt qu’elles suscitent au sein d’une opinion publique qui doute et bute sur les raisons qui font que les uns s’en sortent vite et pas les autres. Que de jeunes étudiants, incarcérés pour délits d’opinion quand ils militent pour, entre autres libertés, celle qui promeut les droits de l’Homme, soient traités comme de vulgaires criminels à écarter de la vie publique dont ils menaceraient la stabilité. La confusion encouragée entre ceux qui ont saigné le pays et ceux qui débattent des dérives que le système aura lui-même dénoncées contribue à enterrer le crédit et la confiance escomptés. 
Quand, trop fréquemment, quelqu’un est démis de ses fonctions pour avoir trempé dans une affaire de corruption, on en conclut que le nettoyage sera long. Que les enquêtes ont de grandes chances de durer. Les reports successifs par les juges dans certains procès pour débauche financière laissent supposer que soit les malversations ont tellement été bien menées par la îssaba qu’elles posent problème aux enquêteurs, soit qu’en traînant dessus, on va aider à faire l’impasse sur le reste. Sur ce qui contrarie le citoyen qui court, en vain, les points de vente de pomme de terre.
M. B.