Le personnel de la santé se prépare à Oran



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L’augmentation relative des cas de contamination et des hospitalisations à Oran a été suffisante pour prévenir d’une quatrième vague.

C’est précisément le cas, à titre illustratif, au CHU Benzedjeb où a été prise la décision d’externaliser, à El Kerma, un nouvel hôpital de 60 lits, et tout ce qui concerne la Covid.

«Nous étions à 180 hospitalisations lors de la troisième vague, nous avons atteint la saturation, et le chiffre a commencé à baisser jusqu’à atteindre 22, mais là nous sommes à 36 et c’est par rapport à cette nouvelle augmentation que nous avons pour notre part tiré la sonnette d’alarme», explique le Dr Khouidmi.

Ce cadre du CHU était nommé, il y a une année, coordinateur général pour la prise en charge des cas Covid. Aujourd’hui, il n’a plus ce titre, mais il précise que cette externalisation, y compris les consultations (et c’est le même cas pour l’EHU à Chtaïbo), représente une des améliorations apportées à l’organisation du système de prise en charge dans la mesure où les autres services de l’hôpital peuvent maintenant fonctionner sans interférences et s’occuper des autres malades. Le CHU a eu à gérer en son sein autant les consultations que la prise en charge des malades Covid lors de la première vague.

Le service a ensuite été fermé lorsque les cas ont baissé, mais il a été réactivé à un moment quand les contaminations sont reparties à la hausse avant de décider récemment d’une externalisation définitive. L’encadrement est assuré par le personnel du CHU grâce à un système de rotation, faisant que chacun des services met à disposition 3 à 4 médecins (assistants, résidents).

«Nous avons à faire à une pandémie, ce qui implique toujours beaucoup de malades, et malheureusement aussi des morts, et vu sous cet angle, nous n’avons aucune assurance qui nous pousserait à l’optimisme et c’est pour cela que nous devons rester vigilants», explique le même cadre sollicité pour donner son avis personnel sur l’évolution de la maladie.

A l’échelle de la wilaya, la coordination se fait à un échelon plus haut au niveau de la direction de la santé : «Nous avons réuni les grands pôles universitaires CHU, EHU ainsi que les hôpitaux d’El Mohgoun et de Aïn El Turck impliqués dans la prise en charge de la Covid pour transmettre au ministère la nature des dispositifs à mettre en place en cas où nous aurions affaire à une quatrième vague.»

QUELS TRAITEMENTS PRIVILÉGIER ?

«Par contre, nous ne savons pas encore quels seront les traitements à privilégier cette fois. Lors de la première vague nous traitions avec la chloroquine, lors de la deuxième nous avions opté pour l’azithromycine et autres antibiotiques et pour la troisième l’oxygénothérapie avec toute la tension qu’on a vécue», explique le Dr Boukhari, responsable du service communication à la direction de la santé.

Pour lui, «si on reste à l’oxygénothérapie, le problème ne se pose désormais plus à Oran, car tous les hôpitaux concernés sont dotés de générateurs d’oxygène et sont donc désormais autonomes». A cela, il faut ajouter la mise en service de la deuxième usine de production d’oxygène de Bethioua, dont la capacité est jugée importante (300 000 litres par jour) et qui permet d’éviter la tension sur ce produit tel que constaté lors de la troisième vague.

«En cas où la situation épidémique viendrait à prendre de l’ampleur, nous avons déjà, à titre préventif, réquisitionné le nouvel hôpital de Gdyel qui est équipé et où les essais ont déjà été effectués et donc prêt à accueillir les malades», ajoute le même cadre de la DSP, précisant que d’autres structures existent à Oran et peuvent être réquisitionnées et aménagées en l’espace de seulement une quinzaine de jours, comme celui de Tlelat (120 lits). Pour

l’heure, les établissements de Chtaibo et d’El Kerma restent les hôpitaux de référence et c’est la stratégie adoptée à Oran pour mieux prendre en charge les autres pathologies et éviter les désagréments enregistrés lors des première et deuxième vagues.

Aussi, pour éviter les pressions sur le personnel, le système de rotation cité plus haut a été adopté. Selon les statistiques communiquées pour l’ensemble de la wilaya, lundi on était à 124 hospitalisations, ce qui paraît peu par rapport au pic des 900 enregistré lors de la troisième vague.

Quatre malades ont été admis très récemment en réanimation, alors qu’auparavant les 120 à 140 lits disponibles avaient atteint la saturation. Les cas de contamination étaient tombés jusqu’à 10 par jour avant de remonter à 20 actuellement. On déplorait 1 à 2 décès par semaine et maintenant on en est entre 3 et 5.

Des indices qui prouvent que le combat est loin d’être gagné et que la prévention reste un facteur important à prendre en considération. «C’est une pandémie persistante», explique le Pr K. Terki, qui est médecin et chef du service d’épidémiologie et de médecine préventive. Elle considère qu’en termes de recensement des contaminations, les chiffres restent sous-estimés et qu’il y a un manque d’information et de coordination mais aussi d’implication, y compris de la part de la société civile comparé à ce qui a été constaté au début avec toute la dynamique vécue alors.

«La pandémie est toujours là, mais la mobilisation n’y est plus», estime-t-elle, déplorant par la même le fait que les épidémiologistes ne soient pas assez sollicités. Pour elle, l’épidémie est gérable en Algérie comparé aux autres pays, à condition que tout le monde s’implique, mais il faut à chaque fois anticiper pour éviter les mauvaises surprises. Son service publie une lettre d’information mensuelle épidémiologique spécial Covid contenant des détails utiles.

Djamel Benachour


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