Et sinon(2)…



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Les affiches électorales sont collées n’importe où, surtout aux endroits où il y a mouvement de foule. Je pensais qu’il y avait des endroits choisis par l’administration pour ce faire. Je crois que non. C’est du moins ce que je constate sur le terrain. Ça n’a pas l’air de gêner beaucoup de monde, habitués que nous sommes à tout type de pollution. Ihi, il y a des affiches, ici et là. C’est tout ce qui montre que les élections locales sont proches ; un 2 en 1 cette fois-ci. Je ne vois pas trop d’engouement. Je n’ai pas vu du monde s’agglutiner devant les affiches. Bien sûr, il y a quelques curieux, s’esclaffant quand ils reconnaissent une de leurs connaissances. 
Le modèle des affiches est partout le même ; des photos d’identité des candidats posées les unes à côté des autres, précisant les nom et prénom, et la profession. Parfois, il y a des photos de candidates qui manquent. Au fait, que prévoit la loi électorale, en ce sens ? Autre question : pourquoi se porter candidat quand on ne peut pas mettre sa photo ? Sur la Toile, des candidats portent leurs promesses de campagne ; devrais-je dire leur programme, quand on sait qu’il ne faut jamais promettre ce qu’on ne peut pas réaliser. Ces promesses sont généreuses, il faut le dire. Je ne doute pas de la bonne foi de ces candidats ; ils ont certainement le cœur à bien faire dans leur commune. A si3qa, ces candidats savent que les moyens doivent suivre la hauteur d’une promesse de campagne électorale. Tout le monde sait que beaucoup de communes sont déficitaires, et qu’elles passent par la perfusion de l’argent de l’État. Comment, dès lors, tenir sa promesse ? À un moment donné, l’élu doit rendre des comptes à ses électeurs, negh, c’est une vue de l’esprit. À moins que l’on cherche, à tout prix, être élu ; une fois sur le fauteuil communal, on saura toujours comment donner le temps au temps, comment remettre aux calendes algériennes les promesses de campagne, comment louvoyer avec le citoyen et comment tenir bon face à la pression, jusqu’à la fin du mandat, voire plus. 
Du temps du parti unique, ce n’est pas si loin que ça, un élu, maire de sa commune, rempile pour un second mandat. Il n’y a rien d’extraordinaire jusque-là. La campagne démarre ; notre élu tient campagne au chef-lieu de la commune, là où il y a le plus grand nombre d’habitants, donc d’électeurs. Après les salamalecs d’usage, l’hymne national, la Fatiha, notre maire, rompu aux discours, leur tient ces propos : « Je ne vais pas être long avec vous. Je sais que vous avez fort à faire. Je suis direct dans mes relations, vous me connaissez, désormais. Ihi, chers sœurs, chers frères, lors du premier mandat, j’ai travaillé pour moi ; maintenant, si vous m’élisez pour ce second mandat, je travaillerai pour vous. »
Plus direct que ça, tu meurs. Cette « blagounette » a fait fureur en son temps, où l’on passait son temps à broder des histoires sur les hommes publics. Je sais que ça n’a jamais eu lieu ; mais ça présage de la rumeur publique. Bien sûr, il y a des opportunistes parmi ces candidats ; mais, il y a également les intègres, ceux qui veulent bâtir leur commune. Malheureusement, il n’y a pas un certificat qui authentifie les uns et les autres. C’est à l’électeur, celui qui ira voter le 27 novembre, à faire le bon choix. Quant à celui qui opte pour le boycott, c’est clair, il remet en cause carrément l’option de l’élection. Le citoyen est simple dans sa demande ; il souhaite une route correcte pour circuler, de l’eau courante au robinet au quotidien, de la propreté dans les rues, une école debout et chauffée, une cantine et un transport pour les enfants, notamment en haute montagne, des élus disponibles aux doléances de leurs électeurs ; et, si possible, un projet, à la taille de la commune, pour casser un tant soit peu le chômage. Je dis simplement que le citoyen qui a choisi de se présenter à ces élections a (ses) raisons ; et celui qui n’en veut pas a également ses raisons ; aussi, tous les noms d’oiseaux que je vois circuler sur la Toile n’ont pas lieu d’être. 
Et sinon, si pour chaque problème, il faut limoger le ministre concerné et que, obligatoirement, le problème est solutionné, là, oui, il faut démettre tous les responsables. Malheureusement, ce n’est pas aussi simple que  cela. Il ne suffit pas de renvoyer un ministre pour que son secteur fonctionne idéalement. Est-ce que la communication trouvera son compte avec le limogeage du ministre concerné ? Est-ce que l’agriculture trouvera son compte avec le limogeage de son ministre ? Non, je ne le crois pas. Il faut attaquer le problème dans sa globalité pour, ensuite, aller vers le détail du détail. À ce stade, tous les ministres vont passer à la casserole. Je dis ça, je ne dis rien ; car tous voient le ministre qu’il faut à leur porte. 
Et sinon, comment faire pour faire de nos rues des endroits propres et disciplinés. Nous avons tous constaté, du moins c’est le cas à Tizi, que des commerçants mettent des objets (chaise, pierre, chaîne, brique, cageot, etc.) pour se réserver la place de stationnement, comme si, en plus du fonds de commerce, il est propriétaire du trottoir et du bout de la rue. On a assez parlé du diktat et du racket des parkingueurs, il est temps de dénoncer ces commerçants qui, arrogants, bombent le torse si, par malheur, un automobiliste a l’outrecuidance de vouloir garer face à la boutique. C’est le cimeterre et le croissant pour faire entendre raison au commerçant qui, arrogant plus que jamais, a décidé que le bout de trottoir lui appartient par extension de son fonds de commerce. Si, par bonheur, il consent à vous laisser garer, il exigera de vous de minuter le temps ; et si, par malheur, il vous arrive de tarder, vos oreilles entendront tous les noms d’oiseaux et autres volatiles. Affaire à suivre, ya kho !
Et sinon, comment expliquer que nos rues citadines sont sales ? Boukistiou, n’est-ce pas ? Chaque jour que Dieu fait, ou presque, je me tue à tuer le temps chez un ami bijoutier et horloger, lui qui, patiemment, tente de remonter le temps et de l’oindre de différents émaux, sans jamais arriver à me convaincre que se retourner sur son chemin est la meilleure gestuelle en ces temps de sinistrose. Là n’est pas la question pour aujourd’hui. Cette rue donc est sale quotidiennement ; c’est pourquoi un balayeur, qu’il vente ou qu’il pleuve, passe, tirant une poubelle à roue (comment l’appeler autrement), ramassant patiemment tous les détritus qui jonchent le trottoir et la rue ; il y a là un peu de tout ; ça va du masque anti-Covid à la boulette de chique, de la bouteille en plastique aux mégots de cigarette, des épluchures d’orange aux restes d’une pizza, et j’en passe. Cette rue est propre le temps du passage du pauvre balayeur. Puis, le citoyen (faut-il ainsi ?) salit de nouveau l’endroit. Il est de bon ton de taper méchamment sur le dos des élus et responsables locaux pour se donner bonne conscience ; alors qu’il serait plus équitable de ne pas jeter n’importe quoi sur le domaine public. Cette saleté est d’abord de la responsabilité du citoyen. Que chacun ait donc conscience de sa turpitude !
Y. M.

 


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