Leïlat El-Qadr à Ghardaïa

entre coutumes et préceptes de l’islam



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Une ambiance festive et particulière, synonyme de la nuit du 27ème jour du mois de carême, se prépare à Ghardaïa et dans ses K’Sours environnants.

A la veille du 27e jour du Ramadhan en soirée, selon les coutumes et les traditions ancestrales des Mozabites, les mères et grandes mères sortiront leurs Marmites et retrousseront leurs manches pour préparer la célèbre « Chakhchoukha, cuite au feu de bois, un plat original à base de fétus de pain sec, légumes, sauce de dattes et cuisses de poulet ».

Ça sera la fête dans l’ensemble des K’Sours, tout particulièrement pour les petits enfants de 5 à 10 ans appelés à s’aligner aux adultes pour jeuner avec beaucoup de joie le 27e jour du mois sacré, moyennant de fortes récompenses.

Durant ce jour de fête, et selon les anecdotes légendaires des Mamies, les petits enfants sont tout de même mis en garde ! « Tout enfant qui briserait intentionnellement le jeune au cours de cette journée vénérable, sera pendu sur la crête du Minaret le jour de l’Aid ».

Quant aux femmes, question d’espérer la coïncidence de Leïlat-El-Qadr et ses bienveillances, elles doivent impérativement suspendre momentanément le tissage et le travail de la laine et se consacrer exclusivement aux actes d’adorations envers « Allah » (le tout puissant), par des prières et la lecture du Saint-Coran, une antique mode qui s’est bien insérée au sein de la communauté Mozabite.

Cependant, à l’instar des autres contrées du pays, cet événement religieux coïncidera avec la clôture des concours de la meilleure récitation du Saint-Coran, concoctés dans les différentes écoles de l’enseignement des préceptes de la religion islamique et autres lieux de culture, essaimés à travers la wilaya de Ghardaïa.

Des remises d’éminentes récompenses à titre d’encouragement pour les lauréats ponctueront la clôture du Coran. Cette manifestation contribuera à l’émergence de jeunes jouissant d’un don dans la récitation des versets du Saint-Coran.

Le 27ème jour du mois de ramadhan constituera aussi au sujet principal des discussions dans les Mosquées et les foyers de Ghardaïa, notamment parmi les personnes d’un certain âge pour évoquer l’importance de cette journée. «Je doute fort que les enfants de la génération actuelle jouissent des connaissances concernant la célébration de cette nuit.

Dans le temps, les parents inculquaient à leur progéniture tout ce qu’ils ont hérité de leurs proches en matière de coutumes et us», explique Hadj Mohamed, un septuagénaire fidèle de la Mosquée ‘’Errahamat’’ du quartier Belghanem.

Cette soirée sera l’occasion pour beaucoup de familles de se regrouper selon un rituel d’antan, pour s’échanger de bons vœux et s’inviter mutuellement à venir rompre le jeûne pour ces derniers jours du mois de carême. « C’est l’occasion pour nous chaque année, à la même période, de nous réunir chez notre grand-mère. Les frères et sœurs, qui se voient rarement, s’y retrouvent ce soir-là et nous réconcilions ceux qui avaient un différend entre eux, autour du délicieux plat de ‘‘Chakhchoukha’’ », dira Abdelmadjid, ce jeune universitaire.

Rfis de Ghardaïa

Dans ‘’Errahamat’’, l’une, parmi les vitales Moquées du grand quartier Belghanem, une effervescence des grands jours régnait déjà depuis le début du Ramadhan, où les fidèles ont longuement assisté aux préceptes de l’Islam et du Ramadhan en particulier, à travers des enseignements (Dourous) de Cheikh Hadj Mohamed Korti, ancien élève du Cheikh Beyoud, chef spirituel de la communauté Ibadite d’Algérie et par d’autres enseignants religieux très aguerris dans la théologique Islamique et de la science Coranique.

Cependant, à Ghardaïa, les sept dernières nuits de Ramadhan témoignent aussi d’un afflux massif vers les mosquées. Beaucoup préfèrent profiter de ces nuits pour se rapprocher d’Allah (le tout puissant) et s’y rendent pour la prière d’El-Ichaa, les Tarawihs et Laatikaf (prières quotidiennes spécifiques de ce mois sacré). Mais c’est la veille du 27 Ramadhan que l’ensemble des Mosquées de la Wilaya de Ghardaïa affichent complet et rassemblent les plus de fidèles afin de guetter “Laylate Al-Qadr”.

Agir pour les démunis à l’approche de l’Aid

Par ailleurs, Si certains aiment sortir, d’autres préfèrent passer la soirée à la maison. Dans cette catégorie, il y a ceux, particulièrement les personnes âgées qui optent pour une haute piété en pratiquant «Quiam Allaïl» (prières de nuit), ce qui revient à faire la prière et à lire le Coran tout au long de la nuit, en attendant le S’hour.

Ainsi, le Ramadhan est surtout la seule période de l’année durant laquelle la population de Ghardaïa renaît de ses cendres en se conformant vigoureusement aux préceptes de la religion Islamique.


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