Le théâtre arabo-européen, une fusion créative



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Le critique et universitaire Lakhdar Mansouri, a dressé un état des lieux du quatrième art dans le monde arabe, en explorant ses origines, ses mutations et ses perspectives d’avenir, lors d’une rencontre organisée, vendredi soir, dans le cadre des deuxièmes journées du théâtre arabe de Sétif, à la Maison de la Culture Houari Boumediene.

Sous le thème « Le théâtre arabe : actualités et défis », Mansouri a souligné la crise actuelle que traverse le théâtre arabe. « Entre l’élitisme et l’imitation, cet art millénaire a perdu de son éclat et a parfois été relégué à un simple divertissement commercial dans certains pays arabes. Le fossé entre la scène et le public, résultant d’une communication défaillante, a transformé le théâtre en un dialogue de sourds », a-t-il précisé.

L’analyse critique de Mansouri pointe du doigt l’influence étrangère dans de nombreuses pièces de théâtre, créant ainsi une crise d’identité profonde. L’absence de soutien institutionnel aggrave la situation, le théâtre n’étant pas considéré comme un projet national et stagnant dans l’amateurisme, a-t-il expliqué.

Selon l’intervenant, le théâtre arabe souffre d’une crise d’identité profonde. « La plupart des pièces s’inspirent de thématiques étrangères et de textes déconnectés de la réalité arabe, créant un fossé entre la scène et le public », a-t-il fait savoir. Pire encore, « le théâtre n’est pas intégré dans les programmes scolaires comme une forme littéraire à part entière, privant les jeunes générations d’un pan important de leur culture », a-t-il ajouté.

Il a parlé, ensuite, des festivals de théâtre, qui devraient être des vitrines de la créativité et de l’innovation, mais se sont transformés en événements routiniers, vides de substance et de qualité. Selon lui, certaines pièces contemporaines adoptent une approche philosophique exagérée et une dimension surréaliste peu accessible au public.

Pour l’universitaire, « mélanger les éléments du patrimoine arabe avec les techniques théâtrales européennes, est une approche qui permet de préserver notre identité tout en restant au diapason des courants théâtraux modernes. De nombreux grands auteurs ont déjà emprunté cette voie avec succès, créant des œuvres d’une valeur artistique intemporelle », a-t-il souligné.

Cependant, Lakhdar Mansouri n’a pas manqué de rappeler la longue et riche histoire du théâtre arabe, qui puise ses racines dans les formes traditionnelles. Il a ensuite mis en lumière le rôle crucial joué par les pionniers du théâtre arabe moderne, tels que Maroun Naqqash, Yaacoub Sanua et Abou Khalil al-Qabbani, qui ont contribué à l’institutionnalisation de cet art dans la région.

Lakhdar Mansouri a également mis en lumière les deux naissances distinctes du théâtre arabe. La première est attribuée à Maroun Naqqash, un commerçant originaire de Sidon au Liban. Au cours de ses voyages commerciaux en Italie, il a découvert le théâtre et a été fasciné par cet art. Déterminé à le transposer dans son pays natal, il a construit un théâtre devant sa propre maison, s’inspirant de l’architecture européenne. En 1847, il a présenté sa première pièce, une adaptation du « Misanthrope » de Molière.

Lakhdar Mansouri qualifie la deuxième naissance du théâtre arabe de plus sérieuse, bien qu’elle soit née d’une imitation du théâtre européen, tant dans la forme que dans le fond.

Lakhdar Mansouri déplore le manque de reconnaissance internationale du théâtre arabe. « En dépit d’une histoire riche et d’une diversité de productions, cet art reste méconnu sur la scène mondiale. Si quelques informations ponctuelles existent dans des ouvrages spécialisés comme le Guide Oxford du théâtre et du spectacle, il n’y a pas de véritable reconnaissance de sa valeur et de son importance », a-t-il expliqué.

Loin des clichés et des idées préconçues, Lakhdar Mansouri a éclairé l’assistance sur les origines méconnues du théâtre arabe. « Sa naissance n’a pas eu lieu dans les grandes métropoles, mais plutôt dans des villes intérieures comme Mossoul en Irak. C’est dans des lieux de vie populaires, tels que les cafés en Algérie et en Syrie et les cabarets en Irak, que cet art a pris racine », a-t-il dit. Et d’ajouter : « Le comédien a assumé, également, les rôles d’auteur et de metteur en scène ».

Malgré les nombreux défis auxquels il est confronté, Lakhdar Mansouri se montre optimiste quant à l’avenir du théâtre arabe. Il a souligné l’émergence d’une nouvelle génération d’auteurs, de metteurs en scène et de comédiens talentueux qui insufflent un souffle nouveau à cet art.


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