La pièce « Anz…ul » au TNA

La folie comme ultime refuge face traumas intérieurs



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La pièce « Anz…ul » de la troupe théâtrale Itran de Takerboust de Bouira, présentée, samedi soir, au Théâtre national algérien Mahieddine-Bachtarzi (TNA), a transporté le public dans les profondeurs de l’âme d’une orpheline de la décennie noire. Ce psychodrame explore le stress post-traumatique d’une jeune femme tiraillée entre le souvenir du père assassiné et la quête de résilience.

Écrite et mise en scène par Nordjai Allache, ce psychodrame de 80 minutes met en lumière le combat de Kenza pour se reconstruire après la perte tragique de son père. Incarnée avec brio par la talentueuse Nacira Benyoucef, la protagoniste livre un récit poignant, oscillant entre la douleur du souvenir et la force de l’espoir.

Chaque matin, le même rituel. Le soleil se lève, mais pour Kenza, le temps s’est figé. Elle se réveille comme si de rien n’était, accomplissant les gestes quotidiens avec une précision mécanique. Le ménage, la routine, tout est une tentative désespérée de maintenir l’illusion d’une vie normale.

Kenza refuse de grandir. Ancrée dans l’âge où son père a été arraché à sa vie, elle se fige dans le temps, incapable d’avancer. Sa poupée en chiffon, confidente muette, devient son refuge, un miroir brisé où se reflète son innocence perdue.

Les murmures du passé envahissent son esprit, la solitude l’étouffe. Elle se parle à elle-même, dialogue avec sa poupée qu’elle a nommé Loundja, cherchant en vain une protection paternelle. L’écriture devient le seul remède capable de la sortir du tourbillon qui l’engloutit.

Présenté en dialecte Kabyle, « Anz…ul » dépasse le contexte de la décennie noire pour explorer des thématiques universelles, comme le traumatisme, le deuil et la reconstruction. La pièce invite à réfléchir aux effets dévastateurs de la violence et à la force de l’esprit humain face à l’adversité.

Le décor minimaliste et l’éclairage sombre créent une atmosphère intimiste et oppressante, reflétant le monde intérieur de Kenza. La pièce se déroule comme un huis clos émotionnel, où la jeune femme se confronte à ses souvenirs douloureux et à la réalité du deuil.

« Anz…ul » ne se contente pas de dépeindre la souffrance de Kenza. La pièce suit également son cheminement vers la guérison. À travers l’écriture et l’expression de ses émotions, elle commence à apprivoiser ses traumatismes et à envisager un avenir plus serein.

L’absence de la figure maternelle dans l’œuvre symbolise la douleur et le déni de Kenza, qui refuse d’accepter la réalité de la mort de son père. La mère représente la vérité, celle qui lui rappelle que son père ne reviendra jamais.

Par ailleurs, la pièce ne se contente pas de dépeindre la douleur de Kenza. Elle critique également la société moderne et l’impact négatif de la technologie sur la communication humaine. Cependant, le texte comporte de nombreuses répétitions, tant au niveau des mots que des phrases. Cela peut lasser le public et nuire à la dynamique de la pièce. Certaines scènes manquent d’action, ce qui peut ennuyer le public.

En marge du spectacle, le metteur en scène a expliqué au Jeune Indépendant son choix de lier cette histoire à la décennie noire. « J’ai utilisé des éléments tels que le nom Kenza, qui est la fille de Tahar Djaout, mais j’ai voulu donner à la pièce une dimension universelle. Car cette histoire pourrait se dérouler n’importe où dans le monde. Les orphelins existent partout, ce sont des situations qui peuvent survenir à tout moment, pas nécessairement durant la décennie noire ».

Concernant l’absence d’une figure maternelle, il a affirmé que « la mère symbolise la vérité. Elle lui fait comprendre que son père ne reviendrait jamais. C’est pourquoi il y a ce rejet de la mère, et c’est vrai que ce personnage est absent et effacé dans la pièce ». Et d’ajouter : « C’est aussi un hommage au père. C’est l’attachement paternel que je voulais mettre en avant, en focalisant sur l’amour d’une fille pour son père».

Quant à la critique de la technologie, Nordjai Allache dira : « Je voulais mettre en lumière le fait que nous étions capables de nous exprimer plus librement avant l’apparition du téléphone. Aujourd’hui, pour s’exprimer, il faut payer le prix ».

Selon le metteur en scène, « Anz…ul » est « un psychodrame, où le conflit n’est pas extérieur mais bien intérieur. Il s’agit d’une exploration des tourments psychologiques d’un personnage hanté par un stress post-traumatique ». Et d’ajouter : « Ce type de théâtre n’est pas nécessairement familial. En effet, la pièce a été jouée dans des lieux où le message n’a pas toujours été compris par le public. Paradoxalement, les enfants ont semblé apprécier l’œuvre et ont été intrigués par l’absence du père ».


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