Files d’attente dans les agences de la CNR

La hantise des retraités



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Au moment les responsables de la Caisse nationale des retraites (CNR) affirment poursuivre leurs efforts pour la numérisation de ses services afin de limiter les déplacements des retraités et faciliter leur quotidien, dans des agences locales, à l’exemple de celles situées à de Bougara ou Cheraga dans la wilaya d’Alger, au demeurant visitées par le Jeune indépendant, les files d’attente semblent loin d’être révolues.

Les longues attentes auxquelles sont soumis les retraités au sein de ces agences locales transforment leur quotidien en un véritable calvaire, notamment lorsque pour beaucoup la santé est chancelante. Une situation encore plus pénible au mois de Ramadan.

« Il m’a fallu presque toute une demi-journée d’attente au niveau de l’agence pour déposer un certificat de vie. Il y avait trop de monde et au niveau des guichets, ça avançait lentement », a déploré l’un des habitués de l’agence de Bougara.

« Chaque année, on dépose un certificat de vie pour ma grand-mère âgée de 88 ans au niveau de la CNR, et cette année, on nous a demandé de déposer une attestation de non-remariage. C’est de la folie ! Il va falloir me déplacer à l’APC avec deux témoins pour avoir ce document, et le déposer par la suite au niveau de la CNR. Cela va prendre beaucoup de temps », a regretté Ania, qui souligne l’importance d’alléger toutes ces procédures et faciliter la vie des personnes âgées.

La majorité des retraités notamment ceux souffrants de maladies chroniques sont les plus pénalisés par ces procédures contraignantes. «Comment qu’un vieux ou une vieille avec une maladie chronique peuvent supporter d’attendre dans une salle de la CNR lorsque son ticket est le 692 tandis que le numéro affiché à l’écran est le 378 ? », s’est interrogé Salim, 72 ans, retraité d’une banque publique.

Cette situation est également constatée dans d’autres agences où, pour retirer un document, la personne concernée doit en faire la demande et revenir le lendemain pour le récupérer. « Je ne comprends pas pourquoi sommes-nous contraints de déposer un certificat de vie et une fiche familiale en attendant des heures», a affirmé au Jeune Indépendant Fatima, 65 ans, retraitée de la fonction publique habitant à Douéra rencontrée à l’agence de Cheraga.

Contacté par le Jeune Indépendant, Bachir Hakem, de l’Organisation syndicale des retraités algériens (OSRA), a indiqué que le retraité doit avoir un rôle plus noble que celui de faire la queue ou d’être déconsidéré notamment après l’annonce des augmentations salariales qui n’ont fait que creuser de plus en plus le fossé entre le salaire d’un travailleur et la pension d’un retraité du même secteur.

Le syndicaliste a estimé que devoir déposer, chaque année, un certificat de vie est inadmissible car lorsqu’un citoyen décède et est enterré, il est enregistré automatiquement comme décédé par l’APC. Alors pourquoi la CNR n’utilise-t-elle pas les informations de l’APC, a-t-il dit.

Selon lui, si l’application de la reconnaissance faciale était opérationnelle, le retraité n’aurait pas à se déplacer à la CNR pour déposer un certificat de vie, une fiche familiale ou un extrait de naissance.

« On a numérisé la CNR et les retraités ont scanné leur carte nationale biométrique pour justement qu’ils puissent, à partir de chez eux, faire appel à la reconnaissance faciale pour prouver qu’ils sont vivants », a-t-il souligné. « Trois millions cinq cent mille certificats de vie ou extraits de vie sont utilisés, chaque année, pour être détruits par la suite, alors qu’il suffit d’une mise en œuvre du logiciel de reconnaissance faciale pour que plus de 50 % de ceux qui se déplacent à la CNR pour déposer un certificat de vie, un extrait de naissance ou une fiche familiale ne le fassent plus », a-t-il préconisé.

M. Hakem déplore le fait qu’aujourd’hui, le retraité doit faire deux files d’attente pour prouver qu’il est vivant et toucher régulièrement sa pension.
Il convient de rappeler que la CNR avait proposé à ses clients un nouveau service en ligne Tadkirati (mon ticket), leur permettant de réserver un ticket électronique en ligne. Ainsi, le retraité saurait, à distance, le temps d’attente avant de se présenter au guichet, le nombre de personnes en attente avant lui ainsi que le nombre de personnes ayant été traitées.

En lançant de nouvelles applications mobiles, elle promet d’alléger considérablement les démarches administratives des retraités, marquant ainsi une avancée notable dans l’amélioration de leur expérience utilisateur.

En dépit des avancées numériques de la CNR, visant à réduire les déplacements et l’attente dans les agences, et promettant d’améliorer significativement la qualité de vie des retraités, les anciennes pratiques et les files d’attente sont toujours d’actualité.

Si les avantages de cette transformation digitale sont nombreux, l’accompagnement et l’apprentissage du numérique est fondamental pour que nos aînés apprivoisent les nouvelles technologies. N’est-il pas nécessaire d’opter, en premier lieu, pour un travail de proximité auprès des retraités, à travers des campagnes d’information et de sensibilisation, et leur expliquer la manière d’utiliser les nouvelles applications.

Il convient de noter que la Caisse nationale des retraités a fait un pas de géant dans la transformation de ses services au numérique. Plusieurs nouvelles applications ont été lancées dans le but de faciliter le quotidien des retraités. Il s’agit, notamment, de l’application « Takaoudi », à travers laquelle le retraité a désormais la possibilité d’accéder à des services de téléassistance, tels que la fourniture de divers équipements médicaux, sans se déplacer. Il a aussi la possibilité de demander des services administratifs proposés par le programme d’assistance sociale, et ce en un clic.

La CNR a également lancé l’application mobile intitulée « RetraiteDz », disponible en téléchargement gratuit sur Google Play Store. Elle peut être installée sur n’importe quel appareil Android, offrant un bouquet de services en ligne pour faciliter le contact avec la caisse.


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