Dicko à partir d’Alger

« Le Mali est au bord du gouffre »



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L’influent imam malien, Mahmoud Dicko a déploré que son pays « soit au bord du gouffre », affirmant que les dirigeants militaires auteurs du putsch d’août 2020 conduits par le Colonel Assimi Goïta ne savent plus quoi faire.

« Il n’y a plus de sérieux dans notre pays, il n’y a plus que le mensonge. Plus personne ne peut parler car les jeunes (les colonels emmenés par Assimi Goïta) sont séduits par le pouvoir », a estimé le chef religieux dans une déclaration rendue publique ce vendredi à partir d’Alger suite à la décision des autorités militaires maliennes d’interdire les partis de toute activité politique.

« Tout ce que nous disons qui ne va pas dans ce sens est mal perçu. On a payé des gens pour me dénigrer dans les médias. Dicko ne leur a rien fait. S’ils avaient une preuve de mes manigances, ils l’auraient déjà divulguée. On me dénigre car j’ai refusé d’aider certains qui détiennent un certain pouvoir aujourd’hui. C’est ce qui m’effraie le plus », a souligné M. Dicko qui fait partie des savants érudits qui enseignent à la Grande Mosquée d’Alger aux côtés de nombreux savants religieux de plusieurs pays.

L’imam a accusé la junte au pouvoir au mali d’avoir manipulé « les jeunes pour mieux les trahir ensuite » tout en se mettant « en conflit avec la communauté internationale », soulignant que le Mali « est au bord du gouffre et les dirigeants maliens « ne savent plus quoi faire ».

Il a indiqué aussi qu’il ne pouvait souscrire à la politique du pouvoir actuel à Bamako « à cause des personnes qu’ils côtoient et de la direction qu’ils veulent donner à cette transition ».

Le chef religieux a dénoncé l’omerta instauré par les militaires maliens dans le pays. « Dès qu’une personne parle, on dit qu’elle se mêle à la politique, mais la politique n’est pas saine dans notre pays. Ai-je jamais cherché à être député, maire ou candidat à la présidence ? Non, mais je défendrai ma religion avec la dernière énergie », a-t-il dit.

Mercredi 10 avril, le pouvoir militaire au Mali a décidé d’interdire « jusqu’à nouvel ordre » toutes les activités des partis politiques et des associations à caractère civile.

Par décret, le président de la transition, le Colonel Assimi Goïta, « suspend jusqu’à nouvel ordre (…) les activités des partis politiques et les activités à caractère politique des associations » au Mali, avait indiqué un communiqué des autorités militaires.

Les autorités au Mali justifient cette décision pour « raison d’ordre public » et sécuritaire. La transition dirigée par les « Colonels » dénonce la multiplicité des « actions de subversion des partis politiques et de leurs alliés », selon le texte.

Depuis le mois de décembre 2023, cinq associations ont déjà été suspendues par le pouvoir militaire qui les accuse de « déranger » à l’image de la Coordination des Mouvements et Sympathisants de l’Imam Mahmoud Dicko (CMAS), ou encore l’Observatoire pour les Élections qui avait donné des informations contraires à celle officielle sur la tenue du référendum à Kidal.

Le jeudi 11 avril, la junte militaire a interdit aux médias de couvrir les activités des partis politiques ou de reprendre leurs communiqués ou déclarations.


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