Nour El Houda, jeune maman de 16 ans, réfugiée syrienne à Alger



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Nour El Houda* est une jeune maman. Âgée d’environ 16 ans, elle est originaire d’Alep, en Syrie. Sa famille a été massacrée dans la guerre qui fait des ravages dans le pays de Bachar El Assad. Dans un climat de guerre, seule, elle s’est mariée à un jeune syrien avec lequel elle a eu un enfant. Contraint de fuir la guerre, le jeune couple, illettré, s’est fait délivrer des passeports qui portent des anomalies. Réfugiés, ils poursuivent un long périple à travers plusieurs pays, avant qu’ils ne soient séparés : elle arrive à Alger, alors que lui est bloqué en Turquie.

Venue une première fois en Algérie en novembre 2014, la famille composée du père, de la très jeune mère et de leur nouveau-né débarque à l’aéroport de Batna. Dans cette ville au climat hivernal rude, caractérisée par des températures négatives, la petite famille de réfugiés tente de s’accrocher. Le mari de Nour El Houda a tapé à toutes les portes pour trouver un emploi et subvenir aux besoins de sa famille, en vain. Leur statut d’irréguliers ne les aide pas à l’amélioration de leur situation. « Nous avons un nourrisson, nous ne pouvons pas rester ainsi. Les gens de Batna sont sympas et accueillants, mais nous voulions avoir une situation stable », explique la jeune fille. Le jeune couple a donc pris la décision de retourner en Turquie. Ils prennent alors un vol Alger-Istanbul, loin d’imaginer qu’un cauchemar les attend sur le sol turc.

Cauchemar, quand tu nous tiens…

À l’aéroport d’Istanbul, au moment où le couple passe au contrôle de la police des frontières turques, l’un des agents retient l’adolescente de 16 ans pour une vérification de ses papiers. Éloignée de son mari, Nour El Houda panique. Les policiers turcs découvrent une anomalie dans son passeport et décident, contre toute attente, de son expulsion immédiate. « J’ai senti le sol s’ouvrir sous mes pieds. Je pouvais tout imaginer, sauf ça. J’ai supplié les policiers de me laisser parler avec mon mari pour voir s’il pouvait faire quelque chose, mais ils ont violemment refusé. J’ai alors refusé de monter dans l’avion. J’étais en sanglots, je criais au secours, mais personne n’entendait mes plaintes. Les policiers turcs ont arraché mon bébé de mes bras pour que je les suive et monte dans l’avion. Au moment où ils me l’ont pris, c’était comme s’ils m’avaient amputé d’une partie de mon corps. J’ai résisté, je demandais à voir mon mari, mais ils ont catégoriquement refusé » raconte-elle en pleurs.

« Ils m’ont alors menotté les mains et ligoté les pieds. Des agents humanitaires de l’ONU, qui étaient sur place, voulaient intervenir en ma faveur, mais les policiers turcs ne les ont pas laissés. Ils m’ont alors embarqué de force dans l’avion, sans que je ne sache où il partait », se remémore-t-elle amèrement.

« À l’intérieur de l’avion, ils m’ont restitué mon téléphone pour que je puisse informer mon mari qui m’attendait toujours à l’aéroport. Il ne savait pas encore ce qui se passait. Je l’ai appelé, je lui ai expliqué et il s’est évanoui sur place. J’ai entendu son téléphone tomber par terre, et des gens courir vers lui pour le secourir. J’ai crié de toutes mes forces, pleuré, mais personne n’était attentif à mon malheur.

Réfugiée dans les airs

L’avion décolle de l’aéroport d’Istanbul, sans que la jeune réfugiée ne puisse dire au revoir à son époux. « Je ne m’attendais pas du tout à cette séparation. Tout était chamboulé d’un seul coup ». Nour El Houda ne sait même pas où se dirige l’avion. Au bout de quelques heures l’avion se pose enfin sur le tarmac d’un aéroport au Qatar. N’y connaissant personne, Nour El Houda fait face à l’inconnu. « Les hommes sont indifférents à mon malheur. Personne ne voulait écouter mes cris de détresse. J’ai décidé de ne compter que sur le bon Dieu et d’affronter toute seule tout ce qui pouvait arriver ».

Le séjour de Nour El Houda et de son nourrisson de six mois dans cette petite monarchie du golf ne durera finalement que quelques heures. N’ayant aucun papier sur elle, elle se fait renvoyer illico presto par la police des frontières du Qatar et est embarquée dans le premier avion en partance vers la Turquie. S’ensuit alors un long mois de va et vient entre les deux pays. Le tout en transgression totale des lois internationales qui interdisent strictement l’expulsion des mineurs.

La jeune réfugiée se trouve obligée de vivre un mois dans le ciel, entre Istanbul et le Qatar, ballottée par les polices des frontières respectives. « Je prenais l’avion tous les jours, matins et soirs entre les deux pays qui m’expulsaient à tour de rôle. C’est une situation qui m’a beaucoup affectée. Bien heureusement, le personnel naviguant était très sympa. Très sensibles à mon cas, ils me ramenaient tout, nourriture, bonbons, des couches pour mon bébé. Ils m’ont même fait entrer dans leurs hôtel pour que je me repose », raconte-t-elle.

« Quand on arrivait à l’aéroport d’Istanbul, j’échangeais avec mon mari, dans la douleur, quelques instants au téléphone. Il souffre beaucoup de mon absence, et moi aussi. Nous ne pouvons même pas nous voir », dit-elle.  Cette situation ne pouvait pas durer pour la jeune maman mineure, « Mon nourrisson souffre énormément. Le bruit de l’avion l’a rendu malade. Les travailleurs humanitaires ont tout tenté pour m’extirper de cette situation, notamment le HCR de Turquie, mais sans résultat ».

La délivrance incomplète

Le dernier recours des humanitaires turcs était de solliciter le HCR algérien. Aussitôt la demande d’accueil formulée, elle est vite acceptée par les autorités algériennes. Sensibles au drame de cette maman mineure, le bureau d’Alger accepte de la recevoir et la prendre en charge.

Aussitôt rapatriée vers l’Algérie, Nour El Houda est confiée au centre de prise en charge de l’association SOS Femmes en détresse, à Alger. Dans ce centre, les séquelles des drames vécues pas cette mineure sont encore visibles sur son visage aux traits juvéniles. « J’ai vu des choses effroyables et atroces à Alep », tente-t-elle de raconter, submergée par l’émotion. Ayant perdu toute sa famille là-bas, massacrée dans les combats qui opposent les différentes factions en guerre, Nour El Houda ne souhaite plus retourner en Syrie. « Mon plus grand rêve, c’est de retrouver mon mari, actuellement bloqué en Turquie, et d’élever notre fils dans la dignité ».

Sceptique, la présidente de l’association SOS Femmes en détresse, Meriem Belala, est inquiète pour elle. « Nous pouvons la prendre en charge autant de temps qu’il le faut ici. Elle ne manquera absolument de rien. Mais sa situation administrative est compliquée. Elle n’a aucun papier sur elle », explique Meriem Belala qui souhaite que les procédures d’accueil de réfugiés en Algérie soient simplifiées.

* Le nom a été changé à la demande de la personne


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