Ultras du MCA

La face cachée des tribunes !

Les supporters du MC Alger et de l’USM Alger avaient assuré le show dans les gradins lors du derby entre les deux équipes (2-2), grâce aux Ultras il y a moins d’une semaine. C’est un véritable phénomène qui a vu le jour dans les stades depuis les années 1960 avec l’apparition des premiers Ultras en Italie, même si ceux d’Amérique latine affirment être les créateurs de ce mouvement. L’Algérie n’est pas restée à la marge et aujourd’hui de plus en plus d’équipes, des Ligues 1 ou 2, comptent leur propre groupe, voire plusieurs pour certains clubs, comme c’est le cas du MC Alger. «Le premier groupe des Ultras a été lancé en Algérie par les supporters du Mouloudia en l’an 2000. Notre objectif est de donner une force supplémentaire à l’équipe lors de ses matches. Par le passé, beaucoup accusaient les supporters mouloudéens d’être des têtes brûlées. Aujourd’hui, même si on n’a pas la prétention de changer le comportement de tous les supporters, nous estimons avoir réussi à donner une bien meilleure image du club et aussi de ses fans», nous explique un ultra du vieux club algérois, qui préfère garder l’anonymat. «De nombreux supporters viennent désormais au stade afin de voir l’animation des ultras, mais aussi pour participer à l’ambiance. Avant, dans le virage, il y avait de la tension entre les supporters. Aujourd’hui, celui qui décide de s’y installer  se doit d’être discipliné, à l’instar de tous ceux qui prennent place dans cet espace du stade», poursuit-il. Connexion Au MCA, il y trois groupes d’ultras qui activent et sont constamment connectés entre eux pour présenter le meilleur spectacle possible le jour J. A cet effet, les responsables de Verde Leone, Green Corsairs et les Twelfth player se réunissent souvent pour préparer les différents rendez-vous, notamment les derbies, mais aussi les autres confrontations, comme ce fut le cas devant l’US Tébessa en demi-finale de la coupe d’Algérie. Des réunions sont tenues périodiquement afin de dégager les différents thèmes à présenter lors des matches. Une estimation du coût de cette opération est faite et chaque groupe d’ultras doit apporter sa contribution, qui vient généralement de la cotisation des membres, mais aussi des produits vendus par les trois groupes d’ultras, comme les maillots, les écharpes et autres produits. Ce sont uniquement les responsables de chaque groupe qui participent à la confection des tifos et les différentes mosaïques. Il y a environ huit à dix responsables par groupe d’ultras. Ceci afin de garder le secret de l’opération jusqu’au bout. Universitaires Bien souvent, on essaye de coller l’étiquette de supporters violents aux membres qui composent les différents groupes d’ultras de par l’amour que ces derniers vouent à leur club. Au MCA, on s’en défend. «On trouve des universitaires, des gens qui ont une bonne situation familiale, des pères de famille qui donnent plus que leur temps pour le bon fonctionnement des groupes des ultras», ajoute notre interlocuteur. La préparation du dernier rendez-vous du MC Alger face à l’USM Alger a pris 15 jours de travail, parfois de 6h jusqu’à… 1h du matin. C’est beaucoup de temps et de sacrifices. Pour les produits, il y a ceux qui sont confectionnés ici, mais d’autres sont ramenés de l’étranger, d’Espagne, de Turquie ou du Maroc. Les trois groupes d’ultras du MCA ont des relations avec de nombreux clubs en Algérie, mais aussi à l’étranger, à l’instar des deux pays voisins, le Marocain et la Tunisie. Lors des matches, ils essayent tous de donner le meilleur d’eux-mêmes pour présenter les meilleures figures possibles et être n°1 en Algérie. Sur un autre plan, on précise que les trois groupes d’ultras n’ont rien à voir avec la direction du club ou encore les différents comités de supporters. Ils sont jaloux de leur autonomie et tiennent à ce que cela reste ainsi. Appel Par ailleurs, le travail dans les stades n’est pas toujours facile et souvent ils rencontrent beaucoup de difficultés et d’entraves pour l’accomplissement de leur tâche. «Il y a une grande différence entre nous et les voisins marocains ou tunisiens. On a énormément de difficultés pour faire entrer notre matériel le jour de match. Nous sommes des groupes apolitiques. Nous respectons nos services de sécurité, mais nous estimons que pour présenter un beau spectacle, il faut qu’on nous facilite la tâche les jours des rencontres», déclare un autre interlocuteur. Heureusement que le spectacle produit lors des matches, comme le derby MCA-USMA, fait oublier toutes ces contraintes et donne l’impression que le football algérien peut se dérouler dans une ambiance bon enfant. Le rendez-vous est déjà pris pour le 13 mai, à l’occasion de la Supercoupe d’Algérie face à… l’USMA, à la seule condition que le MCA s’impose dimanche devant le NAHD en finale de la coupe d’Algérie.