Ils venaient de partout, de tous les k’sars et de tous les quartiers populaires de la vallée du M’zab, convergeant tous vers l’esplanade du 1er Mai, emblématique lieu de Ghardaïa, où se déroulent toutes les grandes manifestations que la région a connues.
Grossissant à vue d’œil au fur et à mesure de la marche, plus d’une dizaine de processions humaines , qui ont pris le départ juste après la grande prière du vendredi, ont fait jonction devant le monument symbolisant la porte d’entrée de la ville de Ghardaïa, se transformant se en une immense marée humaine , déployant des centaines de pancartes, et brandissant l’emblème national , dont des milliers en étaient carrément drapés dedans.
Le vert, blanc et rouge étaient de loin, les couleurs dominantes de la marche au-dessus de laquelle tournoyait, à moyenne altitude, un hélicoptère de la police reconnaissable à ses couleurs bleu et blanc. Les femmes, même si au milieu de la foule étaient moins nombreuses que la semaine passée, ont quand même tenues à participer en serait ce eue par les incessants youyous qui fusaient de partout, des terrasses, des balcons, de l’intérieur des maisons et même devant le seuil de leurs portes. Par contre beaucoup d’enfants, garçonnets et fillettes, ont accompagnés leurs parents dans cette longue marche, le plus souvent drapés d’emblème national.
Encore une fois, c’est Ouyahia, suivi de Bedoui et de Lamamra qui ont été les plus conspués et « gratifiés » de tous les noms d’oiseaux. C’est quand même impressionnant de voir plusieurs processions, arriver presque au même moment au même endroit, comme des rivières qui déversent en mer, toute cette marée humaine qui s’est agglutinée devant la porte de l’esplanade du 1er Mai pour crier ensemble au régime en place d’une seule voix « dégage !!! ». Encore une fois, et comme pour toutes les marches et rassemblements qui se sont tenues à Ghardaïa depuis le 22 février, il faut rendre hommage aux services de sécurité qui ont été exemplaires dans l’encadrement et l’accompagnement des foules qui elles aussi se sont très bien comportée, en criant « Silmiya, Silmya ».
Accompagné de deux de ses enfants, un ancien cadre financier à la retraite nous aborde pour nous lancer « dites-leur que l’on ne s’arrêtera pas de marcher jusqu’à ce qu’ils s’en aillent », ajoutant « moi, je ne marche pas pour moi, ma vie est derrière moi, mais pour cette génération et pour mon pays, l’Algérie que j’espère voir libre et démocratique de mon vivant. C’est mon vœu le plus cher. » Une pluie fine commence à tremper la ville sous de gros nuages gris, annonçant “l’orage “. Même le ciel se met de la partie ….. C’est le printemps !