L’avocat et militant des droits de l’homme, Mustapha Bouchachi, a insisté sur la poursuite de la mobilisation jusqu’à la satisfaction des revendications du mouvement populaire enclenché le 22 février pour exiger le départ du système.
Il est intervenu lors du Forum des libertés organisé par la Coalition de la société civile de Tizi Ouzou (CSCT), vendredi, durant la soirée, au stade municipal de Yakouren, à 50 kilomètres à l’est de Tizi Ouzou. «Cette révolution nous a rendu la dignité et la fierté devant le monde entier qui a salué le caractère pacifique de notre mobilisation.
On doit continuer notre mouvement jusqu’au départ du système. Le peuple a fait son référendum et a dit qu’il n’y aura pas de dialogue avec l’ancien régime», a-t-il martelé avant de poursuivre qu’il est impossible d’organiser des élections dans trois mois, sauf si, a-t-il soutenu, on ne veut pas changer de système. «Il n’y a pas de pays qui est passé de la dictature à la démocratie avec la Constitution de l’ancien régime», a-t-il ajouté, tout en précisant que «le projet de ceux qui nous ont gouvernés était de détruire le pays, notamment avec la prolifération de la corruption. Le pays était géré par téléphone plus que par la loi. Tout le monde sait que c’est le frère de l’ancien Président qui nommait et dégommait les responsables».
Pour Me Bouchachi, des élections transparentes et honnêtes ne peuvent pas être organisées avec l’actuel Premier ministre, Noureddine Bedoui, qui, a-t-il déclaré, a fraudé, durant deux décennies, plusieurs fois, au profit de Bouteflika. L’orateur a aussi salué le courage des maires qui ont défié le régime en refusant d’organiser la révision du fichier électoral et de préparer l’élection du 4 juillet prochain. «Depuis 1962, il n’y a pas eu de vraies élections en Algérie. Le peuple n’a jamais choisi son Président.
Donc, il faut savoir que le 22 février, les citoyens sont sortis pour que ce peuple devienne maître des décisions», a-t-il affirmé avant de plaider pour la l’application de l’article 7 de la Constitution. L’invité de la CSCT a, en outre, suggéré l’organisation de la transition par le lancement de débats et la création d’associations et de partis politiques car, a-t-il estimé, «ceux existant ont peut-être échoué dans leur travail». D’autres intervenants ont également pris la parole lors de cette rencontre.
Salem Touat, élu à l’APC de Yakouren, a salué la reprise des débats publics autour de la transition. Kaci Rahem, du collectif des avocats de la wilaya de Tizi Ouzou, a, pour sa part, souligné que la CSCT est composée, entre autres, de représentants des médecins, de syndicats de l’éducation (Satef et Cnapest), du collectif des journalistes, de la Ligue des droits de l’homme et de travailleurs de la direction de la jeunesse et des sports. «Nous avons vu qu’il y a un manque de travail des partis politiques et nous avons pensé organiser le Forum des libertés avec les citoyens», a-t-il précisé, avant que Samir Leslous, du collectif des journalistes, ne déclare : «Les décideurs sont capables de nous mener vers un bain de sang pour sauver le système. Donc, nous devons continuer la mobilisation pour libérer la parole.»
Par ailleurs, dans une lettre adressée au chef d’état-major de l’armée, Ahmed Gaïd Salah, lue, à l’occasion, par un membre de la CSCT, il est mentionné : «L’Algérie est arrivée à une étape de son histoire qui la propulsera dans le chaos ou vers des lendemains enchanteurs. Vous avez l’immense responsabilité de la mener vers l’un ou l’autre, car vous présidez l’unique institution légale. L’Armée nationale populaire peut inscrire en lettres d’or son nom au panthéon de l’histoire de notre pays en accompagnant le peuple dans le changement qu’il ne cesse d’exiger.
Ce changement se saurait être effectif sans le départ de tous les symboles du système et l’instauration d’une période de transition démocratique qui aboutira à l’avènement d’un Etat de droit.»