Des citoyens de la ville de Tichy ont muré, hier, le bureau qui devait abriter la représentation de l’ANIE.
L’information de l’installation de l’instance au niveau local a alerté un groupe de citoyens, qui se sont retrouvés promptement devant le siège de la daïra où devait avoir lieu l’inauguration. Des dizaines de citoyens ont envahi les lieux, amenant avec eux des briques qui ont servi à la construction du muret érigé contre la porte d’entrée du siège en question.
Cette action s’est déroulée en présence d’une escouade de policiers anti-émeute dépêchés sur les lieux. Les deux parties se sont retrouvées, un moment, face à face sans que éléments des forces de l’ordre ne reçoivent l’ordre d’intervenir, au risque de provoquer des débordements. «Chef de daïra dégage !», «La hiwar, la chiwar, errahlou !» (ni dialogue ni concertation, dégagez !) ont scandé les manifestants, dont certains ont appelé à préserver le caractère pacifique de l’action. «Il n’y aura pas de vote à Tichy» s’est égosillé une voix parmi les présents.
Les éléments anti-émeute ont finalement engagé l’assaut à coups de bombes de gaz lacrymogènes contre des manifestants qui ont vu leur nombre se démultiplier avec l’arrivée des habitants des quartiers de la ville et de ses environs. «Nous sommes pacifiques, s’il y a violence, ce sera de leur part. Qu’ils assument leurs responsabilités.
Nous ne sommes pas des voyous», a averti un manifestant avant même l’entame de la construction du muret. Les premiers éléments de la police qui se trouvaient sur place se sont retirés avant que n’interviennent leurs camarades plus nombreux, pour réprimer la manifestation. Selon une source locale, la répression a fait trois blessés parmi les manifestants, trois jeunes qui ont été évacués en urgence vers l’hôpital.
Selon la même source, l’un d’eux a eu une épaule déboitée et les deux autres ont été touchés par des «balles en caoutchouc, l’un au visage et l’autre à la cuisse», assure un témoin oculaire. Le face-à-face a continué jusqu’en milieu d’après-midi.
Entretemps, les policiers ont détruit le muret fraîchement construit. Le siège était cependant gardé fermé après une tentative d’installation de la représentation de l’ANIE qui n’a fait que mettre le feu aux poudres.
D’aucuns à Tichy y ont vu une provocation dans une ville qui affiche son rejet de l’élection du 12 décembre. Ce n’est pas la première fois que des sièges destinés à la préparation du scrutin sont fermés, cadenassés ou murés en Kabylie. Aucun signe du déroulement de la campagne électorale, débutée avant-hier, n’est visible.
La manifestation de Tichy ne fait que confirmer le climat lourd et hostile à la tenue de la présidentielle qui prévaut dans la région.