Par Mohamed K. – Le président de l’Observatoire de lutte contre l’islamophobie en France fait l’objet de tirs croisés. Abdallah Zekri, connu pour son franc-parler, est victime d’une campagne médiatique acharnée depuis que ses propos, au sujet de la l’affaire dite Mila, ont été sortis de leur contexte, faisant réagir certains médias et une secrétaire d’Etat dans le gouvernement d’Edouard Philippe.
Le délégué général du Conseil français du culte musulman (CFCM) affirme ne pas comprendre cet acharnement dont les desseins malveillants sont confirmés par le black-out imposé au communiqué diffusé par l’AFP mais non repris par les médias. Ledit communiqué explique qu’en affirmant que la réaction d’Abdallah Zekri qui a soutenu, suite au comportement d’une jeune adolescente auteure de propos blasphématoires sur les réseaux sociaux, qu’elle «l’a cherché», ne concernait pas, loin s’en faut, les menaces de mort auxquelles elle a été sujette, mais le procès en justice intenté contre elle.
Le président de l’Observatoire de lutte contre l’islamophobie se défend d’avoir encouragé l’appel au meurtre lancé contre la jeune Mila et rappelle que lui-même est victime des mêmes menaces, en regrettant que la secrétaire d’Etat à l’Egalité femmes-hommes ait tenu des propos maladroits par rapport à cette affaire, qui prend des proportions inattendues. Marlène Schiappa a, en effet, réagi au quart de tour sans s’être suffisamment informée au préalable des éléments de ce quiproquo, amplifié sciemment ou involontairement par certains relais médiatiques qui ont semé la confusion en sortant les propos d’Abdallah Zekri de leur contexte, comme l’explique sans ambages le communiqué du CFCM passé sous silence.
Une autre ministre, Nicole Belloubet, garde des Sceaux, est montée au créneau pour dénoncer l’attitude de la jeune adolescente, en estimant que si les menaces contre la jeune Mila «sont inacceptables et absolument impossibles […] l’insulte à la religion est évidemment une atteinte à la liberté de conscience». La ministre rejoint ainsi Abdallah Zekri dans sa condamnation de ce blasphème qui alimente la haine sur la Toile dans une atmosphère délétère, marquée par une augmentation de plus de la moitié des actes antimusulmans en France durant l’année écoulée.
Abdallah Zekri subit un retour de flammes en raison de ses positions tranchées et sans fard sur les questions liées à l’islam. Il s’oppose à la fois aux extrémistes religieux qui recourent à la violence et ternissent l’image de l’islam, dont il défend ardemment les principes de tolérance et d’ouverture aux autres civilisations, et à une certaine classe politique qui a fait de la religion musulmane un fonds de commerce pour recruter des électeurs dans les rangs de l’extrême-droite. Ce qui lui vaut des estocades récurrentes mais «sans effet aucun» sur sa «détermination à défendre l’islam du juste milieu quoi qu’il lui en coûte», comme il le dit avec conviction profonde.
M. K.