JSK

Benzekri : «Adghigh a passé plus de 20 ans sans m’adresser la parole»



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«Matoub était plus qu’un ami pour moi»

Comment avez-vous réagi à la déclaration de Mahieddine Khalef qui avait dit que la JSK avait volé cette consécration en Coupe d’Algérie ?
C’est sa philosophie. En tous les cas, je dis toujours que la finale ne se joue pas, elle se gagne. C’est ce que nous avons fait. Maintenant, Khalef a dit cela et c’est son point de vue. Je le respecte beaucoup. Il a donné énormément pour ce grand club. Mais il est clair que lors de cette finale de 92, rien n’a été simple pour nous surtout que nous avions joué à 10. Mais l’histoire retiendra que la JSK a remporté cette Coupe d’Algérie, ce qui a fait énormément plaisir à nos supporters.  

Cette finale a été votre dernier match avec la JSK. Peut-on en connaître les raisons ?
J’avais pris ma décision avant cette finale. Ça été une année de transition qui n’a pas été facile pour moi. J’ai fait face à beaucoup de problèmes. Il y avait une énorme pression sur mes épaules. En tous les cas, c’est mon caractère. Lorsque je décide de changer d’air, rien ne peut me convaincre de revenir sur ma décision. Dès que je ne me sens plus à l’aise où que je sens que je n’ai plus les mains libres, je pars.

Aviez-vous exigé des choses à la JSK ?
Non. Tout le monde me connaît. Je suis un entraîneur qui aime beaucoup plus travailler avec les jeunes. C’est ma devise. A part ça, il n’y aucune autre exigence. Comme vous le savez, à notre époque, il n’y avait pas autant d’argent qu’aujourd’hui. Donc l’aspect financier n’a jamais été une motivation pour moi. Mais je dois dire que j’avais mon caractère aussi. Lorsque je décide un truc, je le fais.

«Je ne suis pas responsable du 7 à 0 face à l’ASEC Mimosa»

Parlez-nous de vos relations avec Matoub Lounès ?
C’était un ami pour moi, que Dieu ait son âme. C’était un véritable leader. J’avais une forte relation d’amitié avec lui. A chaque fois qu’il venait chez nous, on mangeait ensemble. Il était tout le temps présent à nos côtés. C’était un fervent supporteur de la JSK.

Comment qualifiez-vous votre parcours à la JSK ?
Tout simplement de magnifique. Ce n’est que du bonheur. Il est vrai qu’avec du recul, je n’aurais sans doute pas commis les mêmes erreurs. J’ai été parfois dur avec certains joueurs à l’image de Adghigh. D’ailleurs, il a passé plus de 20 ans sans m’adresser la parole. Une fois, on s’est croisés à Bordj Menaiel. C’est moi qui suis allé vers lui en lui disant : «Tu me tiens toujours rancune ? Tu ne va pas changer ?» C’est à ce moment là qu’il a accepté de me parler et depuis, les relations se sont améliorées. Je sais que son comportement était légitime.

Que représente pour vous la JS Bordj Menaïel ?
C’est un club que je porte toujours dans mon cœur. Au même titre que Baraki car c’est là aussi où j’ai joué puis débuté ma carrière d’entraîneur. D’ailleurs, je suis toujours en contact avec ces deux clubs. Lorsque j’ai l’occasion, je me déplace pour rencontrer certains de mes anciens joueurs.

Revenons maintenant à votre passage au CRB, plus précisément à cette lourde défaite face à l’ASEC Mimosa sur le score de 7 buts à 0. Est-ce un mauvais souvenir pour vous ?
Il est vrai que nous avons perdu par un score large face à l’ASEC mais n’oublions pas aussi que c’était la grande équipe. Il y avait les Touré et les autres. De plus, nous nous sommes déplacés avec un effectif amoindri, dans des conditions difficiles. Il y avait un problème entre le président et moi à cette époque et j’ai accepté de me déplacer en Côte d’Ivoire par respect aux supporters du CRB. Ni le président Lefkir ni les dirigeants ne se sont déplacés avec moi. De plus, on était déjà éliminés de la compétition. En tous les cas, les supporters le savent. Je me suis déplacé uniquement avec l’équipe pour ne pas laisser le banc vide. C’est tout. Mais moralement, je n’avais plus envie de continuer.

« A l’USMA, j’avais supprimé les mises au vert»

Certains ont déclaré que les joueurs avaient levé le pied. Est-ce vrai ?
Possible. En tous les cas, il y a des joueurs qui n’étaient même pas venus avec nous alors qu’ils étaient convoqués pour ce match. Je refuse de dévoiler les noms, 18 ans plus tard. Cela ne sert à rien. Maintenant si ceux qui avaient joué ont levé le pied pour me pousser à partir, moi avant ce match déjà, je n’étais plus au Chabab. Si je me suis déplacé en Côte d’Ivoire, c’est uniquement pour ne pas laisser l’équipe sans entraîneur. Sans plus.

Vous avez été contacté par le Mouloudia à l’époque de Kermali. Dites-nous comment se sont déroulées les négociations ?
C’est vrai. Au départ, j’ai dit aux dirigeants du Mouloudia que je refusais de remplacer Kermali. J’ai dit que j’accepterai cette mission uniquement si Kermali reste comme entraîneur en chef. On s’est parlés lui et moi et il a fini par accepter. Nous avons travaillé ensemble pendant une période et lorsqu’il a quitté le Mouloudia, j’ai fait de même moi aussi. Il y avait beaucoup de problèmes entre les supporters et la Sonatrach. C’était très compliqué. C’est ce qui m’a poussé à quitter le Mouloudia.

«Lorsque je décide de quitter un club, personne ne peut me faire changer d’avis»

Pour ce qui est de votre passage à l’USMA ?
A l’USMA, c’était différent. Je n’ai gardé que de bons souvenirs de ce club. J’ai pris en main l’équipe l’année de l’accession, c'est-à-dire en 1995. On avait remporté le championnat en fin de saison. J’ai pu intégrer beaucoup de jeunes joueurs, à l’image de Boumerar, Bousmati, Djahnine et bien d’autres. J’ai par la suite quitté le club avant de reprendre les commandes en 1999. J’ai discuté avec Allik et j’ai accepté de travailler de nouveau pour ce club. J’ai toujours insisté pour intégrer les jeunes car c’est eux qui poussent les seniors à toujours se donner à fond.

On ne peut pas parler des clubs algériens sans évoquer le NAHD qui reste un club très spécial pour vous. D’abord, quel sentiment avez-vous aujourd’hui en voyant ce club dans la difficulté ?
J’ai récemment appris le départ de Azzedine Aït Djoudi. Je dois dire que c’est une erreur car l’équipe a connu de nombreux changements d’entraîneurs et c’est mauvais. En principe, il devait terminer la saison. En tous les cas, cela fait plus de 5 ans que j’avais prédit cette situation catastrophique du NAHD. J’avais dit que la politique utilisée par le club à l’époque n’allait pas mener loin. Lorsqu’on a de l’argent, on investit dans les jeunes. Or, ils ont donné de l’argent à X et Y pour se retrouver fauchés aujourd’hui. C’est le cas de l’USMH cette saison qui est aux portes de la 3e Division.

«Ça fait 5 ans que j’ai dit que le NAHD allait droit dans le mur»

Trouvez-vous que trop d’argent est dépensé au niveau de nos clubs aujourd’hui ?
Beaucoup trop d’argent est dépensé inutilement. Je trouve anormal de faire une mise au vert dans un hôtel 5 étoiles. C’est de la folie. Un hôtel 3 étoiles est largement suffisant. Lorsque j’étais à l’USMA, j’avais supprimé les mises au vert pour économiser de l’argent au club. J’avais dit à Allik que les joueurs allaient dîner ensemble le soir et qu’ils rentraient chez eux pour revenir le lendemain pour jouer le match. On avait fait d’ailleurs tout un programme pour ça et les choses ont bien fonctionné.

On a appris que vous avez créé une école de formation. Pouvez-vous nous en dire davantage ?
Il s’agit d’un club de football pour une équipe féminine. Je me suis mis au terrain. J’entraîne les jeunes filles et ça se passe bien. Sauf qu’on a quelques soucis avec l’emploie du temps. Les séances d’entraînement débutent à 16h et parfois, les joueuses et les joueurs n’arrivent pas à temps. Et Dieu sait que la formation n’est pas une chose facile. Lorsque l’enfant débute la discipline, il vient avec une technique sauvage. Il faut lui apprendre à bien se tenir mais surtout lui apprendre la position de la jambe d’appui par rapport au ballon. La correction doit être minutieuse. Parfois, il faut 3 entraîneurs pour un groupe de 10 joueurs. C’est pour cette raison qu’on essaye d’être le plus près possible des joueurs pour qu’ils aient une bonne formation dès leur jeune âge. Sauf que ce n’est pas facile. On rencontre beaucoup de difficultés. Je vois parfois des clubs avec un effectif élargi mais le travail effectué lors des séances laisse à désirer.
 

 


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